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Sang Royal

Sang Royal

Titel: Sang Royal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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bandoulière et alla rejoindre les échevins. Un tic nerveux agitait ses sourcils. Les garçons d’écurie rassemblèrent les chevaux et les conduisirent dans les pâturages. Le capitaine inspecta notre groupe avant d’aller se placer à notre tête, l’œil fixé sur la route de Fulford.
    « Maintenant il nous faut attendre », murmura Giles. Je m’étirai la nuque, grimaçant sous le coup d’un douloureux élancement.
    Toute cette grande assemblée scrutait en silence la route qui s’étendait devant nous. Seul était perceptible le cliquetis de la chute des feuilles sur les bas-côtés. Au loin, dans le champ, là où les chevaux avaient été conduits, un édifice de bois tout en longueur enveloppé d’une toile marron avait été dressé. À quoi cela allait-il servir ? Derrière la toile, un groupe de serviteurs manœuvraient de longues planches dans lesquelles étaient percés de loin en loin des trous de la taille d’une tête humaine. On eût dit des carcans pour plusieurs condamnés. Je regardai Giles, qui haussa les épaules. Je soulageai mes bras en déplaçant les lourdes liasses de requêtes.
    Il faisait chaud, désormais, et je perçus l’odeur de sueur de nos compagnons qui commençaient à transpirer dans leurs robes. Je touchai mon chapeau pour m’assurer que la satanée plume était toujours en place, plaignant les malheureux échevins, contraints de rester nu-tête en plein soleil, tel le maire Hall, qui passa à ce moment-là la main sur son crâne chauve.
    Nous entendîmes le cortège avant de le voir : roulement de tonnerre dans le lointain de plus en plus sonore, produit par des milliers de sabots, comme je le compris soudain. Puis une énorme tache brune apparut à l’horizon au-dessus d’une légère élévation de terrain. Elle s’étendait lentement dans notre direction, couvrant la large route d’un bord à l’autre, tel un immense tapis que l’on déroulait à perte de vue. Le claquement tonitruant des sabots emplissait l’air, faisant s’envoler les oiseaux des arbres. Je discernai la forme de centaines de chariots à hauts bords, tirés par des attelages de chevaux de trait. Deux rangées de soldats en tunique rouge caracolaient de chaque côté, genou contre genou. En tête, un éblouissement de couleurs se résolut en une foule de cavaliers vêtus de somptueuses robes. Les chevaux qu’ils montaient étaient aussi richement harnachés. Comme je plissais les yeux dans l’espoir d’apercevoir le roi, des trompettes résonnèrent dans le cortège, et la gigantesque cavalcade s’arrêta brusquement à environ un quart de mille. Le claquement des sabots s’estompa, cédant la place à une rumeur de voix qui montait et descendait comme la mer, percée de temps à autre par des ordres hurlés. Pendant ce temps, nous attendions en silence sous le regard des soldats. Je sentais que tous ceux qui m’entouraient maîtrisaient difficilement leur surexcitation. Même Giles, ses yeux bleus brillant de curiosité, paraissait tendu. Il intercepta mon regard et sourit. « Eh bien, s’écria-t-il, ça y est ! »
    Lady Rochford, Rich et d’autres courtisans se détachèrent au groupe des Yorkais, se dirigèrent vers le cortège et disparurent dans la foule chamarrée qui se trouvait en tête. Le silence dura encore quelques instants. Puis les choses commencèrent à bouger. Les soldats qui nous accompagnaient chevauchèrent en tête pour s’aligner de chaque côté de la route entre nous et le cortège royal. Alors plusieurs silhouettes sortirent de la masse des personnes somptueusement apprêtées qui nous faisaient face et s’avancèrent lentement à pied. D’abord, six hérauts, dont la tunique rouge arborait le blason du roi – lys et léopards – vinrent se poster à côté des soldats, brandissant leur longue trompette où étaient accrochées des oriflammes aux lumineuses couleurs. Ensuite, deux garçons d’écurie vêtus de vestes bariolées de vert et de blanc amenèrent deux chevaux et s’arrêtèrent devant nous, un peu sur le côté. De grandes draperies richement brodées recouvraient le corps des deux bêtes, tandis que les franges et les glands d’or cousus sur les harnais de velours noir étincelaient dans le soleil. Si l’une des deux montures, une jument grise, était d’assez bonne taille, l’autre, un magnifique destrier, était gigantesque. Je compris soudain qu’il s’agissait des chevaux d’apparat du roi et de la reine.
    Seuls ou

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