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Sang Royal

Sang Royal

Titel: Sang Royal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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par de lourdes chaînes. Malgré la pénombre, j’avais l’impression qu’il était plus livide que jamais.
    « Eh bien, sir Edward… »
    Il leva vers moi ses yeux brillants et furieux. Que pouvait-il savoir sur Jennet Marlin et son fiancé ? Mais même s’il savait quelque chose, Maleverer n’aurait pas réussi à le faire parler.
    « Où sommes-nous, maintenant ? demanda-t-il.
    — Dans un lieu appelé Leconfield. Nous passons la nuit ici et repartons demain pour Hull, me semble-t-il.
    — Leconfield ! Ah… » Une expression de tristesse passa sur son visage.
    « Vous connaissez l’endroit ?
    — Oui. » Il regarda par la portière ouverte. « Sommes-nous au château ?
    — Tout près. On peut le voir d’ici.
    — J’aimerais beaucoup le voir. Juste par la portière. Si c’est possible.
    — Non, fit Radwinter.
    — Si ! » rétorquai-je. Je souhaitais regarder plus nettement le prisonnier à la lumière. Radwinter haussa les épaules, l’air rageur. Broderick tenta de se mettre sur pied tant bien que mal, mais ses lourdes chaînes l’en empêchèrent. Je lui offris mon bras, qu’il accepta à contrecœur. À travers la chemise sale, on avait l’impression que son bras n’avait plus que la peau et les os. Il parvint jusqu’à la portière ouverte en traînant les pieds. Des courtisans franchissaient le pont-levis à cheval et un groupe de cygnes, dérangés par le vacarme, s’envolèrent des eaux calmes des douves. Les hauts murs de brique rutilaient dans la lumière du soleil couchant et tout autour les arbres se paraient de leurs éclatantes couleurs d’automne. Je scrutai le visage de Broderick, qui, surpris par la clarté, clignait des yeux. Émacié et livide, il avait l’air réellement pitoyable.
    « Je suis souvent venu ici, dans mon enfance, expliqua-t-il d’une voix très douce que je ne lui connaissais pas. C’était la demeure seigneuriale des Percy, dans le Yorkshire… Il fut un temps où la famille Percy était la plus noble famille du Nord, dit-il en se tounant vers moi.
    — Qui en est le propriétaire aujourd’hui ?
    — Qui possède tout ? Le roi. Il a forcé le comte de Northumberland à faire de lui son héritier et a tout raflé à sa mort. Et l’héritier légitime, sir Thomas, le frère du comte, a été exécuté pour avoir participé au Pèlerinage de la Grâce.
    — Où sont suspendus ses ossements ? »
    Il planta sur moi un regard perçant. « Nulle part. Le roi l’a fait brûler vif à Smithfield. Il a été réduit en cendres, et celles-ci ont été emportées par le vent. » Il se retourna vers Radwinter. « Je suppose que vous avez assisté à la scène, puisque vous m’avez affirmé être présent à toutes les exécutions sur le bûcher. »
    Radwinter se renfrogna. « C’est le devoir de tout homme d’assister à la fin d’un traître.
    — Pour vous, c’est une distraction. Vous êtes le digne serviteur de la Taupe.
    — Vous feriez mieux de rentrer, s’esclaffa Radwinter. Les chrétiens ne doivent pas voir votre face de traître. » Saisissant l’épaule de Broderick, il le poussa dans la pénombre de la voiture. Au milieu d’un bruit de chaînes, Broderick se baissa et s’installa avec difficulté sur le matelas.
    « Je prendrais bien un peu l’air moi-même, dit Radwinter. Puis-je vous dire deux mots, messire Shardlake ? » ajouta-t-il en sautant sur l’herbe avec agilité, tandis que je redescendais péniblement de la voiture. Il inspira avec avidité l’air frais du soir.
    « Ça fait du bien d’être dehors. Savez-vous si nous partons pour Hull demain ?
    — Je n’en suis pas sûr. Je le suppose.
    — Il me tarde de sortir de cette voiture. On y est constamment secoués par les cahots. En tout cas, on y est en sécurité… Il paraît que quelqu’un a tenté de vous tuer, ajouta-t-il du même ton désinvolte et que cette personne l’a payé de sa vie. Une femme…
    — C’est exact.
    — Je tiens cela de Maleverer. Il me l’a appris quand il est venu interroger Broderick, hier soir. Notre prisonnier a totalement nié connaître cette femme et son promis. Peut-être en avait-elle simplement par-dessus la tête de vos manières pédantes et de votre façon de fourrer votre nez partout.
    — C’est probable », répliquai-je sèchement. Pas question de perdre ma réserve et de lui en dire davantage que le peu que lui avait révélé Maleverer. « Broderick me paraît affaibli, mal en

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