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Sang Royal

Sang Royal

Titel: Sang Royal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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pourquoi donc aurait-il tué Broderick ?
    — Je n’en sais rien, sir William. C’est juste qu’il en avait l’occasion. Et…, eh bien, il est originaire du Kent. Vous vous rappelez ce que je vous ai dit sur Blaybourne ?
    — Ne mentionnez pas ce nom, Seigneur Dieu ! Les murs ont des oreilles. Vous continuez à ressasser cette histoire ?
    — Je me suis posé des questions à propos de la famille de Blaybourne. Si la confession sur laquelle j’ai jeté un coup d’œil a été transmise…
    — Vous raffolez des hypothèses saugrenues, n’est-ce pas ? » Il pointa sa plume sur moi. « Vous n’êtes pas sans savoir que la plupart des soldats qui escortaient le cortège étaient originaires du Kent. Leacon fait partie de la garde royale depuis cinq ans. Il a toujours été extrêmement sérieux, jusqu’à cette négligence.
    — Qu’il commette une négligence précisément à ce moment, n’est-ce pas en soi un sujet d’inquiétude ?
    — Prenez garde ! L’agression dont vous avez été victime vous porte à soupçonner n’importe qui et à souiller la réputation de tout le monde sans la moindre preuve… Allez-vous-en ! me lança-t-il en m’indiquant la porte. Sortez ! Hors de ma vue ! Dehors ! »
     
    Après notre départ d’Ipswich, la malchance sembla abandonner le bateau comme par enchantement. Un vent favorable nous poussa et nous atteignîmes la Tamise en quatre jours, le 1 er  novembre. Accoudé au bastingage, je regardai le bateau remonter le large estuaire entre les berges boueuses. La mer était calme et des filets de brume planaient au-dessus du rivage. Comme tous les autres passagers, j’avais froid et j’étais épuisé. Les premières maisons apparurent et le bateau se dirigea en louvoyant vers le quai de Billingsgate. Sur la rive nord, la tour de Londres se dressait au-dessus de nous.
    Barak et Tamasin firent leur apparition et vinrent se placer à mes côtés. Tamasin posa sur moi un regard indécis. Je lui souris, car à quoi aurait servi d’afficher notre différend ?
    « Que salue-t-on ? » demanda Barak. Les cloches carillonnaient dans toutes les églises de la ville.
    « Il paraît que, en l’honneur de la reine Catherine, le roi a ordonné de célébrer des offices dans toutes les églises, pour remercier Dieu d’avoir enfin trouvé une bonne épouse, déclara Tamasin.
    — S’il savait…, murmura Barak.
    — Eh bien, il ne sait pas, répliquai-je à voix basse. Et il ne faut pas qu’il le sache. Oublions tout ça. Nous nous fondons à nouveau dans Londres. »
    Tamasin poussa un soupir de soulagement. « Cela semble une merveilleuse perspective, après ces six dernières semaines.
    — En effet… Mais il faut que j’aille chercher messire Wrenne, ajoutai-je, mal à l’aise. Lui annoncer qu’on est presque arrivés. »
    Je descendis sous le pont pour gagner la minuscule cabine de Giles. Il avait passé toute la semaine sur sa couchette, endormi la plupart du temps. Je le trouvai éveillé, mais allongé, l’air chagrin.
    « Nous sommes presque arrivés, dis-je.
    — Je le sais. D’après les appels des marins. J’ai donc survécu à la traversée, commenta-t-il avec un petit sourire.
    — Comment allez-vous ?
    — Mieux. Je dois me lever, soupira-t-il.
    — Lorsque nous arriverons chez moi, il faudra que vous vous reposiez plusieurs jours. Entre-temps, Barak et moi irons faire une enquête à Gray’s Inn.
    — Pourriez-vous attendre un peu ? Jusqu’à ce que je me sente capable de vous accompagner. » Il eut un rire gêné. « J’aimerais revoir mon neveu debout sur mes deux jambes, plutôt que de lui imposer une visite à mon chevet.
    — Très bien, Giles. Absolument. Attendons quelques jours. Je vais faire venir mon ami Guy. Il est apothicaire, mais c’est aussi un médecin patenté.
    — Le vieux Maure espagnol dont vous m’avez parlé ?
    — C’est ça. Je suis persuadé qu’il soulagera vos douleurs. Et vous apprécierez mon logis. Joan, ma gouvernante, est une bonne vieille qui prendra bien soin de vous. » Penser à ma maison me mit du baume au cœur. En tout premier lieu, je tâcherai de faire fixer la date du procès Bealknap.
    « Vous avez été si bon pour moi, murmura Giles. Comme un fils.
    Je ne répondis rien, me contentant de lui poser la main sur le bras. « Je vous laisse vous préparer. On vous attend en haut. »
    Quand j’arrivai sur le pont je constatai que nous étions en train

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