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Sang Royal

Sang Royal

Titel: Sang Royal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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d’ailleurs pas. C’est une simple brute, qui ne prend pas le temps de réfléchir et qui ne possède aucune finesse.
    — Contrairement à lord Cromwell.
    — Oh oui ! Lui avait le don de double vue. Tu penses que je me trompe ?
    — Je n’en sais rien. Si vous avez raison, la personne qui a aidé Broderick à mourir pourrait être n’importe qui sur le bateau, voire un membre de l’équipage.
    — Certes. » J’hésitai. « Hier soir, avant la mort de Broderick, alors que j’étais assis ici, Rich est monté et s’est mis à arpenter le pont. Quand il m’a vu, il m’a décoché son sourire sardonique.
    — Pourquoi Rich aurait-il tué Broderick ? Pour quelle raison priverait-il le roi de son prisonnier favori ?
    — Aucune idée.
    — En tout cas, cette fois-ci on peut exclure lady Rochford de la liste des suspects.
    — Oui. » Je me mordis la lèvre. « Il existe une autre hypothèse. Une personne jouissait de l’occasion rêvée pour tout préparer avec Broderick et ensuite l’aider à mourir. Un homme originaire du Kent.
    — Le sergent Leacon ? demanda Barak, stupéfait.
    — Peut-être ne faut-il pas se fier aux apparences. Depuis ma conversation avec le vieil avocat de Hull, je me suis interrogé sur la famille de l’archer Blaybourne. Il a dû aller la retrouver dans le Kent après son retour de France. Que savaient ces gens, au juste ? La confession aurait pu être faite devant un parent dans le Sud, gardée dans la famille, puis apportée à Londres et ensuite à York quand la rébellion a été organisée. »
    Barak secoua la tête. « Je n’arrive pas à imaginer Leacon en tueur.
    — Il n’est pas nécessaire qu’il le soit. La personne qui m’a assommé au Manoir du roi n’avait peut-être pas l’intention de me tuer, seulement de s’emparer des documents. Et elle n’a pas tué Broderick, elle l’a simplement aidé à en finir. Leacon aurait pu assommer Radwinter et aider Broderick à mourir avant d’aller faire son rapport à Maleverer. Il aurait même pu permettre aux soldats de se procurer la bière. »
    Barak prit un air dubitatif. « Ça colle, et pourtant…
    — Je sais. Il n’a vraiment pas la tête de l’emploi. Je suis déjà gêné à cause du rôle que j’ai joué dans les ennuis de ses parents. J’ai proposé de tenter de les aider. »
    Il réfléchit quelques instants. « C’est lui qui garde Radwinter, à présent.
    — C’est exact.
    — Peut-être devriez-vous en parler à Maleverer. »
    Je secouai la tête. « C’est inutile. Il n’écouterait pas.
    — Vous devriez quand même. »
    Je soupirai. « Un de ces jours il sera tellement las de mes supputations que je vais finir par avoir des ennuis. Mais tu as raison. »
    Une nouvelle grosse vague heurta le bateau de plein fouet, qui éclaboussa les matelots en train de manœuvrer les voiles. Au même moment un cri fut poussé depuis le nid-de-pie : « Terre ! »
     
    Nous passâmes quatre jours à Ipswich, une jolie petite ville. Si mettre le bateau en cale sèche et réparer le gouvernail n’était pas tâche aisée, il ne fut pas difficile, en revanche, de trouver une auberge. Giles, épuisé de douleur et d’humeur peu loquace, se coucha sur-le-champ. Je décidai de suivre les conseils de Barak et partis à la recherche de Maleverer. Il avait reconstitué son cabinet de travail dans une chambre de l’une des meilleures hôtelleries de la ville. Déjà, ses documents étaient entassés sur un bureau de fortune. Les traits tirés, son teint rougeaud devenu pâle et grisâtre, il était occupé à écrire quand j’entrai dans la pièce et, comme à l’accoutumée, il m’accueillit par un froncement de sourcils.
    « Je n’ai guère de temps à vous accorder, messire Shardlake. Je dois préparer un long rapport pour le conseil.
    — Une idée m’a traversé l’esprit, sir William. À propos de la mort de Broderick. »
    Il soupira, mais posa sa plume. « Eh bien ? »
    Je lui fis part de mes réflexions au sujet de Leacon. Il me fixa d’un air agacé.
    « Leacon aurait pu tuer Broderick n’importe quand durant ces dernières semaines, rétorqua-t-il.
    — Je doute qu’il y ait eu un moment où il n’y avait pas d’autres soldats dans les parages. Cette fois-ci, ç’a peut-être été l’occasion idéale.
    — Il a commis la négligence de laisser ces soldats se saouler. Je l’indique dans mon rapport et il en paiera le prix. Mais, Dieu du ciel,

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