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Sang Royal

Sang Royal

Titel: Sang Royal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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d’entendre ses parents le soutenir et de comprendre qu’il avait sans doute discuté de ses croyances avec eux et pas avec moi, qui avais tout fait pour l’aider à entrer dans le monde du droit en aplanissant les obstacles sur sa voie. » Son ton était empreint d’une grande amertume.
    « Peut-être ne leur avait-il rien dit… Il est possible que ses parents aient trouvé normal dans une discussion de prendre le parti de leur fils, hasardai-je.
    — C’est possible, soupira-t-il. Et peut-être mon aigreur était-elle en partie due à ma tristesse toujours vivace d’avoir perdu mon enfant – et d’autant plus vivace que ma femme s’était mise à soutenir Martin, elle aussi. C’était de la déloyauté de sa part. J’ai fini par chasser de ma table Martin et ses parents. »
    Très étonné, je scrutai son visage. J’avais du mal à imaginer messire Wrenne furieux à ce point. Mais certes, avant sa maladie, il avait dû être redoutable.
    « Je n’ai jamais reparlé à Martin, ni à ses parents. Ma femme était fort contrariée que j’interdise notre table à sa sœur. Elle ne me l’a jamais pardonné. » Il secoua la tête avec tristesse. « Ma pauvre Sarah… L’accès de notre maison interdit à la famille de sa sœur ! Et puis, il y a trois ans, la peste a sévi à York, et a tué en quelques semaines mon épouse et les parents de Martin. Martin est venu à York pour organiser l’enterrement de ses parents, mais je n’ai pas eu la force de me mettre en relation avec lui ni d’assister à la cérémonie. Je ne sais même pas s’il s’est marié. À l’époque de notre querelle il était célibataire. » La honte se lisait sur son visage ridé.
    « Voilà un récit émouvant, Giles. Mais ce genre d’expérience a été bien trop fréquent ces dernières années. Les querelles de religion déchirant les familles…
    — L’orgueil et l’entêtement sont de graves péchés, dit-il. Je m’en rends compte aujourd’hui. J’aimerais me réconcilier avec Martin, si c’est possible… La vérité dans cette histoire, poursuivit-il en émettant un rire sans joie, c’est que nous avons tous les deux perdu, tandis que Cromwell et les réformateurs ont gagné.
    — Je dois vous dire, Giles, que si les réformateurs m’ont déçu, je ne considère pas que l’ancien système était meilleur. Ni moins impitoyable, ni moins fanatique… Ni moins cruel, ajoutai-je après une brève pause.
    — Même si, ces dernières années, je suis devenu à la fois plus morose et plus tolérant, je continue à m’en tenir à ma foi… Comme tout homme parvenu à la fin de sa vie doit le faire, précisa-t-il en me regardant droit dans les yeux. On dit que le roi lui-même est déçu par la réforme. Je n’en suis pas si sûr, malgré tout. Cranmer gère toujours l’Église.
    — Le roi joue une faction contre l’autre, dis-je en haussant les épaules. Et il se méfie des deux, désormais.
    — Par conséquent, dorénavant pour lui tout est politique ?
    — Peut-être croit-il que Dieu inspire la moindre de ses pensées et guide directement le moindre de ses actes. »
    Il poussa un petit grognement. « Je pense que nous sommes d’accord sur un point au moins, à savoir qu’il est grotesque de croire que Dieu manipule Lui-même le cerveau du roi.
    — Nous, les réformateurs de la première heure, n’avons jamais songé à remplacer le pape par le roi. » Je scrutai son visage. Je n’étais guère surpris qu’il fût conservateur en matière de religion, cela, je l’avais deviné. Toutefois, l’entêtement et le ressentiment manifestés à l’égard de sa famille m’avaient révélé un nouvel aspect de son caractère. Mais nous avons tous notre face obscure, pensai-je.
    « Bien, soupira-t-il. Oublions ces tristes sujets ! Si on allait voir comment se débrouille le jeune Barak ?
    — Giles, fis-je après un instant d’hésitation, avant d’aller rejoindre Barak, je dois vous faire à mon tour une confidence.
    — Quoi donc ? demanda-t-il en me regardant d’un air étonné.
    — Hier, pendant que je consultais vos cartes dans votre bibliothèque…
    — Ah oui ! Avez-vous trouvé ce que vous cherchiez ? Madge m’a dit que vous y aviez passé de longues heures.
    — Oui, merci. Votre collection est véritablement remarquable.
    — C’est mon passe-temps depuis cinquante ans, déclara-t-il en souriant de plaisir.
    — Savez-vous que vous avez là des ouvrages

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