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Richelieu ou la quête d'Europe

Richelieu ou la quête d'Europe

Titel: Richelieu ou la quête d'Europe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie-Catherine Vignal Souleyreau
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détacher les relations internationales du contexte religieux et confessionnel. Le roi de France reste très chrétien. Comment rendre la place traditionnelle de la France dans la chrétienté compatible avec la nécessité stratégique de la lutte contre les Habsbourg ?
    Richelieu, une fois de plus, privilégie la constance : une ligne de conduite conforme à celle du roi assassiné, père de Louis XIII. Il s’agit de contrecarrer la montée en puissance des descendants de Charles Quint sur le Rhin. Très tôt, apparaît la nécessité de mieux contrôler les trois évêchés de Metz , Toul et Verdun , placés dès 1552 sous protection française et devenus sous Henri IV tête de pont vers le Saint Empire [23] . De nouveaux gouverneurs y sont envoyés sous la direction d’un fidèle de la royauté, le duc d’Épernon.
    Marie de Médicis a une tout autre conception des choses : son but est d’annihiler tout conflit naissant en Europe . Pour elle, une seule nécessité, se conformer à la position du roi d’ Espagne  : d’où les mariages espagnols et la présence de l’ambassadeur d’Espagne au Conseil du roi. Pendant la crise de Mantoue , Paris est suspendu aux décisions de Madrid . Les États européens interprètent rapidement la docilité de la reine mère comme une allégeance à la branche cadette de la famille de Habsbourg. Sous la régence, les princes protestants retirent leur confiance à la France , fortifiés dans leurs craintes par les rébellions des Grands. Les critiques formulées par le prince de Condé et par le duc de Bouillon alarment tout autant les huguenots que les protestants des États voisins. Or seuls ceux-ci seraient en mesure d’épauler le royaume en cas de menaces espagnole ou impériale.
    Pour Richelieu, au contraire, l’indépendance de la France l’emporte sur toute autre considération. L’évêque de Luçon se met au service de Marie de Médicis pour servir la royauté. Il est sans doute favorable aux décisions prises en matière de politique intérieure. En matière de politique extérieure, en revanche, devenu chef de la diplomatie, il est certain qu’il écarte d’emblée les choix de la reine mère. Chez lui, l’ambition et la tradition familiale l’emportent : Richelieu exclut l’adhésion au clan habsbourgeois ; ses préoccupations se tournent d’une part vers les princes protestants, qu’il s’agit dorénavant de rassurer, d’autre part vers l’ Espagne et l’ Autriche qu’il s’agit de tenir à distance respectueuse. Pour mener à bien son projet, Richelieu doit prendre connaissance des mesures prises par ses prédécesseurs, que ce soit pour les infléchir, ou pour les confirmer. C’est pourquoi il s’adresse à Villeroy et à ses commis. Or l’ancien ministre refuse catégoriquement de communiquer tout document. L’évêque de Luçon est contraint de se mettre en rapport avec tous les ambassadeurs de France en poste à l’étranger pour leur réclamer copie de documents importants. Certains représentants du corps diplomatique n’hésitent pas à faire part de leur étonnement ou même de leur hostilité. Et Concini goûte d’autant moins le procédé utilisé par Richelieu que l’affaire de Mantoue connaît de nouveaux développements.
    Mantoue et Montferrat (suite), la diplomatie selon Richelieu
    Malgré les engagements pris à Asti , le duc de Savoie n’a pas désarmé. L’ Espagne vient d’installer un nouveau gouverneur à Milan , Don Pedro de Tolède, qui fait preuve, dès son entrée en fonction, de la plus grande fermeté. Il somme Charles-Emmanuel  i er  de disperser ses troupes, en vain. Le duc de Savoie va plus loin et signe un traité avec Venise , qui s’engage à lui fournir des contingents pour attaquer le Milanais . La route des Savoyards traverse le Montferrat . Charles-Emmanuel envahit brutalement la principauté au cours de l’été 1616. En réaction, le gouverneur de Milan envahit le Piémont . La progression des Espagnols est si foudroyante que Charles-Emmanuel  i er  implore le secours de Louis XIII, pourtant allié traditionnel du duc de Mantoue .
    À son arrivée aux affaires, Richelieu s’attelle au problème. Philippe III se déclarant prêt à négocier avec le duc de Savoie , la France accepte le rôle de médiateur si Charles-Emmanuel retire ses troupes du Montferrat . Mais, au mois de décembre, le duc de Savoie a l’idée de solliciter à titre personnel l’intervention du maréchal

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