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Sang Royal

Sang Royal

Titel: Sang Royal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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une dextérité telle que j’eus à peine le temps de comprendre ce qu’il faisait, il saisit sous le lit une chaîne dotée de menottes à chaque bout, qu’il glissa autour de mes poignets. Il y eut un double déclic et je me retrouvai entravé. Il se pencha de nouveau, tira une autre chaîne et m’attacha les pieds, avant de se lever et d’examiner son travail en hochant la tête.
    « Bien. Ça ira comme ça !
    — Est-ce absolument nécessaire ? demandai-je, la peur faisant monter ma voix de plusieurs tons.
    — Est-ce ab-solument né-cessaire ? répéta-t-il avec un large sourire moqueur en imitant mon accent d’homme instruit. C’est le règlement, l’ami. Et c’est pas ce qu’il y a de pire, comme vous allez le constater. » Après avoir jeté un coup d’œil sur Radwinter, toujours affalé, la tête entre les mains, le gardien sortit de la cellule. La clef tourna bruyamment dans la serrure.
    Je restai immobile, figé de terreur. Les chaînes étaient assez longues pour que je puisse remuer les bras et sans doute marcher, mais elles étaient lourdes, et l’un des fers était très serré, pas au point d’entraver la circulation du sang mais suffisamment pour écorcher mon poignet quand je le bougeais.
    Radwinter me fixait du regard. Les vêtements crasseux, le visage sale, il avait les yeux hagards et injectés de sang. On ne reconnaissait guère l’homme soigné et sûr de lui qui m’avait accueilli au château d’York.
    « Qu’avez-vous fait ? demanda-t-il d’une voix enrouee, fêlée.
    — Pas ce dont on m’accuse.
    — Vous mentez ! » hurla-t-il soudain.
    Je ne répondis pas, de crainte qu’il ne se jette sur moi.
    D’un ton à la fois amer et passionné, il reprit : « Vous êtes un faible de nature, et les faibles sont des êtres dangereux. Ils peuvent se laisser influencer par des pécheurs, comme Broderick. Il faut châtier les méchants, car ils le méritent. Quand il me battait, mon père me disait que c’était la loi divine, et il avait raison. C’est vrai. Si, c’est la vérité ! hurla-t-il, comme si je l’avais contredit. Mais je n’ai pas tué Broderick ! J’ai commis des erreurs, mais commettre une erreur ne signifie pas que l’on est un traître et ça ne justifie pas cette punition ! cria-t-il en fixant sur moi des yeux de fou.
    — Peut-être se contentera-t-on de vous interroger, dis-je pour le calmer. Puis on vous relâchera quand on s’apercevra que vous n’êtes pas responsable de la mort de Broderick. Personnellement, je ne crois pas que vous l’ayez tué. »
    Il ne sembla faire aucun cas de mes paroles. « Les erreurs doivent être punies. » Il fronça les sourcils. « Mais pas aussi sévèrement. C’est le mal fait sciemment qu’il faut punir avec dureté. Mon père m’a élevé ainsi. Pour avoir oublié l’heure de mon coucher : trois coups de martinet. Pour être resté volontairement jouer dehors plus longtemps que permis : douze. Les cicatrices me le rappellent. Il m’avait fait ces marques pour que je n’oublie pas. »
    Je ne répondis rien. Il avait l’œil vague, le regard tourné vers l’intérieur, et se parlait davantage à lui-même qu’il ne dialoguait avec moi.
    « Parfois il me faisait agenouiller et m’obligeait à regarder le martinet pendant une demi-heure avant qu’il l’utilise. Cela faisait partie de la punition. Il m’a appris que ça ne marche pas avec les animaux. » Il leva les yeux vers moi. « Vous vous rappelez ? demanda-t-il en souriant. Je vous l’ai déjà expliqué.
    — Oui. » Je me dis que Maleverer avait raison : cet homme avait perdu la tête ; l’épreuve qu’il subissait était au-dessus de ses forces. On m’avait enfermé avec un fou.
    « Il me racontait ça quand on allait aux combats de taureaux et de chiens, et qu’il me serrait la main si fort que le sang ne passait plus. L’attente effraye un garçonnet, et je devinais que ça effraierait aussi un homme adulte. » Il eut alors un rictus que j’espère ne jamais revoir sur les lèvres de quiconque. Je me déplaçai sur le lit, en un effort involontaire pour m’éloigner un peu plus de lui. Il parut recouvrer ses esprits et planta sur moi son regard glacial de jadis.
    « Vous, vous allez sentir la morsure du martinet, je veux dire de l’instrument, mais pas moi, parce que je suis innocent. Aux yeux de Dieu je suis bon ! Le roi, le représentant de Dieu sur terre, ne le permettra pas ! » Il se mit

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