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Sang Royal

Sang Royal

Titel: Sang Royal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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qu’il a rédigé contre vous.
    — Donc c’est lui mon accusateur ?
    — Oui. Il vous accuse de ne pas avoir dit que vous connaissiez l’existence d’une certaine relation entre la reine et Dereham.
    — Dereham ? répétai-je, médusé.
    — Messire Dereham est soupçonné d’avoir eu une affaire de cœur avec la reine Catherine. On vous suspecte de l’avoir su et de vous être tu. »
    Je me rappelais à présent que Rich m’avait vu sortir de la tente de la reine à Holme et qu’il avait vu Dereham m’interpeller et me questionner dans une rue de Hull. Dereham avait dû être soupçonné et peut-être était-il surveillé par Maleverer. Rich avait raconté ces deux scènes à Maleverer et on m’avait arrêté. Alors que je savais des choses si graves, je me retrouvais à la Tour pour quelque chose que j’ignorais totalement. « Dereham ? répétai-je.
    — À quoi bon dissimuler, Shardlake ? répliqua-t-il d’un ton serein, en bon maître d’école qui tente de faire entendre raison à un élève têtu. Je vais vous montrer ce qui vous attend si vous vous obstinez. » Mais il resta immobile, le regard fixé sur moi. Son attitude acheva de me déconcerter et je frissonnai à nouveau.
    Il y eut un cliquetis de clefs. Le gros gardien était revenu, accompagné d’un jeune homme trapu vêtu d’un pourpoint en cuir taché. Je plissai les yeux pour scruter le pourpoint dans la pénombre. S’agissait-il de taches de sang ?
    Sir Jacob leur fit un signe de tête. « Fouillez-le ! »
    Je grimaçai lorsque les deux hommes m’empoignèrent et passèrent leurs mains brutales sur mes vêtements. Ils prirent mon poignard, ma bourse, le sceau de Cranmer et les posèrent sur le bureau. Sir Jacob se saisit du sceau, le regarda et poussa un petit grognement.
    « Faites sortir Bernard Locke, dit-il aux deux hommes. Il faut qu’on le mette dans la cellule des condamnés sur le point d’être exécutés. »
    Ils ouvrirent la porte de l’une des cellules et y pénétrèrent. J’allais donc voir en chair et en os le fiancé de Jennet Marlin, l’homme qui l’avait chargée de cette mission de mort.
    On l’amena sur une chaise. Il n’était pas enchaîné et je compris qu’il avait été tellement torturé qu’il ne pouvait plus marcher. Ses jambes et l’un de ses bras pendaient, flasques, tandis que de l’autre bras, secoué de spasmes et de tremblements, il essayait de s’accrocher au bord du siège pour garder l’équilibre. « On y va, l’ami ! » lança le gros gardien d’un ton plaisant au moment de lui faire traverser l’espace central. J’essayai de voir le visage de Locke, mais il était dissimulé par de longues mèches de cheveux.
    « Un instant ! » cria sir Jacob. Les gardiens, qui suaient à grosses gouttes, s’immobilisèrent. Le vice-gouverneur fit redresser la tête de Locke en tirant sur ses cheveux. Le prisonnier geignit. Une balafre purulente, marque de brûlure, lui traversait le front. Je fus surpris de constater qu’il avait toujours dû être laid. Ses traits étaient épais, grossiers, et ses yeux proéminents regardaient à présent de toutes parts d’un air hagard.
    « Eh bien, messire Locke ! fit sir Jacob. Vous voilà donc presque au terme du voyage. J’ai pensé que vous deviez rencontrer messire Shardlake, un autre avocat qui a mal tourné, l’homme que votre fiancée a tenté de tuer. Avez-vous quelque chose à lui dire ? »
    Bernard Locke me fixa quelques instants. Le simple fait de tourner la tête le fit grimacer. « Non, chuchota-t-il.
    — Pourquoi avez-vous fait cela ? lui demandai-je. Pour quel motif avez-vous utilisé de la sorte cette malheureuse femme ? Pour quelle raison l’avoir obligée à ôter la vie à un innocent et lui avoir fait courir un péril tel qu’elle en a perdu la vie ? »
    Il ne répondit pas, se contentant de fixer sur moi un regard vague, comme s’il appartenait déjà à un autre monde.
    « Vous avez trahi les conjurés, vous l’avez trahie, elle. »
    Il ne répondit pas davantage.
    « Si vous aviez réussi, auriez-vous épousé Jennet ? » Pour une raison inconnue, j’avais besoin de le savoir.
    Il passa une langue gonflée sur des lèvres gercées. « Peut-être, fit-il d’une voix à la fois rauque et haut perchée. Quelle importance désormais ? »
    Une autre question me traversa l’esprit. « Connaissez-vous un avocat de Gray’s Inn du nom de Martin Dakin ? » Je savais que la

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