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Sang Royal

Sang Royal

Titel: Sang Royal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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a blêmi et que son teint est devenu crayeux. Il a fixé sur la reine un regard désespéré comme s’il implorait son aide, avant de s’éloigner d’un pas chancelant.
    — C’était cruel, dit une voix.
    — Tu parles ! s’écria Cowfold. Fealty et la Cour auraient dû y réfléchir à deux fois avant de choisir la personne qui dessert le Sud devant le roi. Un bossu ! Ma mère a été touchée par un mendiant bossu et, après ça, tout est allé de travers dans sa vie… »
    N’y tenant plus, je me levai, ouvris la porte de la cabine et sortis.
    Un silence s’abattit immédiatement sur le groupe qui entourait le feu. Je fixai Cowfold. « Quand votre mère a-t-elle été touchée par le bossu ? demandai-je à haute et intelligible voix. Avant qu’elle vous conçoive, je parie, puisque ensuite tout est allé de travers dans sa vie ? Apparemment, ça l’a poussée à copuler avec des porcs. »
    Certains se mirent à rire nerveusement. Cowfold me foudroya du regard, et je devinai que seule ma position officielle l’empêchait de se ruer sur moi. Je m’éloignai, laissant un silence de mort derrière moi. Dehors, je sentis une douleur dans les mains et m’aperçus que j’avais serré les poings si fort que mes ongles commençaient à m’écorcher les paumes.
    Je m’en voulais d’avoir répliqué si vulgairement ; ce genre de propos ne pouvaient qu’aggraver la situation. Cowfold ne décolérerait pas et, à la moindre occasion, se raillerait de moi derrière mon dos. Un peu plus tôt Radwinter m’avait fait sortir de mes gonds et mes nerfs venaient de lâcher derechef… Il fallait que je me ressaisisse. Je m’arrêtai sous un arbre, respirai profondément, et suivis des yeux un troupeau de moutons à mufle noir que l’on conduisait dans un enclos vide. Sans doute les précédents occupants avaient-ils tous été menés à l’abattoir, afin de nourrir les milliers d’arrivants.
    Plus loin, un grand rustre en blouse, armé d’un gros gourdin et chargé d’un sac dégoulinant de sang, apparut et s’approcha de la cage aux ours. Au moment où l’homme déposait son sac à terre, les énormes bêtes poilues, jusque-là accroupies, se redressèrent et humèrent l’air. Il prit bien soin de demeurer à une distance prudente et sortit de son sac des morceaux de viande qu’il se mit à lancer à travers les barreaux métalliques. Révélant leurs crocs jaunâtres, les ours saisirent la viande dans leur long museau. Un ours plus avide et téméraire que les autres passa une patte à travers les barreaux afin d’attraper de ses longues griffes grisâtres un morceau de viande tombé hors de la cage. L’homme vociféra et frappa la patte de son gourdin, faisant hurler la bête. « Rentrez chez vous, maître Brun ! » lança le rustre, tandis que l’ours le fixait de ses minuscules yeux rouges.
    Je longeai le flanc de l’église pour gagner la cour principale. On était en fin d’après-midi mais, par bonheur, il faisait encore chaud, car dans ma hâte j’étais sorti sans robe ni manteau. Malgré la fine brume qui flottait dans l’air, c’était un calme et lumineux après-midi d’automne aux vives couleurs. La douceur du temps ne faisait que contraster avec mon humeur sombre.
    La cour était une vraie ruche et beaucoup de soldats étaient postés devant le Manoir du roi. Le roi et la reine étaient-ils à l’intérieur ? Des serviteurs couraient de-ci de-là et je faillis heurter un laquais qui transportait un énorme fauteuil sculpté jusqu’aux pavillons, je m’adossai contre le mur, à l’écart de l’agitation, afin de contempler le spectacle des silhouettes sillonnant la cour en tous sens.
    Des rires distingués fusèrent soudain. Un petit groupe de courtisans firent leur apparition. Parmi eux je remarquai lady Rochford, qui portait désormais une robe de soie jaune. À ses côtés Jennet Merlin serrait contre sa poitrine un petit chien aux oreilles pendantes.
    D’autres dames que je n’avais jamais vues les accompagnaient, toutes richement vêtues, le visage et le cou enduits d’un maquillage qui luisait telle la cire dans la lumière du soleil. Comme elles avançaient vers moi, leurs amples jupes bruissaient sur les pavés.
    Les dames plaisantaient avec un groupe de jeunes gens, parmi lesquels je reconnus le secrétaire de la reine, Francis Dereham, dont l’air chagrin était peut-être dû au fait qu’elles semblaient toutes s’intéresser à un athlétique

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