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Sang Royal

Sang Royal

Titel: Sang Royal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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monsieur… », répondit évasivement Tamasin.
    Nous gagnâmes le Manoir du roi à grands pas et nous dirigeâmes vers les pavillons, vides en cette fin de semaine, mais gardés.
    « C’est le plus proche », expliqua Tamasin en nous conduisant vers l’extraordinaire construction. Des gardes postés devant les deux tours flanquant le portique d’entrée croisèrent leurs piques pour nous barrer le passage. Je jetai un coup d’œil à Tamasin, qui hocha la tête.
    « Nous avons rendez-vous avec lady Rochford », dis-je à l’un des gardes.
    Il nous examina des pieds à la tête. « Lady Rochford n’a parlé que d’une femme et d’un jeune homme.
    — Les ordres ont été modifiés. »
    J’étais gêné de porter un poignard, alors que le règlement l’interdisait. Apparemment convaincu que je n’étais pas dangereux, le garde finit par faire un signe de tête.
    « Deuxième porte à gauche », indiqua-t-il. Lui et son collègue relevèrent leurs armes et nous franchîmes le seuil. Un sentiment de peur m’envahit soudain. Et si lady Rochford tirait les ficelles en coulisse et que des complices s’apprêtaient à nous assassiner ? Mais une telle supposition était ridicule. Les soldats pourraient témoigner que nous avions précisément rendez-vous avec elle ; elle serait alors confondue.
    De l’autre côté du portique, on avait construit une grande cour intérieure au pavement de marbre et aux murs peints à l’imitation du marbre. Il y régnait une agréable odeur de bois fraîchement scié. Toute une série de portes s’ouvraient dans la cour, et devant chacune d’elles un soldat était en faction.
    « Les gardes ne vont-ils pas trouver singulier que lady Rochford nous ait donné rendez-vous ici ? chuchotai-je à Tamasin.
    — Son extravagance est notoire et ils ne jugeront pas cela anormal, les pavillons devant rester vides jusqu’à l’arrivée du roi d’Écosse. Leur seul souci est d’empêcher les serviteurs de venir voler les tapisseries et les meubles. »
    En nous dirigeant vers la porte indiquée par le garde, nous entrevîmes une pièce de réception décorée de somptueuses tapisseries. J’aperçus un dressoir chargé de vaisselle d’or et des domestiques qui s’appliquaient à parsemer le sol de joncs parfumés. Deux grands fauteuils d’apparat garnis de coussins violets y avaient été installés. C’était donc là que les deux rois allaient se rencontrer.
    À notre approche, le garde ouvrit la porte suivante. Nous entrâmes dans une pièce plus petite que celle que nous venions de découvrir. Elle ne contenait aucun mobilier mais les parois étaient tendues d’une suite de magnifiques tapisseries représentant la vie de saint Jean-Baptiste. Lady Rochford se tenait tout au fond de la salle. Elle portait une robe d’un rouge éclatant, très décolletée, qui dévoilait une poitrine toute blanche de céruse, à l’instar du visage et du cou. Un attifet incrusté de perles maintenait fermement sa chevelure brune. Elle arborait un air maussade et hautain qui s’intensifia quand elle m’aperçut.
    « Pourquoi avez-vous emmené cet avocat ? s’écria-t-elle. Tudieu, mam’selle Reedbourne, si vous essayez de m’imposer un avocat, moi je vous imposerai quelque chose de bien pire ! »
    Je lui fis une révérence, puis la regardai droit dans les yeux. J’étais intimidé mais ne voulais pas le montrer.
    « Je m’appelle Matthew Shardlake, milady. Je suis l’employeur de maître Barak, ici présent. Mam’selle Reedbourne et lui ont requis ma protection après la rencontre qu’ils ont faite la nuit dernière. »
    Lady Rochford s’avança vers Tamasin. Je crus qu’elle allait la frapper.
    « À qui d’autre en avez-vous parlé ? siffla-t-elle. À qui encore ? » Je devinai qu’elle aussi était extrêmement effrayée.
    « À personne d’autre, milady », souffla Tamasin.
    Lady Rochford posa sur moi un regard flou, puis se tourna vers Barak. « Vous avez un drôle de nom, lui dit-elle. Êtes-vous anglais ?
    — Des pieds à la tête, milady. »
    Elle reporta alors son attention sur Tamasin. À l’évidence, elle a l’intention de concentrer son attaque sur cette petite servante entièrement sous sa coupe, pensai-je.
    « Que croyez-vous au juste avoir vu, hier soir, vous et ce rustre de commis ? »
    Même si un tremblement était perceptible dans sa voix, Tamasin répondit tout à trac : « Messire Culpeper devant la porte de la

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