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Sang Royal

Sang Royal

Titel: Sang Royal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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d’accoster. Le bateau cogna contre le débarcadère sur lequel se trouvaient six soldats armés de piques, l’escorte de Radwinter.
    Le bateau fut amarré. Giles nous rejoignit, agrippé au bastingage. « Londres, fit-il. Ça paraît énorme.
    — Ça l’est, dit Barak. On dit qu’il y débarque chaque jour un millier de nouveaux arrivants.
    — Jack vous fera visiter la ville, monsieur, dit Tamasin.
    — Et vous aussi, j’espère, mam’selle. Ce sera agréable de marcher dans les rues de Londres en compagnie d’une jolie fille. »
    Nous regardâmes débarquer les courtisans, petite troupe plutôt débraillée, à présent. Maleverer se trouvait parmi eux.
    Le sergent Leacon apparut en compagnie des deux soldats qui flanquaient Radwinter. Les vêtements jadis si nets du geôlier étaient tout chiffonnés. Le visage crasseux, mal rasé, les cheveux et la barbe hirsutes, l’homme avait les bras et les jambes enchaînés, comme jadis Broderick. La tête pendante, il n’avait plus du tout l’air farouche.
    Leacon et les soldats lui firent traverser la passerelle et le conduisirent vers l’escorte qui l’attendait. Sur un signe d’un soldat, les passagers restants débarquèrent à leur tour. Une fois sur le quai, surpris par la sensation de marcher sur la terre ferme, je faillis perdre l’équilibre. Tamasin et Barak me saisirent chacun un bras.
    « Tout doux ! s’écria Barak. Vous allez provoquer une dégringolade générale ! Je suis un peu chancelant, moi aussi. »
    Je sentis une autre main sur mon bras. Je me retournai, pensant qu’il s’agissait d’une main secourable.
    « Ça va… » Je m’interrompis. La main m’avait serré fortement le bras et je découvrais maintenant qu’elle appartenait au sergent Leacon. Trois des soldats s’étaient approchés et nous entouraient, à présent, brandissant leurs piques. Le sergent Leacon posa sur moi un regard grave.
    « Il faut que vous suiviez les soldats, messire Shardlake. »
    Je me renfrognai. « Mais… de quoi s’agit-il ?
    — Vous êtes en état d’arrestation, monsieur. Vous êtes soupçonné de trahison. »
    Giles s’avança. « De trahison ? répéta-t-il, stupéfait, un tressaillement dans la voix. Que voulez-vous dire ? Il doit y avoir une erreur…
    — Aucune erreur, monsieur. Les soldats qui sont venus chercher Radwinter ont aussi apporté un mandat d’arrêt concernant messire Shardlake.
    — Voyons un peu ! lança Giles d’un ton d’autorité en tendant la main. Je suis avocat. » Leacon sortit un document de sa poche et le lui remit. Giles l’étudia, les yeux écarquillés, avant de me le passer d’une main tremblante. L’ordre d’arrestation portait la signature de l’archevêque Cranmer.
    « De quoi m’accuse-t-on ? » J’avais les lèvres douloureusement gercées et mon cœur cognait comme un fou dans ma poitrine.
    « On vous le dira à la Tour.
    — Non ! » Barak se jeta en avant et saisit le bras de Leacon. « C’est impossible. Il doit y avoir une erreur. L’archevêque Cranmer… »
    Un soldat lui attrapa le bras. Barak perdit l’équilibre et tomba sur les pavés boueux en poussant un cri. On m’entraîna sans ménagement.
    « Cherche à savoir de quoi il retourne, Jack ! » lançai-je.
    Tamasin l’aidait à se remettre sur pied. « Comptez sur nous ! » me cria-t-elle. Figé, la mine scandalisée, Wrenne contemplait la scène. Un peu plus loin, les courtisans me fixaient. Je croisai le regard de Maleverer. Il inclina la tête, haussa les sourcils et sourit. Il savait.

41.
    LES SOLDATS NOUS ENTRAÎNÈRENT VERS UNE GRANDE BARQUE à rames ancrée un peu plus loin. Le sergent Leacon ne nous accompagna pas et je fus, bizarrement, très malheureux d’être abandonné à des mains étrangères. On me fit descendre des marches couvertes de bourbe verdâtre gluante. Je glissai, et, si l’un des soldats ne m’avait pas saisi le bras, je serais tombé dans les eaux sales de la Tamise.
    Ils m’installèrent près de Radwinter et firent avancer la barque à coups de rames au milieu du large fleuve. Lorsque je me retournai vers le quai, j’aperçus, immobiles comme des statues, trois personnes qui regardaient, et dont nous nous éloignions de plus en plus : Barak, Tamasin et Giles, impuissants à m’aider.
    D’autres embarcations s’écartaient, à la vue du bateau empli de tuniques rouges. Nous passâmes tout près d’un bachot dont le passager, un magistrat

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