Révolution française Tome 2
alternativement
les doux autres. »
Les Directeurs sont… ces républicains du « centre »…
du « Ventre », comme on disait sous la Convention.
Ils frappent les royalistes qu’ils ont écrasés le 13
vendémiaire grâce aux canons de Bonaparte.
Stofflet, le chef vendéen, est arrêté, fusillé, comme le
sera quelques semaines plus tard Charette, capturé blessé.
Mais la guerre gagnée, Hoche proclame l’« édit de
Nantes de la Vendée », autorisant partout la célébration du culte. Le
Directoire se sent si fort qu’il envisage même un débarquement en Irlande, préparé
par Hoche et Wolfe Tone, chef des Irlandais unis.
On rêve à une insurrection des Irlandais contre l’Angleterre.
On ne craint pas d’échanger la fille de Louis XVI, Marie-Thérèse,
contre des prisonniers français détenus par les Autrichiens.
Et parmi eux, Drouet, l’ancien maître de poste de
Sainte-Menehould qui avait permis l’arrestation de Louis XVI en juin 1791.
Drouet est aussitôt admis au Conseil des Cinq-Cents, et
participe à la célébration, le 21 janvier 1796 (1 er pluviôse an IV),
de l’anniversaire de la décapitation du roi place de la Révolution, devenue
place de la Concorde !
Ce jour-là « fut la juste punition du dernier roi des
Français » et Reubell ajoute : « Que les bons citoyens se
rassurent. »
Ceux qui ne sont que citoyens continuent d’avoir faim. Car
les prix des denrées, qu’on imaginait avoir atteint leurs sommets, ont encore
augmenté.
« On voit par les rues, lit-on dans un rapport de
police, un grand nombre de malheureux sans souliers, sans vêtements, ramassant
dans les tas d’ordures de la terre et autres saloperies afin de satisfaire la
faim qu’ils éprouvent. »
Mais on est las. On hait les Directeurs, les membres des
Conseils, les riches, qui affichent leur insolente et récente fortune.
« À quoi sert d’avoir détruit les rois, les nobles et
les aristocrates, dit-on, puisque les députés, les fermiers, les marchands, les
remplacent présentement ? »
Et La Gazette constate, le 25 brumaire an IV (16
novembre 1795) :
« Les événements ont desséché les cœurs ! Conseil
des Anciens, Conseil des Cinq-Cents, Directoire, c’est vers vous que se
tournent les regards de ces malheureux qui foulent de leurs pieds demi-nus la
terre humide. Adoucissez d’abord nos maux, donnez-nous des mœurs ! »
Mais comment espérer encore ? Croire en la République ?
Et mourir pour la patrie ?
On déserte les armées :
« Aller nous faire tuer pour des bougres qui nous
volent et nous affament ? »
On s’y refuse. On ne fête plus les victoires. On veut du
pain et la paix.
Mais les Directeurs souhaitent que la guerre continue.
Car on peut dans les pays conquis piller les œuvres d’art et
les caisses remplies d’or des royaumes, des principautés et des villes.
« On serait perdu si on faisait la paix », explique
Sieyès.
Le Directoire a besoin d’argent.
Ne fût-ce que pour maintenir, en dépit de la chute de l’assignat,
les indemnités des députés.
« Et l’on travaille à loger les Cinq-Cents au
Palais-Bourbon que l’on veut rendre magnifique. »
Et passant devant le Palais, les soldats va-nu-pieds, affamés
comme les plus pauvres des citoyens, murmurent :
« Les députés devraient être dans un bois et qu’on y
mît le feu. »
Les Directeurs s’inquiètent.
Barras et Reubell ont favorisé l’ouverture du club du
Panthéon, où se retrouvent autour de Babeuf les « terroristes » que
la défaite des royalistes le 13 vendémiaire a confortés.
Babeuf y est le principal orateur. Il prêche l’égalité, le
partage de la terre, le « communisme », et il développe ses idées
dans le journal qu’il anime, Le Tribun du peuple.
« Le parti se grossit considérablement, dit une note de
police, les ouvriers surtout l’embrassent avec avidité. »
Carnot est le plus déterminé à lutter contre ces « anarchistes ».
Il souligne que les « babouvistes » ne se contentent pas de prêcher
pour le « bonheur commun », mais qu’ils s’infiltrent dans la légion
de police chargée d’assurer l’ordre à Paris.
Le 5 décembre 1795 (14 frimaire an IV), il obtient que
Babeuf soit décrété d’arrestation.
Mais Babeuf, bénéficiant peut-être de la protection de
Barras, disparaît dans l’ombre de la clandestinité.
Le club du Panthéon continue de se réunir autour du Jacobin
italien
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