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Sang Royal

Sang Royal

Titel: Sang Royal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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votre arrivée à York. »
    Je hochai la tête. « Comportement idiot et indécent de la part d’une femme. Sur ce point, Maleverer a raison. Mais ce n’était pas une raison pour vous frapper. »
    Elle secoua la tête. « Peu importe », dit-elle. Elle me regarda fixement. « J’ai eu une drôle de vie, messire Shardlake. J’ai dû me débrouiller toute seule… Ma mère servait à la Cour.
    — Oui. Barak me l’a dit.
    — Elle cousait les vêtements des domestiques attachés à la personne de la reine dans l’atelier de couture. À l’époque de Catherine d’Aragon, puis d’Anne Boleyn.
    — Vraiment ?
    — Oui. Elle est morte pendant l’épidémie de peste à Londres, il y a sept ans.
    — Je suis désolé de l’apprendre, lui dis-je avec douceur. Tant d’êtres ont disparu à cette époque. J’ai perdu quelqu’un, moi aussi.
    — J’avais alors douze ans et je n’avais plus que ma grand-mère pour s’occuper de moi, ou plutôt c’est moi qui m’occupais d’elle, car elle était vieille et malade.
    — Je vois.
    — Je n’ai jamais su qui était mon père. Mais je crois qu’il était de bonne famille, déclara-t-elle avec un mouvement de fierté. Ma mère m’a dit que c’était un homme hautement qualifié.
    — Ah oui ?
    — Oui. C’était peut-être un courtisan de premier plan. »
    Ou un tailleur. Elle me faisait pitié. Sa mère avait dû lui raconter cette histoire pour lui mettre du baume au cœur, que sa fille ait moins honte des circonstances de sa naissance.
    « Je devine que vous mettez en doute mes paroles, monsieur, mais moi j’y crois. Je suis fière de mes origines, quoi qu’en puissent dire les mauvaises langues.
    — Vous avez raison. Vous ne devez pas écouter ce que racontent les méchantes gens. » Même si c’est le roi ? pensai-je.
    « Grand-maman m’a conseillé de tirer parti de la pénurie de serviteurs due à la peste pour solliciter la place de ma mère, poursuivit-elle. Et je l’ai obtenue, monsieur. J’ai annoncé au bureau du chambellan que j’étais une habile couturière, alors que je n’y connaissais goutte en couture.
    — Vous êtes apparemment très douée pour le mensonge.
    — J’ai travaillé dur, monsieur, répliqua-t-elle en se renfrognant. J’ai travaillé nuit et jour pour apprendre le métier. Les autres ouvrières me l’ont enseigné, en souvenir de ma mère. Et les pauvres sont contraints de faire flèche de tout bois. Il me fallait pourvoir à mes besoins et à ceux de ma grand-mère, et l’atelier de couture de la reine offrait de bons gages… Et une protection contre le monde extérieur.
    — Oui. Je comprends.
    — J’ai appris à ne compter que sur moi-même, monsieur.
    — Comme Barak.
    — Ce jour-là, quand je l’ai aperçu en ville, quelque chose s’est ému en moi, comme cela m’était rarement arrivé auparavant… Alors j’ai pensé : Pourquoi ne pas précipiter une rencontre ?
    — En vérité, vous êtes une petite maligne, dis-je en souriant malgré moi, et vous n’avez pas froid aux yeux. Et maintenant vous espérez ferrer le poisson, c’est ça ? conclus-je en plongeant mon regard dans le sien.
    — Nous devenons une bonne paire d’amis, répondit-elle, l’air grave. Je voulais juste vous prier de ne pas entraver notre amitié naissante. Cette requête vous paraît-elle téméraire, je vous prie ? »
    J’étudiai son visage un long moment. « Vous êtes une femme étrange, mam’selle Reedbourne. Je vous avais prise pour une petite volage, mais je constate que j’avais tort.
    — Jack regrette ses paroles de tout à l’heure.
    — Il était jadis très hardi. Et je pense que son désir de se ranger est contrecarré par celui de reprendre sa vie d’antan.
    — J’aimerais bien qu’il se range. Qu’il continue à travailler avec vous et qu’il juge à leur juste valeur les chances que vous lui avez données.
    — Voilà donc le fin mot de l’histoire, mam’selle Tamasin, dis-je avec un sourire narquois. Vous êtes venue me proposer un pacte.
    — Nous poursuivons le même but. Jack vous admire énormément, monsieur. Il affirme que, pour avoir eu vous-même des ennuis, vous avez pitié des pauvres gens et savez vous mettre à leur place.
    — Il a dit cela, vraiment ? » J’étais touché. C’était d’ailleurs le but des déclarations de Tamasin.
    « Oui, monsieur. Et il se sent responsable de la disparition du contenu du coffret. Il s’en veut

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