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Rive-Reine

Rive-Reine

Titel: Rive-Reine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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comme le palais Eynard, le temple de Carouge, seul lieu de culte protestant en terre catholique, et en 1823 une nouvelle prison, que tous les juristes étrangers de passage à Genève voulaient visiter. Une salle de réunion, dite casino Saint-Pierre, était en construction rue de l’Évêché, sur l’emplacement de l’ancienne demeure du marquis de Vico. Mais le projet qui paraissait le plus prometteur, aussi bien à Anicet Laviron qu’à Axel Métaz et Martin Chantenoz, était celui du futur musée Simon-Rath.
     
    En 1823, la Société des Arts de Genève avait ouvert un concours pour la construction, place Neuve, du grand musée qui manquait à Genève. Des règles précises avaient été édictées suivant lesquelles le bâtiment devrait obligatoirement comporter un fronton triangulaire rappelant ceux du théâtre – construit par Pierre Mathey, en 1786, au pied de la Treille – et de la porte Neuve, en cours de restauration. Autour de la place, cet ensemble architectural harmonieux devrait constituer, à l’avenir, un des plus beaux sites de Genève et l’artère de la Corraterie, du Rhône à la place Neuve, une voie dévolue aux commerces de luxe.
     
    L’architecte Samuel Vaucher, protégé de l’ingénieur Dufour, venait d’être désigné pour construire ce temple des arts, auquel un hexastyle sous fronton conférait, d’après les dessins et le modèle en relief exposés dans la maison du Calabri, une ressemblance certaine avec le Panthéon romain et la fameuse Maison carrée de Nîmes. Restait à réunir les fonds pour réaliser l’édifice. Le Conseil représentatif de Genève, qui avait déjà alloué 64 000 florins pour l’aménagement de la place, espérait le concours de mécènes. Ce furent les sœurs Jeanne-Françoise et Henriette 2 Rath – dont les ancêtres, originaires de Nîmes, avaient dû quitter leur terre natale en 1666, pour échapper aux persécutions religieuses – qui se présentèrent. Leur frère Simon, général au service du tsar, décédé en 1819, leur avait laissé en héritage sa fortune et une belle propriété, située à Saint-Loup-sur-Versoix. Peu de jours avant sa mort, il avait exprimé le regret de n’avoir pas donné « un établissement utile à Genève et honorable pour sa mémoire ».
     
    Le 30 janvier 1824, les deux sœurs avaient donc adressé une lettre « aux syndics et Conseil d’État de la République et Canton de Genève » pour annoncer qu’en respect des dernières volontés de leur frère Simon elles se proposaient d’assumer les frais de construction du musée, à hauteur de 80 000 francs de France, à condition que l’on retînt les plans de M. Vaucher et que l’on inscrivît sur le fronton du bâtiment : Musée Simon Rath . Un comité réunissant « M. le Conseiller Jacques Rigaud, le professeur de Candolle, le colonel Dufour, MM. Jacob et François Duval, M. Vaucher » serait chargé de représenter « les intérêts et les intentions » des donatrices.
     
    Pierre-Antoine Laviron connaissait bien la famille Rath, surtout Henriette, la plus jeune des sœurs, qui avait étudié le dessin avec Isabey et peignait très agréablement.
     
    Alors qu’Axel, le lendemain de son arrivée, revenait de la maison du Calabri, où il était allé, avec Juliane et Anicet, voir la maquette du futur musée, le banquier avait vanté les mérites de la jeune artiste.
     
    – Le père Rath était horloger et, après trois faillites, ne possédait plus qu’une propriété à La Coudre. C’est Henriette qui fit bouillir la marmite en peignant des portraits. Comme les tableaux plaisaient, et aussi parce que les Rath étaient des gens honorables, que toute la bonne société voulait aider, les commandes affluèrent et, un beau jour, Henriette se trouva à la tête de cent mille francs. Là-dessus, Simon revint de Russie, fortune faite. La famille était sauvée, expliqua le banquier.
     
    Comme si toutes les transformations, en cours ou annoncées, les invitaient à s’éloigner, en fin de semaine, et pendant les mois d’été, d’une ville parsemée de chantiers, les Genevois fortunés qui n’en possédaient pas encore faisaient construire de belles maisons hors les murs, confirmant ainsi, pour les visiteurs, la phrase de l’Anglais Spencer, de passage en 1821 : « Vous êtes dans la plus belle campagne de l’univers ! » Jean-Gabriel Eynard avait, semble-t-il, donné le ton en faisant bâtir, par l’architecte Noblet,

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