Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Rive-Reine

Rive-Reine

Titel: Rive-Reine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
Vom Netzwerk:
vergogne leur gloire passée sous la fleur de lys.
     
    « Mon cher garçon, écrivait Blaise, nous embarquons la semaine prochaine, le général Ribeyre et moi, pour Metaxta, à bord d’un navire qui emporte aux patriotes grecs de quoi venger les martyrs de Chio. Votre compatriote suisse, Jean-Gabriel Eynard, est l’âme de l’assistance aux Grecs. Il se dépense sans compter, à Londres, à Paris, auprès de Louis I er de Bavière et des grands financiers, ses amis, pour obtenir de l’aide. Tandis que Ribeyre ira proposer ses services à Mavrocordato, qui boude à Hydra, j’irai proposer les miens à Théodore Colocotronis, un redoutable chef klephte – le mot signifie brigand – qui, en Morée, se bat vaillamment. Nous aurons aussi, l’un ou l’autre, à nous assurer de la fidélité d’Odysseus, un général grec qui, après avoir défendu courageusement les Thermopyles contre les Turcs, comme autrefois Léonidas contre les Perses, serait, par lassitude ou vénalité, prêt à passer à l’ennemi 16  ! Car cette guerre, sans front véritable, est affaire de factions rivales que soude la volonté de se débarrasser de l’occupant. J’écris, par ce même courrier, à votre mère, pour lui dire mon attachement fidèle et lui rappeler qu’elle pourra, tant que je vivrai, accepter ce qu’elle a refusé il y a quelque temps. » Le général assurait son fils de son affection et promettait de donner de ses nouvelles « quand le courrier pourra être acheminé suivant la bonne volonté des Grecs, des Turcs, des Anglais et des pirates, à qui la guerre en cours fournit, sur mer comme sur terre, de belles occasions de rapines ».
     
    Le courrier du même jour apportait à Axel une invitation protocolaire de son banquier genevois, M. Laviron, à assister, avec sa mère, le 28 mai, au Port-Noir, à l’inauguration du bateau à vapeur Guillaume-Tell , propriété de M. Church. Ainsi, Guillaume Métaz avait prévu juste en assurant son fils qu’un jour des steamers sillonneraient le lac.
     
    Axel se précipita à Lausanne pour voir Charlotte et connaître sa réaction à l’annonce du départ de Blaise de Fontsalte pour la Grèce. Il la trouva mélancolique, presque douloureuse.
     
    – Je vais recommencer à attendre des messages de Blaise, comme je l’ai fait pendant tant d’années, quand il guerroyait à travers l’Europe, soupira-t-elle.
     
    – Maintenant, tu n’auras plus besoin de moi pour cacher tes lettres, dit Flora, présente comme souvent.
     
    – J’ose espérer qu’il n’ira pas, à cause de la déception que j’ai pu lui causer, s’exposer à la mort, reprit Charlotte en se mordant les lèvres.
     
    Axel la rassura. Le général Fontsalte n’avait, semblait-il, pas perdu tout espoir de voir la divorcée revenir sur sa décision.
     
    – Et puis, si vous voulez le mieux protéger contre lui-même, c’est en votre pouvoir, ajouta le garçon d’un ton sibyllin.
     
    – Comment ça, mon Dieu ?
     
    – Eh bien ! écrivez-lui qu’il pourra présenter à nouveau sa demande, dès son retour, et qu’elle sera, cette fois, agréée sans restriction, dit finement Axel, avec un clin d’œil à Flora.
     
    Quand Charlotte objecta qu’elle ignorait l’adresse du général, laquelle devait souvent changer, et qu’il était bien improbable qu’un courrier expédié de Vevey lui parvînt jamais, Axel comprit que la partie était à demi gagnée.
     
    – Écrivez seulement, si vous en avez envie. Je me chargerai alors de trouver un moyen de faire parvenir votre lettre à son destinataire, dit Axel.
     
    Comme Flora allait renchérir, son filleul lui fit signe de se taire et dévia la conversation sur l’accueil que la Suisse venait de réserver aux Grecs, rescapés des massacres de Moldavie et de Valachie. Réfugiés un temps dans le nord de l’Europe, ces derniers traversaient maintenant la Confédération pour aller s’embarquer à Marseille et à Livourne, afin de reprendre le combat contre les Turcs. À ces patriotes s’étaient joints de nombreux militaires allemands, encadrés par des officiers, décidés à soutenir la cause grecque les armes à la main. Zurich, Berne et Lausanne se distinguaient par la générosité des dons, et le comité de Genève venait de lancer un appel, afin que la cité de Calvin ne fût pas en reste. Les sollicitations formulées par les pasteurs Gerlach et Lütscher, M. Paschoud et M. Bridel avaient été entendues et cent

Weitere Kostenlose Bücher