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Rive-Reine

Rive-Reine

Titel: Rive-Reine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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échappent au feu périssent par noyade ! prévint M me  Laviron.
     
    – Cependant, le Clermont , qui navigue sur le fleuve Hudson depuis 1807, donne toute satisfaction aux New-Yorkais, observa Axel.
     
    – Vous êtes pour les machines à vapeur, comme mon mari. Il dit qu’elles vont multiplier par cent la force musculaire des hommes et qu’un jour viendra où la machine remplacera l’ouvrier. Je vous demande !
     
    La conversation fut interrompue par l’entrée soudaine d’une jeune fille brune, en robe d’après-midi bleu pastel, sans volant ni ceinture, mais assez moulante pour valoriser la finesse de la taille et les rondeurs du buste. Elle lança, sans façon, son chapeau de paille de riz sur un siège et parut surprise de trouver des inconnus dans le salon.
     
    – Ma fille, Juliane, dit M me  Laviron en prenant la main de la demoiselle, dont le visage rosi par la marche parut à Axel fin et expressif.
     
    Puis d’une voix fondante, avec un regard caressant :
     
    » D’où viens-tu ainsi, tout essoufflée ?
     
    – De ma leçon de piano, maman, et j’ai gravi la rue de la Cité un peu vite. Voilà tout.
     
    Charlotte et son fils comprirent aussitôt que M me  Laviron portait à sa fille une tendresse mêlée d’admiration et que M lle  Laviron appartenait à cette nouvelle génération de jeunes filles, capables d’entretenir une complicité de femmes avec leur mère, de parler de leurs goûts en matière d’art et de littérature, d’aller parfois au concert avec des amies sûres, de sortir sans chaperon l’après-midi dans les rues de la ville, de se faire dispenser de certaines obligations mondaines ennuyeuses. D’ailleurs, Juliane démontra aussitôt une indépendance teintée d’autorité, en s’asseyant près d’Axel, après avoir réclamé le thé, sous prétexte qu’elle mourait de faim et de soif !
     
    Tandis que les mères comparaient la vie de Genève à celle de Lausanne, Juliane ne cessa de poser des questions à Axel, sur ses études et ses voyages, car M. Laviron avait confié à sa fille que le fils Métaz, juriste diplômé, connaissait l’Angleterre et Venise.
     
    Tout en répondant de bonne grâce, Axel observait Juliane. Elle donnait l’impression d’un être neuf et sain. Avec l’aisance que confère une bonne éducation, elle servit le thé, trancha adroitement le cake aux fruits, passa les assiettes et, sans répandre une seule miette de gâteau sur sa robe, se débarrassa rapidement du goûter, pour reprendre la conversation.
     
    – Papa dit que vous avez les meilleures barques du lac. Elles sont si belles, quand elles prennent le vent dans leurs voiles latines en ciseaux ! J’ai demandé à mon frère, Anicet – qui est artiste peintre, peut-être ne le savez-vous pas –, de peindre, pour moi, une de ces grandes barques qui apportent les pierres de Meillerie. Mais, bernique ! Il ne peint que des tableaux où l’on ne reconnaît rien ! Agréables, mais étranges, avec des volcans, des torrents, des orages. Ils sont si étranges que papa ne veut pas les montrer à ses amis ! Et pourtant, je suis certaine qu’Anicet est un artiste, acheva Juliane, péremptoire.
     
    – Si le cœur vous en dit, et si vos parents vous y autorisent, je puis, un jour, vous faire monter à bord d’une de mes barques, pour une sortie sur le lac, proposa Axel.
     
    – Oh ! oui ! Ça me plairait beaucoup ! lança la jeune fille, très animée.
     
    Sans en avoir l’air, M me  Laviron suivait, tout en bavardant avec son invitée, la conversation des jeunes gens. Elle intervint, s’efforçant à la sévérité :
     
    – Qu’est-ce que j’entends, Juliane ? Tu veux aller sur le lac dans une de ces grandes barques, mais, mon enfant, c’est dangereux et M. Métaz ne te propose ça que par courtoisie. Il compte bien que tu ne t’y décideras jamais. Ce n’est pas la place d’une jeune fille. On dit les bateliers si grossiers ! N’est-ce pas, madame ? acheva Anaïs Laviron, se tournant vers Charlotte, en quête d’une approbation.
     
    Charlotte pouvait difficilement se dérober. Elle se contenta de dire qu’il lui était souvent arrivé de naviguer sur la barque familiale.
     
    – Mais, naturellement, il faut qu’il fasse très beau temps, que le vent ne soit pas violent et qu’on ait un bon équipage, dit-elle en fixant son fils.
     
    Axel sentit que la jeune fille le regardait aussi d’un œil mi-moqueur mi-interrogateur. Il

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