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Sang Royal

Sang Royal

Titel: Sang Royal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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m’installer dans le bachot, puis le batelier saisit les rames. Comme nous nous éloignions de la rive, Barak m’enveloppa dans la couverture. Une main plaquée contre ma mâchoire endolorie, je fixai le vaste fleuve. Nous croisâmes un grand chaland qui se dirigeait à vifs coups de rames vers le porche. Entouré de soldats, un chargement d’hommes et de dames de qualité débraillés y avaient pris place, leurs beaux habits ruisselants de pluie. Je fus stupéfait d’apercevoir Francis Dereham, qui avait perdu de sa superbe. Blanc comme un linge, il se recroquevillait contre le bord du bateau. Je reconnus également certaines des dames d’honneur de la reine et soudain, au milieu d’elles, je découvris lady Rochford qui me dévisageait, les yeux écarquillés de terreur. À la vue de mon visage ensanglanté, elle se mit à hurler et tenta de se lever de son siège. Quelqu’un la força à se rasseoir et le cri aigu s’estompa comme le chaland passait sous l’arcade. Je ne pouvais détacher mes yeux du bateau.
    « Pourquoi lady Rochford se trouve-t-elle là ? A-t-elle été arrêtée ?
    — À ce qu’il paraît. Peut-être l’affaire Culpeper a-t-elle été mise au jour.
    — Si ce n’est pas encore le cas, dis-je d’un ton lugubre, ça ne saurait tarder.
    — Cela signifie qu’on est tirés d’affaire ! s’écria Barak, plein d’espoir.
    — Oui. À présent, les agissements de Culpeper seront connus, de toute façon. Ce qu’on sait n’a plus d’importance.
    — Que va-t-il arriver à la reine ?
    — La hache, à mon avis. Pauvre petite idiote ! » Les larmes me montèrent à nouveau aux yeux, et je les essuyai avec ma manche. Je grimaçai lorsque j’effleurai ma mâchoire blessée.
    Barak posa sur moi un regard inquiet. « Vous sentez-vous assez bien pour vous présenter devant Cranmer ?
    — Je dois savoir ce qu’il veut. » Je pris une profonde inspiration. « Tu as donc réussi, tu es parvenu à le voir ? »
    Il hocha la tête, ce qui eut pour effet de laisser des gouttelettes s’échapper de ses cheveux trempés. « Je suis d’abord allé au Guildhall, où j’ai vu votre ami, messire Vervey. Vous aviez raison : le jour où vous avez été emmené, l’un des hommes de Rich est venu annoncer votre arrestation aux membres du conseil, leur indiquant qu’ils auraient intérêt à laisser tomber l’affaire et à vous laisser tomber, vous aussi. Terrorisés d’apprendre que leur avocat se trouvait à la Tour, ils ont été d’accord pour renoncer au procès contre Bealknap, chacun payant ses frais. Je suis désolé.
    — Ça ne m’intéresse plus. Tu avais raison, finalement, à ce sujet. J’ai payé pour mon entêtement.
    — Ensuite je suis retourné à Whitehall pour tenter d’obtenir l’autorisation d’aller voir Cranmer à Hampton Court. Mais c’est impossible, l’endroit est complètement coupé du monde. Mon contact à Whitehall m’a appris que la reine y est en résidence surveillée, même si pour le moment peu de gens le savent. Je ne pense pas que j’aurais pu réussir à y entrer sans l’aide d’un de vos vieux amis.
    — Qui donc ?
    — Messire Simon Craike, répondit-il en souriant.
    — Craike ?
    — Je traînais dans les couloirs, la mine revêche, sans aucun doute, lorsqu’il s’est approché de moi pour me demander ce qui n’allait pas. Je l’ai informé de votre arrestation et de ce que vous soupçonniez à propos de Rich. Il a été horrifié, a expliqué qu’il détestait Rich et qu’il vous devait une faveur. Alors il a écrit une lettre pour que je l’apporte au bureau du grand chambellan, à Hampton Court.
    — Mais le vice-gouverneur m’a dit qu’un employé de Craike avait affirmé m’avoir entendu suggérer à Dereham de coucher avec la reine…
    — Ça vous ressemble en effet beaucoup de suggérer une chose pareille ! s’esclaffa-t-il.
    — Par conséquent, Rich a inventé cela sans que Craike y soit pour rien…
    — Craike n’est pas un si mauvais bougre, même s’il aime se faire battre par des femmes. Il m’a chargé de vous dire à quel point il était désolé de tout ce qui est arrivé.
    — Finalement, c’est un brave type. Et tu as vu Cranmer ?
    — Son secrétaire. Hampton Court est en pleine effervescence, Seigneur Dieu ! Des soldats m’ont accompagné partout. Je lui ai raconté toute l’affaire. Il est entré voir l’archevêque, puis est revenu avec l’ordre officiel pour aller

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