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Sang Royal

Sang Royal

Titel: Sang Royal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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supplémentaires, des tournebroches accouraient, tandis que, sous la surveillance d’un cuisinier en nage, d’autres actionnaient les énormes manivelles. Le hâtier était une machine extraordinairement complexe. Au niveau inférieur, des poulets grillaient sur de petites broches et des marmitons arrivaient puis repartaient à toute vitesse avec les volailles cuites, couvertes de la graisse dégoulinant du bœuf, avant de les découper habilement sur de grands plateaux. En tablier de cuir et un foulard sur le visage pour se protéger des jets de graisse, les petits marmitons remplissaient avec une rapidité et une adresse incroyables les écuelles tendues par les hommes affamés. On entendait des plaisanteries et des huées, mais les hommes se comportaient correctement. Ils avaient tous l’air fatigués. Leur journée avait dû être longue depuis leur départ pour la cérémonie de Fulford, avant de venir là établir leur bivouac.
    Tandis que je regardais les petits tournebroches se faufilant entre les flammes et les jets de graisse brûlante, je me disais que Craike avait tort. L’organisation du voyage était certes une extraordinaire entreprise, mais il était injuste de railler les manouvriers. Sans la discipline et l’habileté de ces hommes – conducteurs, portefaix et cuisiniers –, rien n’aurait pu être mené à bien.
    Quelqu’un toussa et je découvris Barak à mes côtés. « Ah, te voilà ! bougonnai-je. Quel spectacle, hein ? » Nous restâmes silencieux quelques instants à contempler les hommes accroupis près du feu qui dévoraient leur repas à belles dents.
    « Il y a des centaines de grands chevaux du Suffolk dans les champs éloignés, dit Barak. Je n’en ai jamais vu autant à la fois.
    — Je les ai vus. Craike m’a fait monter tout en haut du clocher. Les organisateurs s’en servent comme aire d’aigle pour surveiller le bivouac, au cas où les gars se livreraient à quelque bagarre.
    — Ce serait un vrai cauchemar ! ricana-t-il.
    — Oui, un véritable cauchemar ! m’esclaffai-je.
    — Je regrette d’être sorti de mes gonds, tout à l’heure. Cette entrevue avec ces crétins de Maleverer et de Rich m’avait mis les nerfs à vif.
    — Tu avais raison, en un sens, mais je ne pense pas pouvoir laisser tomber ce procès, pas tant que j’ai la moindre chance – si maigre soit-elle – de le gagner. Peux-tu comprendre cela ?
    — Oui, sans doute. » Il se tut quelques instants, puis changea de sujet. « J’ai parlé tout à l’heure à l’un des clercs présents à Fulford.
    — Ah oui ? fis-je en lui lançant un regard perçant.
    — Il m’a dit que messire Wrenne a eu un malaise juste après sa rencontre avec le roi.
    — Quoi ?
    — Il s’est effondré au milieu des échevins et a dû être transporté chez lui en chariot.
    — Voilà donc pourquoi il a disparu ! Moi qui croyais qu’il m’avait laissé choir… Comment va-t-il ?
    — Je sais seulement qu’il a été ramené chez lui afin qu’il se repose. Son état ne doit pas être trop grave, autrement on serait allé quérir un médecin.
    — J’irai lui rendre visite demain. Avez-vous vu le roi, toi et Tamasin, quand il est entré dans York ?
    — Oui. Seigneur Dieu, quel énorme gaillard ! La reine avait l’air minuscule à côté de lui, une souris à côté d’un lion. Il souriait et faisait de joyeux saluts de la main, mais j’ai remarqué des visages hostiles parmi la foule qu’une rangée de soldats séparait du roi.
    — En effet. » De hautes flammes jaillissaient du brasero. Comment les quatre garçons en sueur qui actionnaient les manivelles du hâtier parvenaient-ils à supporter cette chaleur ? « Continuons notre balade ! fis-je. Avant qu’on soit rôtis comme ce bœuf. »
    Nous nous promenâmes dans le campement. Il faisait très sombre désormais, même si les nombreux braseros et les lampes placés devant les tentes émettaient assez de lumière pour éclairer le chemin. La fraîche brise qui s’était levée nous envoya de la fumée en plein visage, et nous fit tousser.
    « Il faut que je te dise que je me suis bagarré avec Radwinter, cet après-midi.
    — Bagarré ? Vous ? » s’écria Barak en me dévisageant d’un air incrédule.
    Je lui décrivis la scène. Il sifflota. « J’ai eu moi-même envie de lui donner une petite correction après ses propos sur les juifs d’York. Grand Dieu, il a l’art de pousser les gens à bout !…

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