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Rive-Reine

Rive-Reine

Titel: Rive-Reine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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dire que son mari ne l’a pas abandonnée, mais répudiée, le jour où il a découvert que je ne suis pas son fils et qu’il a élevé l’enfant d’un autre. Voilà toute la vérité.
     
    L’effarement de M me  Laviron grandit si bien qu’elle répandit la moitié du contenu d’un verre d’orangeade, qu’elle venait, sans même y prendre garde, d’accepter d’un serveur.
     
    – Mais, alors, qui est votre père ? Vous le savez, au moins ?
     
    – Maman, je t’en prie, cesse de tourmenter Monsieur ! C’est indiscret, je t’assure, dit Juliane, confuse.
     
    M me  Laviron se tut, mais Axel tint à aller jusqu’au bout de la vérité :
     
    – Je connais mon véritable père, bien sûr. C’est le marquis de Fontsalte.
     
    – Ah ! En somme, votre mère est en France pour épouser votre père !
     
    – C’est exact, madame. À l’heure qu’il est, ma mère est devenue marquise de Fontsalte et, si vous le permettez, je bois à son bonheur, dit Axel, un peu agacé, en saisissant un verre de vin sur un plateau.
     
    – Mais c’est du roman, du vrai roman, dit M me  Laviron, qui, apercevant son mari en conversation avec des actionnaires, le héla : Antoine, Antoine, viens écouter cette histoire incroyable !
     
    – Maman, maman, tu nous fais remarquer. Et puis, si Axel juge utile d’informer papa, il parlera lui-même. Tiens ton verre droit ou tu vas mouiller ta robe, ajouta Juliane, de plus en plus mal à l’aise.
     
    Le banquier, répondant à l’appel de sa femme, approcha.
     
    – Que voulez-vous, que se passe-t-il, Juliane ?
     
    M me  Laviron ne put se retenir de parler :
     
    – Il se passe que M. Métaz vient de nous faire une révélation stupéfiante. Sais-tu où est M me  Métaz, à cette heure ? Eh bien, elle est en France, pour se marier avec…
     
    – Avec le général-marquis de Fontsalte, qui est le père d’Axel. Qu’y a-t-il d’extraordinaire à ça ? dit posément Pierre-Antoine Laviron.
     
    À cet instant, Axel eût volontiers embrassé son banquier.
     
    – Mais alors, tu savais, toi, cette histoire étrange ?
     
    – Je sais tout ce qu’un banquier doit savoir, Anaïs, ajouta Pierre-Antoine avec un clin d’œil à Axel.
     
    Prenant le jeune homme par le bras, Laviron le tira à l’écart.
     
    – Pardonnez à mon épouse sa curiosité et sa façon d’exprimer les choses. Comme toutes les femmes qui ont une vie sentimentale simple, heureuse et sans souci, elle ne peut imaginer que d’autres femmes ont traversé les tempêtes des sens et vécu les drames du cœur. C’est M. Métaz, d’abord, qui m’a écrit à plusieurs reprises pour me tenir au fait de sa situation. Et puis, il y a quinze jours, le marquis de Fontsalte est venu me voir et m’a donné, avec la permission de votre mère, les détails qui manquaient. Voilà comment je sais, cher Axel.
     
    – Jusque-là, vous ne m’aviez rien dit, monsieur !
     
    – Je n’avais rien à dire. Je partageais un secret, qui n’entache en rien votre honneur ni celui de votre mère. Vous avez toute mon amitié, Axel, et, chez nous, tout le monde vous aime bien. Même Anicet, aux yeux de qui personne ne trouve grâce.
     
    Satisfait de son petit discours, assuré de s’être conduit dans les règles de la charité chrétienne, le banquier tendit un verre de vin blanc à Axel et le choqua contre le sien à la mode paysanne.
     
    – Maintenant, retournons près des dames. Je vois Juliane qui jette des regards inquiets de votre côté. Ne la faites pas languir.
     
    Tandis que le vapeur commençait sa croisière inaugurale, Axel réussit à se trouver seul, un moment, avec la jeune fille. Comme, à l’exemple de son père, elle demandait à Axel de ne pas tenir rigueur à M me  Laviron de sa réaction, Axel l’interrompit :
     
    – Je comprends parfaitement la surprise de votre mère. Je conçois même qu’elle ressente comme scandaleuse une révélation qui offense gravement ses principes. Aussi je trouverais navrant, mais convenable de son point de vue, que cessent les relations amicales que ma mère et moi entretenions avec votre famille. Désormais, je n’aurai plus avec monsieur votre père que des rapports professionnels, dans son bureau de la Corraterie.
     
    Dans un geste spontané, la jeune fille prit le bras d’Axel. Il la vit au bord des larmes. Une trémulation nerveuse des lèvres trahissait une émotion bien réelle.
     
    – Ce serait trop

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