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Sang Royal

Sang Royal

Titel: Sang Royal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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jeune homme. Celui-ci, doté d’un joli visage aux traits ciselés encadré de cheveux bouclés châtains, resplendissait dans son pourpoint écarlate aux manches à crevés jaunes au-dessus d’une braguette d’or incurvée. Quand il tourna la tête, la pierre précieuse de sa boucle d’oreille étincela dans le soleil. Ses traits dégageaient, en fait, une certaine mollesse, une douceur lascive.
    « Vous devriez reprendre votre chien, lady Rochford, déclara le jeune fat. Je crains qu’il n’échauffe trop la poitrine de Mlle Marlin, elle a le visage tout empourpré. » Il fit un sourire taquin à Jennet, qui, en effet, était toute rose. Elle lui décocha un regard noir en échange.
    « Peut-être avez-vous raison, messire Culpeper, dit lady Rochford. Eh bien, Jennet, passez-le-moi ! »
    Mlle Marlin lui rendit l’animal qui se débattit lorsque lady Rochford le serra contre sa poitrine. « Là ! Tenir un chien ainsi fait du bien à un estomac délicat. Pas vrai, mon Rex ?
    — Je connais de meilleurs moyens pour réchauffer un doux ventre de femme ! » lança Culpeper, ce qui fit glousser tout le groupe. À mon grand étonnement, lady Rochford la gratifia d’un clin d’œil de jeune coquette. « Fi donc, monsieur ! s’esclaffa-t-elle.
    — Il n’y a aucune honte à réconforter une belle dame, répliqua-t-il en touchant le chien, qui grogna et se débattit à nouveau. Quand le groupe parvint à ma hauteur, je me détournai, mais Jennet Marlin eut le temps d’intercepter mon regard en fronçant les sourcils. Les courtisans passèrent devant moi et je les suivis des yeux. Lady Rochford, Mlle Marlin et Dereham, le jeune secrétaire à la mine renfrognée… Trois des personnes qui m’avaient vu entrer dans le Manoir du roi chargé du coffret, le jour où j’avais été assommé.
    Je m’éloignai du mur et regagnai la résidence sans me presser. Où donc était Barak ? Quelque part en compagnie de Tamasin, sans doute. J’étais sur le point d’entrer quand je m’entendis appeler. Me retournant, j’aperçus Craike qui se dirigeait vers moi.
    « Confrère Shardlake, fit-il, tout sourire. Comment vas-tu ? »
    Le ton était amical. Avait-il eu vent de ce qui m’était arrivé à Fulford ? Il me sembla que non. « Assez bien. Et toi, mon ami ? »
    Il soupira. « Je reçois d’incessantes plaintes à propos du logement. Les gens ont l’air de s’imaginer que d’un coup de baguette magique je peux chasser les poux des lits de toutes les auberges d’York.
    — Et ces milliers de nouveaux arrivants ? Où les a-t-on logés ?
    — J’ai une minute à moi. Veux-tu que je te montre où on les a installés ? »
    Je haussai les sourcils. « Tous ? En une minute ? »
    Il sourit. « Tous les serviteurs et portefaix, en tout cas. Deux mille personnes…
    — D’accord. Une distraction me fera du bien.
    — À moi aussi. Quel cauchemar !… Bon. Allons-y ! »
    À ma grande surprise, Craike me conduisit à l’église. Une bruyante agitation régnait à l’intérieur. La plupart des stalles étaient désormais occupées par des chevaux de selle. Des garçons d’écurie apportaient de grosses bottes de foin aux bêtes qui mangeaient goulûment tandis que d’autres valets les nettoyaient à grande eau. L’église empestait le fumier. Dans des chapelles latérales vides on installait des forges de maréchal-ferrant. On avait déjà allumé un feu ou deux et les forgerons travaillaient dur à la réparation des fers à cheval endommagés durant le voyage. Cinq mille chevaux dans le cortège, pensai-je, ça fait vingt mille fers.
    Je suivis l’exemple de Craike, qui souleva le bas de sa robe au-dessus de la paille et du fumier qui jonchaient le sol. Sous le haut clocher au centre de la nef, il s’arrêta devant une porte gardée par deux soldats. Ils le saluèrent.
    « Y a-t-il quelqu’un là-haut, soldat ? demanda Craike.
    — Non, monsieur. Personne. »
    Craike se tourna vers moi. « Viens ! lança-t-il. Te sens-tu assez vigoureux pour grimper quelques marches ?
    — Il me semble. » J’hésitai un instant. Était-ce une bonne idée de me laisser conduire, seul, par l’homme qui m’avait peut-être agressé ? Foin de tout cela ! pensai-je. Je ne vais pas me terrer dans cette satanée résidence.
    Nous franchîmes la porte et escaladâmes un long escalier en spirale. Nous n’en finissions pas de monter, et lorsque nous arrivâmes devant une autre porte

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