Révolution française Tome 2
informateur de police au service du Comité de sûreté
générale écrit :
« Partout on ne fait que parler de la misère qui nous
menace ; la guillotine n’est point à craindre à présent : pour mourir
de faim autant vaut la guillotine ! »
Les assemblées populaires sont tumultueuses.
Les « ultra-révolutionnaires » dominent le club
des Cordeliers.
On y acclame Momoro, un « vrai » patriote. Libraire-éditeur,
il s’est engagé l’un des premiers dans la lutte contre le « despotisme ».
Il est devenu « le premier imprimeur de la liberté ». Et il réalise, à
bon prix, les travaux d’impression de la Commune de Paris.
Il a été de toutes les journées révolutionnaires et c’est
lui qui, dès 1791, a inventé la devise de la République : « Liberté, Egalité,
Fraternité ».
Il a obtenu de Pache, le maire de Paris, qu’elle soit
inscrite sur les façades de tous les édifices publics.
On l’écoute lorsqu’il invoque l’égalité, et clame qu’il faut
appliquer la « main chaude » sur la nuque de tous les riches.
Il a à ses côtés Hébert et ces Cordeliers qui ont pris la
succession des Enragés.
Le Comité de sûreté générale a sévi contre ces derniers.
Jacques Roux, leur meneur, est emprisonné et, désespéré, a
déjà tenté de se suicider.
« Je méprise la vie, a-t-il dit. Un sort heureux est
réservé aux amis de la liberté dans la vie future. »
Et l’informateur de police signale qu’on entend parfois
rappeler la phrase lancée par Manon Roland :
« Il est venu le temps prédit où le peuple demandant du
pain, on lui donne des cadavres. »
Alors les Cordeliers sont écoutés quand ils réclament la
mise en liberté du général Ronsin, de Vincent, toujours emprisonnés, parce qu’ils
seraient des « ultras », des « patriotes exagérés », hostiles
à la politique du Comité de salut public et du Comité de sûreté générale.
Un « ennemi du peuple », n’est-ce pas celui qui
conteste la politique du gouvernement révolutionnaire ?
Maximilien Robespierre qui l’anime se sent visé quand Hébert
attaque « ceux qui, avides de pouvoirs qu’ils accumulent, mais toujours
insatiables, ont inventé et répètent pompeusement dans le grand discours le mot
“ultra-révolutionnaire” pour détruire les amis du peuple qui surveillent leurs
complots ».
Maximilien est encore plus blessé par les propos de Momoro
qui dénonce :
« Tous ces hommes usés en république, ces jambes
cassées en révolution qui nous traitent d’exagérés parce que nous sommes
patriotes et qu’ils ne veulent plus l’être. »
Lui, Maximilien, une « jambe cassée en révolution » ?
Il est abattu, épuisé, avec au cœur un sentiment d’amertume,
d’impuissance et de désespoir.
Il écrit ces vers :
Le seul tourment du juste à son heure
dernière
Et le seul dont alors je serai déchiré
C’est de voir en mourant la pâle et sombre
vie
Distiller sur mon front l’opprobre et l’infamie
De mourir pour le peuple et d’en être abhorré.
Mais au-delà de sa personne, atteinte, rongée par la fatigue,
c’est le sort de la Révolution qui lui semble remis en question par ces
Cordeliers, ces « ultras », ces Exagérés qu’Hébert entraîne, excite, lorsqu’il
écrit dans Le Père Duchesne :
« Millions de foutre, mon sang bouillonne de voir le
peuple ballotté par les fripons et les traîtres ! Ça finira, foutre !
« Le sans-culotte a ébranlé tous les trônes des
despotes et les marchands nous feraient la loi… ?
« Que l’on commence donc par balayer toutes les
autorités constituées, qu’on fasse sortir le restant des immondices de l’ancien
régime.
« Pour tuer d’un seul coup l’aristocratie fermière et
marchande, que l’on divise toutes les grandes terres en petites métairies…
« Voilà, foutre, le seul moyen de rogner les ongles des
gros fermiers et de réprimer leur aristocratie…
« Tremblez, sangsues du peuple, sa hache est levée pour
vous frapper ! Il suffit de sa volonté pour vous réduire en poudre. Le
jour de la vengeance est arrivé, elle sera terrible, foutre ! »
Il faut agir contre ces « ultras » dont les
informateurs assurent qu’ils préparent une « sainte insurrection », qu’ils
veulent « épurer » la Convention, qu’ils jugent que les pouvoirs sont
infestés par les « nouveaux Girondins, brissotins qui se sont installés
sur la
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