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Rive-Reine

Rive-Reine

Titel: Rive-Reine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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professeur Chantenoz, afin de connaître le niveau d’instruction de son élève, ce qui lui fut accordé.
     
    Pendant que le professeur et l’institutrice bavardaient, Axel convoqua Pierre Valeyres, qu’il chargea de reconduire M lle  Delariaz à Clarens, dans le cabriolet.
     
    Au moment du départ, accompagnant la jeune fille jusqu’à la voiture, le maître de Rive-Reine dit sa satisfaction de leur arrangement puis, se souvenant de la confidence récente d’Alexandra, ajouta :
     
    – Naturellement, vous pouvez faire apporter votre piano. Ici, nous aimons tous la musique !
     
    – Ah ! Je vois que la petite a présenté ma requête. Je vous remercie d’y répondre aussi aimablement. Je crois qu’Alexandra et moi nous entendrons bien, car votre filleule semble d’une intelligence et d’une sensibilité au-dessus de la moyenne, dit M lle  Delariaz.
     
    – Nous ferons tout, ici, pour vous rendre heureuse aussi et vous verrez que le professeur Chantenoz cache, sous sa causticité apparente, de grandes qualités de cœur. Votre entretien avec lui a-t-il été instructif ?
     
    – Plus que je ne pensais. Il m’a toutefois un peu étonnée en me demandant si je sais enfiler correctement un asticot sur un hameçon et distinguer la féra de la gravenche !
     
    – Le savez-vous ? demanda Axel, retenant un fou rire.
     
    – Je pêche depuis l’âge de six ans, monsieur.
     
    – Vous obtiendrez vite la confiance d’Alexandra, assura Axel en fermant la portière du cabriolet.
     

    M lle  Delariaz devait revoir Axel par hasard avant son entrée en fonction à Rive-Reine. Ils se rencontrèrent au milieu d’une foule de Lausannois, lors des obsèques de M me  de Montolieu, qui s’était éteinte le 29 décembre, dans sa maison de Vennes, à l’âge de quatre-vingt-un ans. Cette femme de lettres avait été l’amie de Mathilde Rudmeyer, et Charlotte, fidèle à la mémoire de sa tante, rendait souvent visite à la vieille dame, depuis qu’elle était à demi paralysée. La mère d’Axel avait conservé pour M me  de Montolieu une réelle affection et, aussi, l’admiration que méritait à ses yeux la personne censée avoir écrit cinq cents volumes !
     
    Chantenoz, qui tenait la baronne de Montolieu pour un bas-bleu et une ancienne coquette devenue pédante femme de lettres, n’avait compté que quarante-trois livres publiés par la romancière, de Caroline de Lichtfield , en 1786, jusqu’à Constantin ou le Muet supposé , livré au public en 1827.
     
    Fille de pasteur, Élisabeth-Jeanne-Pauline Polier avait épousé en premières noces Benjamin de Crousaz, de qui elle avait eu un fils. Devenue veuve à vingt-quatre ans, elle s’était remariée avec le baron de Montolieu, dont elle illustrait brillamment le nom à travers l’Europe où ses ouvrages étaient répandus.
     
    À la sortie du culte, Axel, accompagnant sa mère, lui présenta Élise Delariaz, qui portait, elle aussi, grande estime à la défunte.
     
    – Je puis presque dire, madame, que c’est dans Caroline de Lichtfield , cette histoire d’une famille prussienne, que j’ai appris à lire. Plus tard, mon père, qui n’a pas pu être là aujourd’hui, m’a conduite plusieurs fois chez M me  de Montolieu. Quelle érudite et quelle travailleuse ce fut !
     
    Charlotte, qui n’avait pas beaucoup apprécié que son fils eût engagé une institutrice pour Alexandra sans prendre son avis, estima qu’une jeune fille qui avait connu la romancière et admirait son œuvre devait pouvoir faire, bien que protestante et fille de pasteur, une bonne éducatrice. Elle se montra donc aimable avec Élise, s’enquit du jour de son installation à Rive-Reine, peignit sans grande nuance le caractère de sa future élève et conclut en disant qu’elle aurait certainement l’occasion de voir souvent à Beauregard Mademoiselle l’Institutrice.
     
    Le froid étant vif, Axel entraînait sa mère vers sa berline, quand M me  de Fontsalte se ravisa et fit trois pas pour revenir à M lle  Delariaz. La jeune fille se préparait à monter en voiture pour rentrer à Clarens avec la famille d’un pasteur de Montreux.
     
    – Pardon de vous retenir un instant, mademoiselle, j’ai une petite question, un peu niaise, à vous poser, dit Charlotte.
     
    – Je vous en prie, madame.
     
    – Savez-vous enfiler correctement un asticot sur un hameçon et distinguer la féra de la gravenche ?
     
    L’éclat de rire d’Élise

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