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Sang Royal

Sang Royal

Titel: Sang Royal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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par deux, les avant-coureurs du roi ne cessaient d’arriver, portant la tension à son comble. Mon col était trempé de sueur. Le vieux chambellan, paré de son immense épée officielle à pommeau d’or, s’avança et se plaça devant nous. Des gentilshommes et des dames vêtus de violet et d’or se rangèrent derrière lui. Parmi eux je remarquai un homme très grand, au torse puissant et au large visage encadré d’une barbe brune en bêche comme celle de Maleverer. Je devinai à son aspect qu’il s’agissait de Charles Brandon, duc de Suffolk, le pair qui avait organisé le voyage royal. Membre du Conseil privé, il devait avoir été informé de l’affaire Oldroyd, de Blaybourne et de la perte des papiers. Tressaillant soudain, je me demandai si le roi en avait lui aussi été instruit.
    Un groupe de garçonnets à cheval, les enfants d’honneur en tunique et bonnet jaune et vert, s’approchèrent et firent halte devant nous. Toute une foule de courtisans aux visages impassibles nous faisaient maintenant face ; leurs vêtements n’étaient que tourbillons de couleurs éclatantes, leurs bonnets et leurs robes étincelaient de bijoux. La plus extrême tension ne pouvant, bizarrement, durer qu’un certain temps, mon esprit revint au laboureur que j’avais aperçu un peu plus tôt, et je pensai aux myriades de fois où mon père avait dû marcher derrière la charrue. Serait-il fier s’il me voyait là, sur le point de rencontrer le roi ?
    Je fus brusquement ramené à la réalité par le silence subit. Tout murmure, tout bruissement cessa dans le cortège. Les hérauts embouchèrent leur trompette et produisirent de longues notes à l’unisson. On entendit alors derrière nous un froissement d’étoffe lorsque les échevins tombèrent à genoux. Tankerd fit un pas en avant et s’agenouilla lui aussi. Giles et moi ôtâmes nos bonnets et l’imitâmes. L’herbe était humide sous mes genoux.
    Deux silhouettes avancèrent vers nous. Un furtif coup d’œil me permit d’apercevoir un homme énorme flanqué d’une petite jeune fille en lamé argent, des pieds à la tête. Je me découvris et inclinai très bas la tête au moment où le roi et la reine approchaient, leurs pas résonnant dans le silence complet qui régnait désormais sur la campagne. Un léger grincement au passage du roi me rappela ce qu’on disait : il portait des corsets pour contenir son embonpoint.
    Le couple royal s’arrêta à environ six pieds de nous. Agenouillé, la tête baissée, je ne pouvais voir que l’ourlet de la robe de la reine, constellée de minuscules joyaux de toutes les couleurs, ainsi que les bas-de-chausses blancs et les souliers à bout carré blancs ornés d’une boucle d’or du roi. Ses cuisses avaient la taille de celles d’un taureau. Il s’appuyait en marchant sur une canne incrustée de pierreries qu’il enfonçait lourdement dans les cendres de la route. Le bonnet écrasé contre les placets que je serrais sur ma poitrine, je restai agenouillé sur le sol, mon cœur battant la chamade.
    « Yorkais, je suis disposé à vous entendre faire acte d’allégeance ! » La voix qui sortait de ce corps imposant était étrangement haut perchée, presque grinçante. Toujours à genoux, le sénéchal Tankerd déroula un long parchemin. Les yeux levés vers le roi, il prit en tremblant une profonde inspiration et ouvrit la bouche, mais fut incapable d’émettre le moindre son. Puis il recouvra ses esprits, surmonta cet atroce mutisme et se mit à déclamer d’une voix forte et claire un discours d’avocat : « Très puissant et victorieux prince… »
    Ce fut un long discours prononcé sur un ton d’abject abaissement : « Nous, vos humbles sujets, qui avons si gravement et traîtreusement offensé Votre Majesté par un acte déloyal de rébellion, promettons et jurons, avec sincérité et fidélité, de vénérer et de craindre Votre Royale Majesté, jusqu’au total épanchement du sang qui bat dans nos cœurs… »
    Je n’osai lever la tête, bien que mon cou me fit mal à nouveau. Dans cette pénible position agenouillée, mon dos aussi me faisait souffrir. Je jetai un coup d’œil de biais à Giles… Comme il courbait sa grosse tête presque jusqu’au sol, je ne pouvais pas voir son expression. Tankerd parvint enfin à la péroraison :
    « En signe de soumission, Gracieux Souverain, nous vous remettons notre serment, signé par tous les présents. »
    Il inclina très bas le

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