Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Révolution française Tome 2

Révolution française Tome 2

Titel: Révolution française Tome 2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
Vom Netzwerk:
prison du Temple.
    Le Directoire va réunir les députés fidèles, dans la salle
de l’Odéon, pour les Cinq-Cents, et dans l’École de médecine pour les Anciens.
    Et ce sont les grenadiers du Directoire qui, félicités, vont
assurer le service d’ordre.
     
    Vers cinq heures du soir, une petite bande de trois cents
hommes « armés de piques, les bras retroussés, brandissant des sabres, blasphémant
le Ciel et Pichegru, traînant trois pièces, deux de canon et une d’eau-de-vie
et hurlant d’une manière effrayante la chanson dénommée La Marseillaise  »,
venant des faubourgs, traverse le Pont-Neuf et arrive au palais du Luxembourg.
    Le Directoire leur fait jeter une cinquantaine de louis. Et
ils regagnent les faubourgs, accompagnés par la police qui a sans doute suscité
la manifestation.
     
    Le coup d’État du 18 fructidor an V (4 septembre 1797) n’a
pas eu besoin du peuple pour réussir.
    Dès le 5 au soir, les barrières de Paris sont rouvertes. Les
Postes et Messageries reprennent leur service interrompu. Les Conseils votent d’urgence
deux lois. La première proclame que le général Augereau et les braves défenseurs
de la liberté ont bien mérité de la patrie. La seconde que les troupes peuvent
franchir le périmètre constitutionnel et entrer dans Paris.
    Où le calme règne.
     
    Les vainqueurs, Barras, Reubell, La Révellière-Lépeaux, et
les députés hostiles aux royalistes et aux clichyens, ont les mains libres.
    « La loi, c’est le sabre », avait dit un officier.
    C’est cette règle qui est appliquée au nom de la « conservation
de la Constitution ».
    Point besoin de s’embarrasser de procédures judiciaires.
    « L’esprit public est trop mauvais, dit Boulay de la
Meurthe, membre du Conseil des Cinq-Cents qui fut l’ami de Camille Desmoulins. La
force est pour nous en ce moment. Profitons-en. »
    Et à la tribune, il martèle sa conviction :
    « Vous devez sentir que les formes lentes, purement
judiciaires, ne peuvent avoir lieu en ce moment. Vous, les vainqueurs aujourd’hui,
si vous n’usez pas de la victoire, demain le combat recommencera mais il sera
sanglant et terrible. »
     
    Ainsi, les anciens Jacobins retrouvent le ton de l’an II.
    Au Conseil des Anciens, le général Marbot déclare :
    « Nous n’avons pas besoin de preuves contre les
conspirateurs royalistes. »
    Les soldats, présents dans les tribunes, acclament ses
propos, crient : « Allons le pas de charge. »
    Et Barras, au nom des Directeurs, envoie un message aux
députés :
    « On vous parlera de principes, on cherchera des formes,
on voudra des délais. Quel sentiment funeste ! »
     
    Il s’agit de voter des lois de proscription, d’annuler les
élections dans quarante-neuf départements, donc de démettre cent quarante
députés (quarante-cinq des Anciens, quatre-vingt-quinze des Cinq-Cents).
    Et de condamner à la déportation et à la confiscation de
leurs biens onze membres des Cinq-Cents et quarante-deux des Anciens.
    Les lois contre les émigrés et les prêtres réfractaires sont
remises en vigueur : et un arrêté individuel du Directoire suffit pour
condamner à la déportation.
    On exige des électeurs, des citoyens – et des prêtres –, qu’ils
prêtent un « serment de haine à la royauté et à l’anarchie, d’attachement
et fidélité à la République et à la Constitution de l’an III ».
    La presse est placée sous surveillance. On supprime
quarante-deux journaux dont six en province.
    Et le Directoire se donne le pouvoir d’en déporter « les
propriétaires, entrepreneurs, directeurs, auteurs et rédacteurs… » !
    Ainsi, la presse « contre-révolutionnaire »
disparaît.
     
    La Constitution de l’an III n’est plus que le paravent de la
dictature des Directeurs.
    Barras est réellement le « roi de la République ».
    Et la « guillotine sèche » – le bagne de la Guyane
– fait silencieusement son office.
    Des commissions militaires condamnent à la déportation trois
cent vingt-neuf « coupables de trahison », dont cent soixante-sept
périront. Mais La Révellière-Lépeaux peut écrire que la « glorieuse
journée du 18 fructidor s’était passée sans qu’une goutte de sang ne fût
répandue ».
     
    Le Directoire continue, en l’an VI, et en l’an VII, à
condamner à la déportation.
    Il s’agit d’écraser la tête du « serpent royaliste ».
Et le Directoire paraît si fort que Londres rappelle son

Weitere Kostenlose Bücher