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Sang Royal

Sang Royal

Titel: Sang Royal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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en se changeant. Ç’a causé moult soucis au maire, Hall, acculé qu’il était entre le conseil municipal et le sieur Fealty. »
    Quelque chose papillota devant mes yeux et je compris que le satané plumet s’était une fois de plus desserré. J’ôtai mon bonnet et triturai l’épingle, prenant bien garde de ne pas briser la délicate hampe de la plume. Puis le capitaine des gardes cria : « En avant ! En avant ! » et je dus le renfoncer sur ma tête au moment où tout le monde se mettait en branle. Nous suivîmes la procession des échevins qui passaient sous l’arcade de Bootham Bar, les sabots des chevaux des soldats martelant le sol derrière nous.
    Si la ville était déserte, les Yorkais nous regardaient défiler par leurs fenêtres, où l’on apercevait des têtes se presser les unes contre les autres. Durant la nuit, la chaussée avait été recouverte de sable et de cendres pour assourdir le bruit des sabots, et au fur et à mesure que nous avancions des hommes armés de râteaux se précipitaient derrière nous pour remettre à niveau la couche. Dans certaines rues, des guirlandes de roses blanches avaient été accrochées d’un côté à l’autre, et ici et là, de rares tentures ou draperies aux couleurs vives flottaient aux fenêtres. Je me rappelai le récit de Giles à propos de la débauche de couleurs avec laquelle les Yorkais avaient pavoisé leur ville pour la visite du roi Richard III et des foules qui avaient accouru pour le voir.
    « Au fait, où en est l’enquête sur la mort de maître Oldroyd ? me demanda Tankerd.
    — C’est le coroner du roi qui est chargé de l’enquête.
    — Vu l’agilité de ce maître verrier, il est étrange qu’il soit tombé dans son chariot. Certains Yorkais affirment qu’on a dû le pousser pour le faire basculer de son échelle, mais c’est impossible, non ?
    — Je n’en sais rien, répondis-je, mal à l’aise.
    — Il y a eu toute une série d’accidents à Sainte-Marie, n’est-ce pas ? Cela doit préoccuper Maleverer…
    — En effet.
    — Vous participez toujours à l’enquête ?
    — Non. Plus maintenant. »
    Nous nous dirigions vers une autre porte, Fulford Gate sans doute, ornée de guirlandes. Allait-on y reclouer les têtes et les morceaux de corps humains une fois le roi passé ?
    Quelques maisons éparses s’égaillaient au-delà de la porte, mais très bientôt nous nous retrouvâmes en rase campagne, au milieu de verts pâturages et de champs labourés que la pluie de la veille avait parsemés de flaques d’eau. La route avait été réparée, les fondrières comblées.
    Un peu plus loin, quelques chariots étaient garés sur le bas-côté, surveillés par des valets et six soldats. Parvenus à leur hauteur, les échevins mirent pied à terre. Dans un silence pesant, ils ôtèrent leurs riches habits pour enfiler une longue robe de couleur sombre aux reflets fauves, qu’ils prirent dans les chariots. Il était insolite de voir le maire Hall, le visage rougeaud et renfrogné, se dévêtir et passer ses maigres bras blancs dans les manches de l’austère robe. Les valets rangèrent les beaux habits et les bonnets dans des cartons placés sur les chariots. À l’évidence, les édiles devaient rester tête nue. Je détournai mon regard sur les champs et j’aperçus au loin un paysan qui, à la tête d’un attelage de bœufs, effectuait le premier labour d’hiver. Je pensai soudain à mon père.
    Le capitaine sortit avec précaution une petite pendule portative de sa sacoche. « En avant ! » lança-t-il à nouveau. Les échevins se remirent en selle et nous avançâmes jusqu’à une grosse croix de pierre blanche qui se dressait au bord de la route. À cet endroit, des barrières avaient été abattues pour créer un espace libre empiétant sur les pâturages de chaque côté. Le capitaine descendit de cheval et alla se jucher sur le piédestal de la croix. D’une voix de stentor il ordonna à tous de mettre pied à terre et de s’aligner par rangées de vingt, les échevins en tête, les personnes ayant une fonction officielle comme Giles et moi d’un côté, et les autres derrière. Giles sortit les placets de son havresac et me les donna.
    « Tenez ! Vous devez les garder jusqu’à l’arrivée du roi. Rappelez-vous de me les remettre alors. » Je hochai la tête et les serrai contre ma poitrine, regrettant qu’ils soient si lourds. Tankerd accrocha son havresac bordé d’or en

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