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Sang Royal

Sang Royal

Titel: Sang Royal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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demanda le gamin. On a tous envie de repartir.
    — J’aimerais bien le savoir, répondis-je en souriant. Bon. Nous devons aller nous coucher maintenant. Bonne nuit ! »
    Nous gagnâmes le portail nord de l’église, ouvert sur la cour où se trouvaient la résidence et les enclos des animaux. Barak regarda vers la gauche, où se situaient les bâtiments monastiques, à l’autre bout de la cour.
    « C’est là-bas qu’elle t’attend, pas vrai ?
    — Oui.
    — Vas-y ! Je peux rentrer tout seul jusqu’à la résidence. » J’étais au regret de l’avoir agacé tout à l’heure.
    « C’est sûr ?
    — Oui. Vas-y ! Personne ne nous a suivis dans l’église, je gardais l’œil au guet. »
    Il s’éloigna et je m’engageai dans l’allée menant à la résidence. À côté d’un parc où broutaient de nombreux moutons à mufle noir, l’ours se dressait tout droit dans sa cage, ses pattes griffues posées sur les barreaux métalliques. Au moment où je passai devant lui, il geignit. Je m’arrêtai pour le regarder. La pauvre bête devait souffrir de ses blessures. Je l’observai à une distance prudente de quelques pieds de la cage. Il émit alors un sourd grognement de colère et changea de position. Fixés sur moi, ses petits yeux envoyaient des éclairs. L’épaisse fourrure dégageait une odeur rance.
    Je réfléchis à son aventure : capturé dans une forêt allemande lointaine, amené en Angleterre par un bateau, harcelé et battu afin qu’il se départe le moins possible de son état sauvage, avant d’être lâché dans une arène pleine de chiens. Le roi aurait adoré assister à son calvaire, pensai-je.
    J’entendis soudain un crissement, un bruit de métal frottant contre du métal. Je jetai un regard éperdu à l’entour, me rappelant immédiatement la broche du campement. Mais il n’y avait rien ni personne dans les parages. Je me retournai vers la cage. Quelque chose avait changé. Je me rendis soudain compte que la porte s’ouvrait. Une corde était fixée au sommet et, posté derrière la cage, quelqu’un tirait la porte vers le haut. L’ours recula, sans me quitter du regard. Il y eut un grand claquement métallique au moment où la porte se rabattait bruyamment sur le toit.
    L’animal sortit et demeura quelques instants au milieu de l’allée, les yeux toujours rivés sur moi. Des bêlements frénétiques montèrent de l’enclos des moutons. L’ours poussa un rugissement rauque et agita ses grosses pattes de devant dans ma direction, ses longues griffes incurvées étincelant dans la lumière de la lune.
    Je reculai d’un pas. Ma main se porta sur mon poignard – réflexe inutile s’il prenait envie à l’animal de charger. Alors, avec d’atroces grognements, l’ours se remit à quatre pattes et commença à marcher vers moi, traînant l’une de ses pattes de derrière, celle qui avait dû être abîmée durant le combat en présence du roi, et sans laquelle il aurait déjà bondi sur moi. Il se déplaçait vite, malgré tout. Je tournai les talons et me précipitai vers la porte ouverte de l’église, où j’entrai en trombe, dans la crainte de sentir ses griffes me déchirer le dos à tout instant, et d’être plaqué au sol sous le poids horrible de l’énorme bête.
    Une fois à l’intérieur, j’empoignai le portail pour le refermer, mais la pluie avait gauchi le bois et je n’arrivai pas à le faire bouger.
    « Au secours ! criai-je. L’ours est lâché ! » J’entendis des exclamations et des interjections derrière moi. L’ours avait dû s’immobiliser quelque part, car je ne le voyais plus. Le bruit le mettrait peut-être en fuite.
    Le valet d’écurie auquel j’avais parlé plus tôt accourut, accompagné de deux autres.
    « Que se passe-t-il ?
    — L’ours. Il est sorti de sa cage. Il est juste là, dehors. Aidez-moi à fermer la porte. Et que quelqu’un aille chercher des soldats ! Vite ! Dépêchez-vous ! » Je m’étais souvenu que les armes étaient interdites au Manoir du roi. Encore à moitié endormis, les palefreniers me fixaient d’un air hébété. « Sangdieu ! hurlai-je. Aidez-moi donc à fermer ce portail ! »
    L’un d’eux s’avança. « Mais qu’est-ce que… Oh, merde ! » s’écria-t-il en apercevant l’ours sur le seuil. D’un pas lourd, l’énorme bête entra dans l’église, son imposante tête tournée vers nous, les narines frémissantes. Nous fîmes tous un bond en arrière.

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