Richelieu ou la quête d'Europe
de Paris , secrétaire de Richelieu (1587-1662) », Bulletin de la Société de l’histoire de Paris et de l’Île-de- France , 1991, p. 103-140.
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Le mémoire est d’ailleurs publié à Paris .
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P. Chevallier, Louis XIII , Paris , Fayard, 1979, p. 156.
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M. Gantelet, « Entre France et Empire. Metz , une conscience municipale en crise à l’aube des temps modernes (1500-1526) », Revue historique , n o 617, janvier-mars 2001, p. 5-45.
IV
L’EXIL À Avignon
Le « coup d’État » de Louis XIII et l’assassinat de Concini
En ce printemps 1617, Concini, tout-puissant, se fait détester par sa suffisance. Son mépris pour le roi, surtout, le rend insupportable à tous. Le favori de la reine mère est parfaitement renseigné sur la haine qu’il suscite par un réseau d’espions à sa solde. Il crée une milice privée chargée de sa sécurité, et pour frapper les imaginations, sa garde rapprochée érige cinquante potences à Paris . Maître du gouvernement de Normandie , le favori de Marie de Médicis décide de fortifier la place de Quillebeuf , au cas où il aurait besoin d’un bastion de repli. Richelieu a beau mettre Concini en garde, celui-ci persiste dans ce qu’il faut bien appeler des préparatifs de guerre, bien que le duc de Mayenne, bloqué à Soissons, ait sollicité une capitulation honorable. Le maréchal d’Ancre se lance dans l’acquisition des gouvernements de Meulan , Pontoise et Corbeil , ainsi que dans l’achat de la connétablie, puis il recrute trois mille mercenaires dont il propose les services à Louis XIII. C’en est trop : le roi ne peut supporter davantage d’insolence.
Le 2 janvier, la fille des Concini est décédée. Pour Léonora Galigaï, le signe est clair et des plus funestes. Depuis lors, elle répète son désir de rentrer en Italie , mais son mari s’y refuse et convainc d’ailleurs Marie de Médicis que céder à Léonora, ou aux princes, ses ennemis, ne serait que faiblesse. Le maréchal d’Ancre est tout aussi méfiant à l’égard de Richelieu. La situation devient tellement intolérable que le prélat présente sa démission à Marie de Médicis, qui la refuse. Le favori entame même une campagne de calomnies contre les ministres qu’il a lui-même choisis, Mangot, Barbin et Richelieu. Pour l’opinion publique cependant, et pour le roi, les protagonistes restent complices. L’évêque de Luçon , objet de toutes les suspicions, offre ses services personnels à Louis XIII, par l’intermédiaire de Luynes, et leur propose de trahir la reine et Concini. En vain. Pour la seconde fois, Richelieu présente sa démission à la veuve d’Henri IV, qui continue à tergiverser. C’est alors que Louis XIII, par un rocambolesque retournement de situation, fomente un véritable coup d’État et évince sa mère du pouvoir.
Depuis la fin de l’année précédente, le roi réunit un petit Conseil personnel dominé par Charles d’Albert de Luynes. Maître du cabinet des oiseaux, gouverneur d’ Amboise , capitaine du Louvre, son ascendant n’a cessé de croître. Parmi les autres personnalités qui composent l’assemblée, se trouve Claude Guichard Déageant. Secrétaire ordinaire de la reine mère, il est promu premier commis de Claude Barbin dans le ministère Concini. C’est lui qui instruit le roi des affaires financières et économiques du royaume. Luynes introduit également dans le petit cercle un juriste de qualité, Louis Tronson. Concini est l’objet principal des discussions.
L’entourage du roi tente d’abord la conciliation. Non seulement le favori ne répond que par le mépris, menace directement Luynes, mais semble plus puissant que le souverain, dont il contrôle jusqu’aux déplacements. Par ailleurs, Louis XIII déteste le clan espagnol qui vit à la cour, non seulement autour de Marie de Médicis, mais aussi autour d’Anne d’Autriche. C’est dans ce contexte que survient la goutte qui fait déborder le vase : le royaume lui-même en appelle à son souverain pour « sauver [le pays] de la domination de ces étrangers », selon les termes utilisés par les états de Guyenne réunis à Agen en 1617.
Le petit Conseil décide d’abord d’intervenir auprès de Marie de Médicis, selon une méthode pour le moins informelle, l’envoi de lettres anonymes, dont se charge Déageant. Dans un second temps, Louis XIII et Luynes, jugeant la situation suffisamment grave et la reine suffisamment alarmée,
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