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Révolution française Tome 2

Révolution française Tome 2

Titel: Révolution française Tome 2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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maître de
lui, pâle et amaigri.
    Exalté aussi par l’ampleur de la tâche.
    « Qui de nous ne sent pas s’agrandir toutes ses
facultés, dit-il.
    « Qui de nous ne croit pas s’élever au-dessus de l’humanité
même en songeant que ce n’est pas pour un peuple que nous combattons mais pour
l’univers, non pour les hommes qui vivent aujourd’hui mais pour tous ceux qui
existeront. »
     
    Il mène donc le combat du Bien contre le Mal.
    « A-t-on réfléchi à notre position ? Onze armées à
diriger, le poids de l’Europe entière à porter ; partout des traîtres à
démasquer, des émissaires soudoyés par l’or des puissances étrangères, des
administrations infidèles à surveiller, à poursuivre, tous les tyrans à
combattre. »
    Les adversaires, les ennemis, ne peuvent être que « des
scélérats couverts de honte et de mépris ».
    « Celui qui cherche à avilir, à diviser, à paralyser la
Convention est un ennemi de la patrie… Qu’il agisse par sottise ou par
perversité ; il est du parti des tyrans qui nous font la guerre. »
    Et point de pitié pour lui.
    « Il faut que les monstres soient démasqués, exterminés,
ou que je périsse », clame Maximilien.
    Il a le sentiment que les suspects grouillent et conspirent
autour de lui, contre la nation et la République.
    Il y a ces étrangers suspects qui vivent en France, accourus
de toute l’Europe.
    « Ce sont les étrangers si patriotes qui sont les
artisans de tous nos maux… Tous ont été les agents du despotisme. Il n’en faut
épargner aucun. »
    Et souvent ces étrangers font profession d’athéisme, veulent
« déchristianiser » la France. Et dans un entrelacs d’intrigues, les
mêmes hommes – Cloots, Proli : des étrangers – sont athées, corrompus et
corrupteurs, compromis dans les scandales financiers où l’on retrouve aussi des
proches de Danton -Chabot, Basire.
    On découvre que la Compagnie des Indes verse cinq cent mille
livres aux députés pour échapper au fisc.
    Et les dénonciations des uns par les autres, et vice-versa, arrivent
à Robespierre, « l’incorruptible », et Fabre d’Églantine lui-même, ami
de Danton, évoque un « complot de l’étranger ».
    Sur quelles nuques va s’abattre le couperet de la guillotine ?
Quelles têtes vont se « mettre à la fenêtre » ?
     
    Robespierre, poudré et impassible, lunettes relevées sur son
front, observe, note, soupçonne tous ceux qui, Enragés, hébertistes, corrompus,
affaiblissent à ses yeux l’unité de fer de la Convention, du Comité de salut
public, s’écartent de la ligne tracée par ce Comité qu’un seul mot résume :
« vaincre ».
    Vaincre les ennemis de la Révolution, de la nation, de la
République. Vaincre à tout prix.
     
    Il y a ceux, comme Hébert dans Le Père Duchesne, qui
ne cessent de tonner contre les « sangsues du peuple ».

Et il est vrai que, dans le froid humide de l’automne et de
l’hiver 1793, le peuple est épuisé, morne, affamé.
    Des queues interminables se forment aux portes des boutiques
encore closes.
    « Comment, tonnerre de Dieu, nous ne mettrons pas à la
raison les riches, ces égoïstes infâmes, ces accapareurs, tous ces scélérats
qui affament le peuple ! écrit Hébert. C’est un parti pris de nous faire
périr de froid et de faim…
    « Affameurs du peuple, craignez son désespoir !
    « Il faut en finir foutre ! Ventre affamé n’a
point d’oreilles ! » tempête Hébert.
    « La misère est à son comble ! Nos subsistances
sont entre les mains des contre-révolutionnaires. Dans tous les départements
les sans-culottes languissent. Eh bien, foutre, que les sans-culottes se lèvent,
qu’ils s’emparent de tous les propriétaires, des gros fermiers accapareurs, qu’ils
les menacent de leur faire perdre à eux-mêmes le goût du pain, si la disette
continue.
    « Bientôt, foutre, le blé abondera dans les marchés et
nous vivrons. »
     
    Que veulent ces hébertistes, ces Enragés ?
    Imposer leurs méthodes ? Leurs solutions ?
    « Le bonnet rouge en tête, la pique en main, le
poignard au côté, lit-on sur un placard apposé sur les murs de Paris, jurez sur
l’autel de la patrie de ne vous reposer que lorsqu’elle aura triomphé de tous
ses ennemis.
    « Prouvez par les faits que ce n’est plus la terreur
qui est à l’ordre du jour, mais le glaive vengeur des lois, et la guillotine
consacrée par la justice céleste. »
     
    Mais ce sont les

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