Sachso
l’I. G., Farben (produits chimique »), etc. Le 22 février, Goering, toujours lui, crée une force de police auxiliaire avec vingt-cinq mille S. A. et quinze mille S. S. Les S. A. (Sturm Abteilung : section d’assaut) sont depuis 1921 les formations paramilitaires du parti nazi qui assurent les manifestations, agressent les opposants, font régner un pesant climat d’intimidation. Les S. S. ( Schutz-staffel : échelon de protection) sont apparus en 1925 au sein du parti nazi, dont ils constituent un corps privilégié chargé de la discipline interne et de la protection de Hitler. Bien que les autres partis politiques soient encore légaux, leurs meetings sont dispersés, leurs orateurs roués de coups, leurs affiches déchirées, leurs journaux saisis.
Le 27 février 1933, le Reichstag brûle. Les nazis ont mis le feu à ce palais de Berlin où siège le Parlement et en accusent les communistes. La provocation est utilisée par Hitler pour faire promulguer le 28 février par Hindenburg un décret sur « la protection du peuple et de l’État » qui stipule notamment : « Les mandats de perquisition, les ordonnances de confiscation et de restriction du droit de propriété sont autorisés au-delà des limites légales prévues. » La répression s’accentue. La « campagne électorale » fait officiellement cinquante et un morts et des centaines de blessés.
Le 5 mars 1933, les nazis, à eux seuls, n’obtiennent cependant pas la majorité absolue. Ils ont 43,90 % des voix et 288 députés sur 647. Mais leurs alliés nationalistes disposent de 52 sièges et, en proscrivant les communistes qui ont 81 députés avec 4 848 100 voix, ils savent que la résistance des 125 députés sociaux-démocrates et des 20 députés populistes ne pourra les empêcher d’imposer leur loi.
Lorsque, le 23 mars 1933, dans une salle de l’opéra Kroll, le Parlement vote la « loi pour soulager la détresse du Reich », la démocratie est morte en Allemagne et Hitler obtient la base légale de sa dictature.
La Gestapo ( Geheime Staatspolizei : police secrète d’État), créée par Goering, alors commissaire du Reich en Prusse, va être l’instrument de la liquidation des adversaires du régime, tout d’abord les communistes, dont les 81 députés n’ont pas pu voter le 23 mars, puis les sociaux-démocrates et les populistes, qui ont voté contre Hitler.
Les arrestations entraînent ce que les nazis appellent la « détention préventive » ( Schutzbaft), qui consiste à mettre derrière des barbelés des hommes politiques, des syndicalistes, voire des détenus de droit commun afin, disent-ils de « protéger » l’État national-socialiste.
La garde des premiers camps de « prévention » est assurée par des membres de la S. A. Une cinquantaine de camps de ce type existait à la fin de 1933. Ils sont installés dans d’anciennes prisons, des forteresses, des casernes de S. A., des usines désaffectées. Tous ces camps, à l’exception de Dachau, sont petits et leur effectif n’excède pas mille détenus chacun ; on estime le total des prisonniers de l’époque entre vingt et trente mille. Ils sont situés pour la plupart en Saxe et en Thuringe : Lichtenburg, Sachsenburg, Bad-Sulza, etc., mais il y en a aussi près de la frontière hollandaise, dans les marais, les Moor d’Oldenburg, Papenburg et Esterwegen. Les S. A. pratiquent le chantage auprès des détenus, exigent des rançons des familles ou des amis. Il y a des cas de sadisme, des assassinats, mais les sévices ne sont pas encore systématiques.
AU COMMENCEMENT, UNE BRASSERIE
À Oranienburg, où existe un de ces camps, les détenus sont enfermés dans l’ancienne brasserie Schultheiss-Patzenhofer et gardés par les S. A. du Standarte (régiment) 208, qui dépend de Goering. Il est utilisé de mars 1933 à février 1935. En effet, le rôle des S. A. dans le système d’oppression nazie, après avoir atteint son apogée en 1933-1934, est de plus en plus controversé. Il va devenir insignifiant après la sanglante « Nuit des longs couteaux » du 30 juin 1934, au cours de laquelle Hitler fait assassiner par les S. S. son ami Roehm, chef des S. A., et son état-major dont les ambitions grandissaient et qui voulaient placer l’armée traditionnelle sous leurs ordres. Les S. S., qui n’avaient en garde jusque-là que quelques camps tels Esterwegen, Stettin, Dachau, les prennent désormais tous sous leur
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