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Rive-Reine

Rive-Reine

Titel: Rive-Reine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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ce qui visiblement gênait M lle  Delariaz.
     
    Axel la mit à l’aise :
     
    – Un régent breveté reçoit maintenant dans nos écoles quatre cents francs par an. Mais le temps et l’attention qu’il donne à ses élèves sont sans commune mesure avec la responsabilité et l’enseignement que dispense, à longueur de journée, une institutrice particulière ou un précepteur. Aussi, je vous propose mille francs par an.
     
    – C’est beaucoup, monsieur, beaucoup trop. Et puis, vous devez déduire nourriture et logement de cette somme.
     
    – Mademoiselle ! Logement, nourriture, blanchissage font partie du train de maison. Je vous propose un traitement de mille francs net, confirma Axel.
     
    La jeune fille n’en espérait pas tant.
     
    – Et si votre filleule me rejette ? Ne pourrions-nous faire un essai, d’un mois peut-être ? dit-elle.
     
    – J’accepte l’essai ! Quand commencez-vous ? Le plus tôt sera le mieux.
     
    – Mon père se marie le 15 décembre et je devrai l’aider à emballer et déménager sa bibliothèque et ses innombrables papiers. Et, aussi, trouver un locataire pour notre maison de Clarens. Si je m’engage à être à pied d’œuvre le 15 janvier, est-ce satisfaisant pour vous ?
     
    Axel acquiesça.
     
    – Vous serez assez aimable de mettre par écrit tout ce qui constitue nos conditions, monsieur, s’il vous plaît.
     
    M. Métaz apprécia cette prudence, ce souci de la règle, cette manière de conserver la distance par contrat.
     
    – Puis-je, s’il vous plaît, maintenant, voir le logement ? demanda encore Élise Delariaz.
     
    Comme elle achevait sa phrase, la porte du salon s’ouvrit, livrant passage à Alexandra, suivie de Chantenoz. Ce dernier, qui se préparait à allumer sa pipe, la fourra dans sa poche et fit demi-tour. Il avait reconnu la fille du diacre de Clarens et ne voulait pas être indiscret.
     
    – C’est la dame qui est venue hier, je la reconnais, dit, à voix basse, Alexandra en se blottissant, craintive, contre son parrain, après une esquisse de révérence devant la visiteuse.
     
    – Voici votre élève, mademoiselle. Ma mère soutient que c’est un garçon manqué, mais je crois, moi, que ce sera une demoiselle réussie.
     
    Élise Delariaz tendit la main à la petite fille, qui la prit sans réticence.
     
    – Puisque tu as eu la bonne idée de venir jusqu’ici, tu vas montrer à Mademoiselle l’appartement qu’elle occupera chez nous bientôt. L’appartement du général, tu connais, ordonna Axel.
     
    Comme la fillette entraînait déjà la jeune fille vers la porte, il crut bon d’expliquer pourquoi le logement dévolu à l’institutrice était nommé « du général » :
     
    – Ces pièces ont été occupées, en mai 1800, par un officier français qui, par suite de circonstances que vous apprendrez peut-être un jour, est entré dans la famille, dit le maître de Rive-Reine avec un sourire.
     
    Son œil clair, plus vif, et son œil sombre, velouté, rappelèrent à Élise les propos de sa servante.
     
    Dès que M lle  Delariaz et Alexandra furent sorties par la porte-fenêtre donnant sur la terrasse, Chantenoz, qui attendait dans le hall, entra.
     
    – Dis donc, mon garçon, quel beau brin de fille ! Que comptes-tu en faire ?
     
    – L’institutrice d’Alexandra. À vous la science et la philosophie, à elle l’enseignement de base, les bonnes manières et le maintien, dit Axel.
     
    – Nous aurons donc à collaborer pour faire de ta filleule la première merveille vaudoise. Je m’en réjouis. Je craignais que ta mère nous délègue une vieille fille, au menton poilu et aux jambes en douves de tonneau.
     
    Un peu plus tard, les deux amis, qui avaient allumé leur pipe, entendirent des rires frais venir de la terrasse. Alexandra et Élise Delariaz revenaient, main dans la main, en courant sous l’ondée. Quand elles pénétrèrent dans le salon, Chantenoz, qui avait entrevu la fille du pasteur lors du ressat des vendanges, s’inclina, tandis qu’Alexandra sautait sans façon sur les genoux de son parrain.
     
    – Elle a l’air gentille, cette dame. Elle sent bon et elle m’a dit qu’elle me mettrait pas en pension ! C’est tout bon, parrain !
     
    Puis elle glissa quelques mots à l’oreille d’Axel.
     
    Pernette fut priée de servir le thé « dans le beau service en Limoges » et, avant de prendre congé, M lle  Delariaz demanda un entretien au

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