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Révolution française Tome 2

Révolution française Tome 2

Titel: Révolution française Tome 2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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mêmes qui, comme Fouché à Nevers, font inscrire
sur la porte du cimetière : « La mort est un sommeil éternel. »
    Ce sont les mêmes qui, athées, rejettent l’idée de l’Être
suprême, en présence duquel a été proclamée la Déclaration des droits de l’homme.
    Robespierre s’insurge.
    « Tout meurt, dit-il, les héros de l’humanité et les
fripons qui l’oppriment, mais à des conditions différentes. »
    Il n’approuve pas cette déchristianisation, qui balaie la
nation.
    On a déposé le corps de Descartes au Panthéon. Soit ! C’est
le règne de la raison.
    Mais le conventionnel Gilbert Romme a fait adopter un
calendrier révolutionnaire.
    L’année, qui commence le 22 septembre – jour anniversaire de
la proclamation de la République –, est divisée en douze mois de trente jours, plus
cinq ou six jours complémentaires, et chaque mois se compose de trois décades
de dix jours.
    Et les noms des mois, proposés par Fabre d’Églantine, évoqueront
les saisons : vendémiaire, brumaire, frimaire pour l’automne. Pour l’hiver
nivôse, pluviôse, ventôse. Pour le printemps germinal, floréal, prairial. Pour
l’été messidor, thermidor, fructidor.
    Robespierre écrit sur son carnet : « ajournement
indéfini du décret sur le calendrier ».
    Il craint que ces déchristianisateurs ne soient des « fripons
stipendiés ».
    Leurs mesures extrêmes – le conventionnel Rühl brise la
Sainte Ampoule dans la cathédrale de Reims ; les presbytères sont donnés
aux écoles et aux pauvres ; on change le nom des villes : Saint-Malo
devient Port-Malo ; on ferme les églises, on ne salarie plus les prêtres
constitutionnels – peuvent choquer le peuple.
     
    Marie-Joseph Chénier, auteur dramatique, député à la
Convention, à qui l’on doit Le Chant du départ , aussi souvent entonné
que La Marseillaise, propose de substituer au catholicisme la religion
de la patrie.
    Et la Convention approuve, décide que le buste de Marat sera
placé dans la salle des séances, comme celui du plus glorieux des « martyrs
de la liberté ».
    Le 10 novembre 1793, est célébrée la fête de la Liberté et
de la Raison à Notre-Dame. Une femme vêtue de tricolore, assise sur l’autel, symbolise
la liberté, et Notre-Dame se nommera désormais le Temple de la Raison.
    Robespierre s’inquiète :
    « Le fanatisme est un animal féroce et capricieux, dit
Maximilien. Il fuyait devant la raison. Poursuivez-le avec de grands cris, il
retournera sur ses pas. »
    Et Maximilien affirme son déisme :
    « L’athéisme est aristocratique, lance-t-il. L’idée d’un
grand Être qui veille sur l’innocence et qui punit le crime triomphant est
toute populaire. »
    Et d’ailleurs « nous n’avons plus d’autre fanatisme à
craindre que celui des hommes immoraux, soudoyés par les cours étrangères ».
     
    Mais le mouvement de déchristianisation s’amplifie en dépit
de Robespierre.
    Chaumette et Cloots, le riche étranger, patriote, député à
la Convention, mais suspect d’être l’un des corrupteurs, animateur de ce « complot
de l’étranger », s’en vont trouver l’évêque constitutionnel de Paris, Gobel,
afin qu’il abjure devant la Convention « tout ce qu’il a professé
hautement durant quarante années ».
    « Le bonhomme a mis bas sa crosse, sa mitre, sa chape… Il
a été couvert d’applaudissements par cette assemblée qui l’a affublé du bonnet
rouge. Aussitôt tous les députés prêtres ont couru à l’envi à la tribune, faire
la même abjuration. »
    L’abbé Grégoire seul a résisté, refusant et d’abjurer et de
se coiffer du bonnet rouge.
    « Le peuple de Paris s’est jeté sur les églises, les a
spoliées, dégradées en peu de jours. »
    « J’ai vu passer dans la rue Dauphine les dépouilles de
l’abbaye de Saint-Germain, écrit Ruault, le libraire voltairien, tout à coup
scandalisé et effrayé par ce qu’il voit.
    « Cérémonie burlesque : cent gredins marchaient en
procession de carnaval, couverts de chapes, de chasubles, de dalmatiques, d’étoles.
Au milieu de la rue marchaient deux douzaines d’ânes couverts de chapes mortuaires,
portant dans des paniers les chasses, les croix, les calices, les ciboires d’or
et d’argent et tout cela accompagné de gestes ridicules, de jurons, de maudissons,
de propos de halles.
    « Nous avons vu ce que jamais on n’avait vu sur terre :
la religion détruite par la populace et par

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