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Révolution française Tome 2

Révolution française Tome 2

Titel: Révolution française Tome 2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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voudraient empêcher le retour des « horreurs
d’une nouvelle révolution », mais ils craignent la restauration.
    Or, la rumeur se répand que les députés royalistes veulent « déposséder
les acquéreurs de biens nationaux ». Ne viennent-ils pas, le 7 fructidor (24
août), de révoquer les lois contre les prêtres réfractaires ?
    On assure que les royalistes préparent une « Saint-Barthélemy
des républicains ». On réviserait le procès de Louis XVI, et on enverrait
aux galères tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, avaient été complices
de la Révolution.
    Et on assure que les « droits féodaux », les aides
et les gabelles vont être rétablis.
    La police qui recueille ces rumeurs s’emploie aussi à les
diffuser !
    Et l’on prétend dans ces premiers jours de fructidor qu’un
coup de force royaliste se prépare.
     
    Le 15 fructidor, affirme-t-on, un colonel est venu proposer
aux députés royalistes de faire enlever Barras et Reubell et de les supprimer.
    Dans la matinée du 17 fructidor, un mouchard – le prince de
Carency – vient avertir Barras que les royalistes s’apprêtent à mettre les
triumvirs – Reubell, La Révellière-Lépeaux, et Barras – en accusation.
    Vrai ? Faux ?
    Barras ne peut que réagir car cette rumeur le sert. À huit
heures du soir, le 17 fructidor an V (3 septembre 1797), les triumvirs se
réunissent chez Reubell avec les ministres et le général Augereau.
    Ils vont siéger en séance permanente.
    Barras dicte une Adresse à la nation :
    « Sur les avis parvenus des dangers que courait la
République et de l’attaque que les conspirateurs royaux se proposaient de
hasarder pour égorger le Directoire et pour renverser la Constitution, le
Directoire exécutif, présents les citoyens Reubell, Révellière et Barras, s’est
constitué en séance permanente. »
     
    Les premiers ordres d’exécution sont transmis en grand
secret. Les troupes de Hoche doivent se tenir prêtes à avancer. Cinq mille
hommes de l’armée d’Italie et deux mille hommes de l’armée de Rhin-et-Moselle
sont dirigés d’urgence vers Marseille, Lyon et Dijon.
    Le service des postes et messageries est suspendu.
    On imprime des proclamations, et on commence à afficher ces
placards énormes qui reproduisent les pièces saisies par Bonaparte dans le
portefeuille rouge de D’Antraigues. Elles prouvent la trahison de Pichegru. Sont
menacés de mort tous ceux qui soutiendraient le général félon.
     
    Ce 18 fructidor an V (4 septembre 1797) vers trois heures du
matin, commence le coup d’État.
    Un coup de canon tiré du Pont-Neuf, mais si faible que les
Parisiens ne l’ont guère entendu, donne le signal de l’action.
    Les troupes envahissent les Tuileries, les quais, les ponts
de la Seine.
    Le général Ramel veut faire face aux douze mille hommes d’Augereau,
mais ses huit cents grenadiers refusent de s’opposer aux troupes « républicaines ».
    « Nous ne sommes pas des Suisses, disent-ils. Nous ne
voulons pas nous battre pour Louis XVIII. »
    Ramel est arrêté.
    Les députés présents qui refusent de quitter les lieux sont « arrêtés
tumultueusement ».
    « Te voilà, Pichegru, chef des collets noirs, chef des
brigands », lance un soldat en saisissant le général par l’épaule.
    « Chef des brigands ? Oui, puisque je t’ai
commandé », rétorque Pichegru.
    Carnot averti a réussi à s’enfuir par le jardin du
Luxembourg et la rue Notre-Dame-des-Champs.
    Reubell et Barras s’emportent.
    « Si Carnot avait été tué, dit Barras, il l’aurait été
très légitimement, parce qu’il vaut mieux tuer le diable que de se laisser tuer
par lui… »
    Barthélémy, le dernier des Directeurs, est arrêté dans son
Ut :
    « Vous êtes un traître et mon prisonnier », dit l’officier
qui l’entraîne.
    Barthélémy refuse de démissionner. On le conduit à la prison
du Temple et de là vers le bagne de Guyane.
     
    Les royalistes qui avaient espéré réunir au moins quinze
cents hommes pour résister ne se retrouvent qu’à treize…
    Dès lors, les violences sont limitées à quelques bousculades,
à quelques soufflets.
    Augereau a arraché les épaulettes du général Ramel, lui a
serré la gorge puis l’a giflé.
    Pichegru qui s’est débattu a été emmené, roué de coups.
    Les députés qui protestaient ont été arrêtés.
    Un officier leur a lancé :
    « La loi, c’est le sabre. »
    Et ils sont conduits à la

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