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Rive-Reine

Rive-Reine

Titel: Rive-Reine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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peut bien vendre ? s’interrogea la petite fille, habituée à l’irruption des colporteurs, marchands de bibles et de livres pieux, mercières nomades, qui pratiquaient le porte-à-porte pour placer mouchoirs, dentelles, fils et laines à tricoter.
     
    – Cette personne n’est pas une marchande, Alexandra. C’est une demoiselle très instruite, dont le papa est pasteur.
     
    – Alors, tu la connais !
     
    – Un peu. Je l’ai rencontrée aux vendanges. Mais pourquoi ces questions ? dit Axel.
     
    – Je voudrais pas qu’elle vienne pour m’emmener en pension, parrain !
     
    – Personne ne t’emmènera, ma jolie, sois sans crainte ! dit Axel.
     
    Alexandra, rassurée, traversa le hall en sautillant, puis gravit l’escalier en troussant son jupon. Martin Chantenoz l’attendait pour sa leçon de latin, dans la salle d’étude.
     
    Pernette regarda la fillette disparaître puis se tourna vers Axel :
     
    – Elle aura de belles jambes, cette petite, si elle les casse pas en grimpant partout comme un singe. Hier que vous étiez pas là, elle a passé sa journée, après le culte de l’après-midi à Saint-Martin, à monter à la corde qu’elle avait attachée à la balustrade de l’étage. Son amie Alice, la petite du nouveau notaire qu’a remplacé le pauvre M. Ruty, est venue jouer avec Alexandra. Alice a voulu grimper aussi, à force de bras, et ça s’est fini comme je pensais. La petite est tombée et s’est fait une grosse bolle 5 sur le front. Sa mère n’était pas contente, je vous dis. Quand il fait mauvais temps, comme ces jours, on sait pas quoi en faire, de ces bougillonnes 6 .
     
    Les exploits et espiègleries d’Alexandra amusaient toujours Axel, et Pernette reprochait souvent à son maître de ne pas être assez sévère avec sa filleule.
     
    – Elle nous apigeonne tous, avec son sourire d’innocente, cette petite. Vivement que M me  Charlotte lui trouve une maîtresse qui saura se faire obéir ! conclut Pernette en retournant dans sa cuisine.
     
    M lle  Delariaz s’annonça à l’heure du thé. Venue de Clarens par la diligence qui, deux fois par jour, faisait le trajet aller et retour Lausanne-Villeneuve, elle avait échappé aux outrages de la pluie. Axel l’aida à quitter le grand manteau dont elle s’était vêtue et la fit asseoir près du feu, dans le salon.
     
    – Votre visite me réjouit fort, dit-il, avec un accent de sincérité que la jeune fille remarqua.
     
    – Elle a une raison bien précise, monsieur. Je voudrais savoir si la place d’institutrice que vous proposiez il y a quelques semaines est encore vacante.
     
    – Elle l’est, ma mère ne m’ayant pas envoyé de candidate.
     
    Axel, en bon Vaudois qui jamais, en affaires, ne fait la première proposition, mais au contraire « laisse venir », comme disait Guillaume Métaz, attendit la suite, sans montrer d’impatience.
     
    – J’avais postulé pour des places semblables dans deux familles étrangères et j’ai reçu la semaine dernière les réponses que j’attendais.
     
    – Ah ! Ces familles ne donnent pas suite ?
     
    – Au contraire, je puis être engagée tant à Saint-Pétersbourg qu’à Ulm, mais j’ai réfléchi et je préfère, maintenant, rester près de notre lac et à distance acceptable de mon père. Si vous maintenez la proposition que vous m’avez faite au lendemain des vendanges, je suis prête à considérer vos conditions.
     
    – Eh bien, rien ne s’oppose à ce que vous deveniez l’institutrice d’Alexandra, si le cœur vous en dit et si les conditions vous agréent, dit Axel, sans afficher une excessive satisfaction.
     
    – Je devrai, bien sûr, prendre un logement à Vevey, car pour m’en retourner les soirs d’hiver à Clarens…
     
    – Mais j’ai prévu à Rive-Reine un logement pour l’institutrice de ma filleule. Dans l’aile gauche de cette maison, au premier étage, une belle chambre donnant sur le lac et une antichambre. Ce logement dispose d’une entrée particulière, si bien que l’institutrice pourra aller et venir, à son gré, de la même façon qu’elle pourra prendre ses repas à ma table, quand je suis ici, ou seule avec son élève si elle le préfère. Je souhaite qu’on inculque à Alexandra le maintien dans tous les actes quotidiens et dans toutes les circonstances de la vie, précisa Axel.
     
    – C’est la mission d’une institutrice, monsieur.
     
    Restait à discuter la rémunération,

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