Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Sang Royal

Sang Royal

Titel: Sang Royal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
Vom Netzwerk:
souillé d’anciennes taches de sang. « T’as fait chauffer le couteau effilé, Tom ? demanda-t-il en tournant la tête.
    — Oui, papa. Ça chauffe bien. » Par-dessus l’épaule du grand costaud, le jeune me décocha un sourire méchant.
    « Vous avez repris votre souffle ? me demanda le père.
    — Oui. Écoutez, s’il vous plaît, je…
    — Bon. Tom, amène-toi ! » Et, avant que je puisse réagir, il me souleva et me retint, tandis que le jeune gars m’arrachait le pourpoint neuf que m’avait apporté Tamasin, puis ma chemise blanche. Le père s’écarta d’un pas et m’examina. Il ne se moqua pas de ma malformation, n’y prenant qu’un intérêt froidement professionnel.
    « Très bien, fit-il. Les chaînes. » Et, cette fois-là encore, avant que j’aie le temps de réagir, ils saisirent les menottes qui liaient mes poignets, tirèrent vers le haut et fixèrent les chaînes à un crochet planté dans le plafond bas. Je me retrouvai suspendu par les bras, la pointe des pieds effleurant le sol. Les menottes m’écorchaient, et celle qui avait déjà blessé mon poignet droit me causait une douleur atroce. Je poussai un cri.
    Le grand costaud me fixait du regard ; je pouvais lire l’impatience sur ses lourds traits. « Bien, dit-il. On va pas tourner autour du pot. On veut tout de suite des réponses. Que savez-vous des relations entre Francis Dereham et la reine ?
    — Rien du tout ! » hurlai-je. Je me dis que je pourrais arrêter le processus si je citais le nom de Culpeper et racontais ce que je savais de ses relations avec la reine. Mais serait-ce une bonne idée ? Cela ne les encouragerait-il pas au contraire à continuer ?
    « Allez ! grogna-t-il. Vous pouvez faire mieux !
    — La torture est illégale en Angleterre ! m’écriai-je, ce qui fit ricaner mon bourreau.
    — T’entends ça, Tom ? Ce nigaud à la peau douce croit qu’on a déjà commencé à le torturer ! Oh non ! On vous a juste fait prendre la bonne position. Montre-lui, Tom ! »
    Le jeune gars s’approcha. Dans une main il tenait un couteau effilé dont la pointe était chauffée au rouge, et dans l’autre une minuscule tenaille dotée d’une vis pour la serrer. Il la leva vers moi pour me la montrer. « On va vous faire sauter quelques dents avec la tenaille, expliqua le père. On va pas les arracher avec les racines, on va les casser. Ça fait plus mal. Et ensuite on glissera le couteau sous vos ongles. »
    J’avais à présent les idées claires, affreusement claires. Je n’avais plus l’esprit vague comme tout à l’heure, même si, les bras tirés au-dessus de ma tête, j’avais du mal à respirer. « Une fois encore, reprit le bourreau, au comble de l’impatience, que savez-vous des rapports entre la reine et Francis Dereham ?
    — Rien ! Écoutez, je vous prie, je… »
    Je n’avais pas encore compris avec quelle prestesse ils réagissaient. Saisissant ma tête entre ses énormes mains, l’homme fit un signe de tête au jeune gars, qui m’ouvrit la bouche de force. Je perçus le goût de sueur de ses mains, puis sentis la présence du métal dans ma bouche. Il y eut un craquement sonore, suivi d’une atroce douleur qui courut le long de tous les nerfs de ma tête, et du sang s’écoula sur ma langue. La douleur ne cessa pas un seul instant, s’estompant à peine puis déferlant à nouveau. Le fils brandit la tenaille où luisait un éclat blanc.
    « Bien, reprit le bourreau. Dereham… Ou alors on passe au couteau sous les ongles. On va passer, tour à tour, des dents aux ongles…
    — Je… Je…, gargouillai-je, à moitié fou de douleur. Je ne… »
    Le père fit un signe de tête, et le fils leva le couteau vers mes mains attachées.

44.
    IL S’ARRÊTA, À UNE FRACTION DE POUCE. La chaleur me brûlait déjà le doigt. Un grincement strident me signala que la porte venait de s’ouvrir, et, alors que j’étais submergé par la douleur et la terreur, j’entendis des voix et reconnus un marmonnement rauque, le timbre de sir Jacob Rawling. La porte se referma. Gémissant et crachant du sang, je lançais des regards fous de toutes parts. Le gros gardien était entré et se tenait près du bourreau, un regard vaguement intéressé fixé sur moi. Le grand costaud fit un signe de tête à son fils, qui écarta le couteau incandescent. Je sentis qu’on me soulevait et, tandis que je me demandais si c’était le début de nouvelles horreurs, on se contenta de

Weitere Kostenlose Bücher