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Sang Royal

Sang Royal

Titel: Sang Royal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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décrocher les chaînes qui retenaient mes bras, avant de me reposer sur le sol. Je vacillai sur mes jambes. Le bourreau me regarda, un léger sourire aux lèvres.
    « C’est votre jour de chance. On doit s’arrêter, vous allez regagner votre cellule. »
    Je titubai, crachai du sang ainsi qu’un fragment de dent. Le jeune gars m’avait cassé une grosse molaire de la mâchoire inférieure. Le gardien tendit la main pour m’aider à reprendre mon équilibre. « Venez, fit-il. On va rentrer ! Voici votre chemise et votre pourpoint ! » Il m’aida à renfiler les vêtements déchirés, puis me fit sortir de la pièce, à moitié évanoui.
    « Qu’est-ce qui s’est passé ? » lui demandai-je comme il me raccompagnait. Ma voix était voilée, car ma bouche saignait toujours. Moi qui avais toujours été fier de ma dentition, que j’avais jusqu’alors gardée presque complète…
    « On doit vous emmener voir l’archevêque Cranmer à Hampton Court. Je ne sais pas où il va vous enfermer, vu qu’il n’a plus de geôlier, pas vrai ? Billy et moi, on a des ennuis à cause de cette histoire », ajouta-t-il d’un ton lugubre.
    Nous débouchâmes dans l’espace central, où, debout à côté du bureau, se tenaient Barak et le jeune Billy. Mon cœur fit un bond dans ma poitrine. L’attitude de Barak différait complètement de celle de la veille : il avait l’air énergique et sûr de lui. Jusqu’à ce qu’il m’aperçoive, en tout cas, car, quand je fus face à lui, il resta bouche bée de stupéfaction.
    « Seigneur Dieu ! s’écria-t-il. Que lui avez-vous fait, bande de salauds ?
    — Pas de ça, s’il vous plaît ! le semonça le gros gardien. C’est sir Jacob qui a donné l’ordre de l’emmener à la chambre de torture. Je vous conseille de le conduire hors d’ici avant que l’archevêque change d’avis.
    — On attend d’un moment à l’autre toute une cargaison de nouveaux prisonniers, lui annonça Billy.
    — Alors, tant mieux que la cellule soit libre ! »
    Barak me prit par le bras. « Combien de dents vous ont-ils arrachées, ces chiens ?
    — Une seule.
    — Partons d’ici ! Un long trajet en bateau nous attend. Il pleut, mais j’ai votre manteau et votre couverture. Et vos effets. » Il sortit mon poignard, ma bourse ainsi que le sceau de Cranmer, qu’on m’avait confisqués à mon arrivée. Il me les rendit puis s’adressa aux gardiens : « Pouvez-vous lui ôter ces fers ?
    — D’accord. » Le gros choisit l’une des clefs de son trousseau, se baissa et me libéra les pieds et le poignet gauche. Or, quand ce fut le tour de la menotte du poignet droit, celle qui était trop serrée, la clef refusa de tourner. « Foutue menotte ! Elle est bloquée.
    — Crachez sur la clef ! » suggéra Barak. Le gardien suivit le conseil, en pure perte.
    « M’est avis que vous allez devoir la garder au poignet, l’ami ! »
    Penché en avant, Barak examina la menotte. « Elle est rouillée. Je pourrai sans doute l’enlever à la maison avec certains outils. » Il se tourna vers le gardien. « Mais il ne peut pas paraître devant l’archevêque en traînant une chaîne de trois pieds de long. Pouvez-vous enlever le cadenas ? »
    L’anneau de la menotte était fixé à la chaîne par un robuste petit cadenas. Le gardien se dirigea en grognant vers un trousseau de petites clefs accroché au mur. Il ouvrit le cadenas et la chaîne tomba par terre. J’avais assisté à toute l’opération dans un état d’hébétude, léchant mes lèvres gercées et enflées, mais tout à coup je fondis en larmes, et mes sanglots résonnèrent dans cet atroce local. Barak me saisit le bras et me fit gentiment franchir la porte barrée, gravir l’escalier et traverser la grande salle. Peu m’importait désormais que les soldats me voient en si piteux état. Je ne posai aucune question – j’avais déjà assez de mal à marcher sans trébucher.
    Nous descendîmes les marches de la Tour blanche, puis je sentis de l’herbe sous mes pas et de la pluie sur ma tête. Quand nous nous arrêtâmes enfin, je levai les yeux. Nous avions regagné le porche d’eau devant lequel un bachot était ancré, tandis qu’un soldat et un batelier portant la livrée de Cranmer s’abritaient sous l’arcade. Plus loin, la forte pluie faisait bruisser et bouillonner l’eau de la Tamise.
    « Faites attention, il est blessé », dit Barak au batelier.
    On m’aida à

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