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Sachso

Sachso

Titel: Sachso Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Amicale D'Oranienburg-Sachsenhausen
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ne sont pas des parenthèses. L’homme est porté tout naturellement, et de façon très insidieuse, à se plier à la loi du groupe en fermant les yeux lorsqu’elle est intolérable. Résister – oh ! le noble et si nécessaire idéal de vertu civique. Grâce à ces rebelles, au courage antique, Sachso est devenu dans les landes glacées du Brandebourg, et à jamais, une terre sacrée.
    Jean Malaurie Janvier 1995

Avant-propos
    Ce récit voudrait dire la vie et la mort, les souffrances et les espoirs, les détresses et les luttes des huit mille Français déportés entre 1940 et 1945 au camp de concentration nazi d’Oranienburg-Sachsenhausen.
    Trois cents témoins jalonnent de leurs propos ce cheminement dans l’univers concentrationnaire. Ils rapportent ce qu’ils ont subi, ressenti, vu, entendu. Cela signifie, en simplifiant, qu’au moins un Français sur trente de nos compatriotes détenus au camp d’Oranienburg-Sachsenhausen fait entendre sa voix ici. D’où l’ampleur de l’œuvre entreprise.
    Au-delà de ce que chacun peut relater de son expérience personnelle, seul un ouvrage collectif comme celui-ci est susceptible, pensons-nous, de donner une approche globale de la réalité vécue par les Français d’Oranienburg-Sachsenhausen et les quelques Françaises qui y furent transférées de Ravensbrück. Du début à la fin, le maître d’œuvre en a été, exclusivement, l’Amicale qui, depuis la libération, regroupe les anciens du camp et les familles de disparus une large communauté dépassant les convictions et les opinions des uns et des autres. Ce n’est peut-être pas une garantie suffisante pour assurer la perfection de la forme et du style de notre livre ; c’en est une en tout cas, primordiale aux yeux de nos camarades et amis, pour attester la vérité historique qui se reflète dans ses pages.
    Les faits mentionnés n’ont été retenus qu’après confirmation par plusieurs témoignages. L’évocation de certains événements a pu cependant donner lieu à des approximations relatives à des dates, des heures, des estimations quantitatives. Elles ne touchent pas à l’essentiel. Au camp, notre vie n’était pas réglée par le calendrier, nous n’avions pas de montre au poignet et tous les survivants revenus sur les lieux après 1945 ont été surpris de trouver le mur d’enceinte moins haut et la place d’appel moins vaste que dans leurs souvenirs.
    Au cours de leurs pèlerinages, les rescapés ont découvert aussi avec horreur le dernier cercle de l’enfer d’Oranienburg-Sachsenhausen qui leur était inconnu : les cachots secrets de la prison, la chambre à gaz, la fosse aux fusillades et aux strangulations collectives, les salles de dissection de la Pathologie… Tous les détenus qui sont entrés là ont disparu à jamais en ne laissant ni trace ni témoignage. C’est ce silence qui nous fait le plus mal.
    Voici donc l’histoire des Français à Oranienburg-Sachsenhausen, dans ce que l’on pourrait appeler « un grand camp ordinaire » avec ses deux cent mille détenus d’une vingtaine de nations, ses cent mille morts, ses kommandos de travail, ses kommandos d’extermination, ses moments de répit relatif et de terreur déchaînée. Toutefois, dans le système concentrationnaire nazi, il comporte un aspect particulier qui mériterait sans doute des études plus exhaustives. Puisse notre modeste travail contribuer à éveiller un tel intérêt. Oranienburg-Sachsenhausen est en effet le siège de l’inspection centrale de tous les camps de concentration nazis. On y expérimente les méthodes de répression qui sont ensuite appliquées partout ; on y emmagasine l’or et les bijoux récupérés les vêtements et les chaussures des victimes envoyées à la mort dans tous les bagnes hitlériens d’Europe ; on y dissimule les kommandos spéciaux nécessaires aux services secrets des S. S. pour la fabrication de fausse monnaie et de faux papiers, pour la résolution de calculs scientifiques intéressant des armes nouvelles…
    Oranienburg-Sachsenhausen est aussi le seul camp où, devant l’extension de la résistance internationale, une commission spéciale de la police du Reich mène une enquête de plusieurs mois, qui se conclut le 11 octobre 1944 par la condamnation à mort de vingt-quatre antifascistes allemands et de trois antifascistes français, lesquels, fusillés sur ordre exprès de Himmler, tombent ensemble comme ils ont combattu.
    Il est aussi le

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