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Sang Royal

Sang Royal

Titel: Sang Royal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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question ne pouvait faire courir aucun danger à Dakin. Locke avait sans aucun doute déjà dit à ses bourreaux tout ce qui aurait pu incriminer un tiers.
    Une lueur d’intérêt brilla dans les yeux vides. « Oui. Je connaissais Martin. » Il parlait déjà de lui-même au passé, comme s’il était déjà mort. Sa bouche se tordit en un demi-sourire. « Il n’était pas impliqué. Il ne court aucun danger.
    — Qui est ce Dakin ? » demanda sir Jacob.
    Je poussai un soupir. « C’est seulement le neveu d’un vieux juriste que je connais. Un avocat de Gray’s Inn. J’essaye d’aider cet homme à le retrouver. »
    Il fronça les sourcils. « Vous avez d’autres préoccupations désormais, messire Shardlake, croyez-moi. » Il fit un signe de tête aux geôliers, qui emportèrent Locke, l’effort faisant haleter le gros homme. Ce dernier réussit péniblement à déverrouiller la porte sans lâcher la chaise, et ils transportèrent Locke de l’autre côté. « Ça va pas être facile de monter l’escalier, déclara le jeune gardien.
    — Que non ! haleta le gros. Tu nous causes des ennuis, tu sais, l’ami », dit-il à Locke. L’ascension des marches arracha à Locke un gémissement à chaque saccade. Sir Jacob inclina la tête.
    « À la fin, ils ont si mal qu’ils sont incapables de penser à autre chose. Eh bien ! il sera bientôt au bout de ses peines. Il aura la tête tranchée demain.
    — Il n’y aura pas de procès ? »
    Il me lança un long regard de travers, comme si j’avais proféré une insolence. « Je pense que je vais vous laisser un certain temps pour que vous compreniez où vous êtes, dit-il. Oui, cela vaudra mieux. Nous reparlerons plus tard. » En attendant le retour des gardiens, il s’installa au bureau, commença à jeter des notes sur une feuille de papier et ne me prêta plus aucune attention.
    Je restai debout devant lui, les jambes flageolantes, l’esprit agité de pensées fiévreuses. La reine avait-elle eu des relations amoureuses, non seulement avec Culpeper, mais aussi avec Dereham ? Cela paraissait incroyable, pourtant, rien d’autre ne pouvait expliquer la présence de la signature de Cranmer au bas du mandat d’amener. Si personne ne savait rien à propos de Culpeper, moi, je pouvais sans mentir affirmer ne rien savoir sur Dereham. Allait-on me croire ou, au contraire, essayer de me faire parler coûte que coûte ? Je savais aussi que si l’on me torturait je leur raconterais n’importe quoi pour les faire cesser et que je leur avouerais ce que je savais sur Culpeper, ou mes doutes à propos de l’ascendance du roi. Absolument n’importe quoi. Je savais parfaitement que je ne serais pas aussi résistant que Locke, ni que Broderick s’il avait été torturé à la Tour. La terreur me fit soudain chavirer l’esprit et, cachant mon visage dans mes mains, je me mis à gémir.
    Essoufflés, haletants, les gardiens redescendirent l’escalier. J’enlevai mes mains tremblantes de mon visage. Sir Jacob me regardait avec une tranquille satisfaction. « Ça y est ! lança-t-il. La lumière a jailli semble-t-il. Mettez-le avec Radwinter ! »

42.
    LE GROS GARDIEN ME FIT MONTER À L’ÉTAGE SUPÉRIEUR, et me conduisit jusqu’à un étroit couloir éclairé par des torches où étaient alignées toute une série de robustes portes en bois. Il en ouvrit une et me poussa à l’intérieur de la cellule d’un geste si brusque que je faillis tomber.
    C’était une longue pièce basse de plafond dont les murs de brique badigeonnés étaient maculés de plaques de moisi. Par une petite fenêtre à barreaux percée en hauteur à l’autre bout de la cellule, j’apercevais un morceau de ciel sombre et j’entendais le chuintement de la pluie criblant le fleuve. On devait donc se trouver tout près de l’eau. Pour tout mobilier, deux lits de camp branlants se faisaient face, près de la porte. Radwinter était assis sur l’un des deux, la tête entre ses mains, enchaînées tout comme ses pieds.
    « Asseyez-vous », me dit le gros homme. Je m’effondrai plutôt que je ne m’assis sur un mince matelas crasseux qui puait le moisi. Il n’y avait aucune couverture. « Tendez les bras ! ordonna-t-il. Dépêchez-vous, j’ai pas que ça à faire ! » Il parlait toujours d’un ton calme, mais, quand je levai les yeux vers lui, le dur éclat de ses petits yeux me fit comprendre qu’il valait mieux obtempérer. J’étendis les bras. Avec

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