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Sang Royal

Sang Royal

Titel: Sang Royal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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juridiques que personne d’autre ne possède, qui sont réputés perdus ? »
    Il reçut la nouvelle avec un sourire de joie enfantin. « Réellement ?
    — Lincoln’s Inn paierait cher pour en acquérir des copies. Mais j’ai trouvé quelque chose d’autre… » Je pris une profonde inspiration. « Il s’agit d’une loi qui, me semble-t-il, a été ôtée des archives. Appelée le Titulus Regulus. »
    Il resta absolument impassible, me fixant à travers ses paupières entre-closes. « Ah ! fit-il.
    — Je me suis demandé si vous saviez l’avoir en votre possession.
    — Oui. Vous l’avez lue ? Qu’en avez-vous pensé ? »
    Je haussai les épaules. « Elle se fait l’écho des vieilles rumeurs selon lesquelles le mariage du roi Édouard IV avec Élisabeth Woodville n’était pas valable à cause d’un contrat préalable. Or, aujourd’hui il est impossible de prouver la véracité ou l’inanité de ces allégations. Il me semble que le roi Richard faisait flèche de tout bois afin de justifier sa prise de pouvoir. »
    Il hocha la tête d’un air sagace. « C’est possible.
    — Cependant, si ce document était révélé à l’heure qu’il est, cela pourrait susciter des troubles. »
    À mon grand étonnement, il sourit. « Matthew, répondit-il, pour ceux d’entre nous qui ont plus de soixante-dix ans, surtout pour les avocats, la mise à l’écart du Titulus est une vieille histoire. J’étais étudiant à Gray’s Inn quand il a été publié au vu et au su de tous et lorsque, l’année suivante, les sbires du nouveau roi ont investi toutes les écoles de droit pour en saisir la moindre copie. Je ne vois pas ce qu’il y a à ajouter à ce propos.
    — Veuillez excuser ma franchise, Giles, mais peu de gens sont encore en vie pour s’en souvenir. Et cette loi risquerait de produire un certain malaise s’il elle reparaissait au grand jour. »
    Il continua à sourire. « J’ai trouvé le Titulus il y a dix ans, à l’époque où l’on vidait la bibliothèque de la cathédrale de ses vieux livres de droit, et je l’ai conservé. Mais rares sont ceux qui s’intéressent à ma collection : Martin venait parfois consulter les livres, et à l’occasion un de mes confrères avocats fait de même. Mais je crois que, à part moi, vous êtes la seule personne depuis pas mal d’années à avoir passé autant de temps là-haut. Et ce texte de loi est plutôt bien caché. Rien ne le signale sur les étagères poussiéreuses, car je garde le fichier dans ma tête. Et vous n’allez pas en parler à Maleverer…
    — Bien sûr que non ! Mais vous devez savoir qu’au Manoir du roi, on se livre à une chasse aux documents subversifs.
    — Une chasse ? Quels documents ? me demanda-t-il, l’œil curieux.
    — Je ne peux en dire plus. Mais croyez-moi sur parole quand j’affirme que vous devriez vous débarrasser du Titulus. »
    Il réfléchit un instant. « Vous dites la vérité, Matthew ?
    — Oui. Si j’attache peu d’importance au fait que la révélation du Titulus gêne le roi, je ne voudrais pas que vous – comme quiconque, d’ailleurs – couriez le moindre danger à cause de cette satanée loi. Le moment est fort mal choisi pour en détenir une copie… »
    L’air songeur, il fixa le feu, puis poussa un soupir. « Peut-être avez-vous raison. J’ai été trop fier de ma collection. C’est une question de vanité, une fois de plus.
    — J’espère qu’il n’y a pas d’autres documents séditieux dans ces deux pièces ?
    — Non. Seulement le Titulus. Quand j’aurai disparu, si on le trouvait, je suppose que cela risquerait de causer des ennuis à mes exécuteurs testamentaires.
    — Oui, répondis-je, mal à l’aise. Ce n’est pas impossible. Et Madge risquerait d’être interrogée, elle aussi.
    — Ce serait un danger pour Madge ! Pauvre Angleterre, Seigneur Dieu ! Très bien. Attendez-moi, Matthew. » Il prit appui sur le bras de son fauteuil afin de se redresser, lentement.
    « Vous avez besoin d’aide ? demandai-je en me levant.
    — Non, merci. Je suis seulement un peu chancelant après avoir gardé le lit si longtemps. » Il se dirigea vers la porte d’un pas plutôt assuré et quitta la pièce. Je restai debout à regarder le feu. Avait-il rédigé un testament ? À qui serait léguée la bibliothèque ? À son neveu peut-être. Je me dis que si Martin Dakin était un avocat de Gray’s Inn politiquement très

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