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Sang Royal

Sang Royal

Titel: Sang Royal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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monter à l’étage. Je verrouillai la porte d’entrée car Barak, qui possédait sa propre clef, pouvait entrer directement, puis me dirigeai vers la salle. Je fis une halte devant la porte, accablé par une lassitude qui semblait me vider de mes dernières onces d’énergie. Je pris une profonde inspiration et ouvris la porte.
    Assis à la table où trônait une soupière fumante, Giles était en train de déguster le bon potage de Joan. Dans la lumière de la bougie, son visage paraissait fatigué, strié de rides de plus en plus profondes à mesure qu’il s’émaciait. Il leva les yeux vers moi, l’air inquiet.
    « Matthew ! Vous semblez trempé jusqu’aux os. Vous allez attraper mal.
    — Il tombe à nouveau des cordes.
    — J’entends ça. En verrons-nous jamais la fin ? » Il désigna les carrés sombres de la fenêtre, contre laquelle tambourinait la pluie. « Je crois que Barak et la jeune Tamasin sont toujours dehors. »
    Je m’approchai de la cheminée, dos au feu. La chaleur me réchauffa les jambes.
    « Vous avez parlé aux gens de Lincoln’s Inn ? s’enquit-il. Vont-ils creuser le fossé ?
    — Oui. J’ai dû parlementer un brin, mais ils ont promis de le faire.
    — Vos vêtements fument, vous devriez vous changer. Vous avez l’air épuisé. Vous risquez d’attraper la fièvre.
    — Avant tout, il faut que je mange quelque chose.
    — Tenez, il y a du potage. »
    Je pris une assiette sur le dressoir, me servis dans la soupière, puis m’assis en face de lui, m’apercevant qu’en fait je n’avais pas faim. « Vous vous sentez mieux ? demandai-je.
    — Oui. » Il eut son sourire grave et triste. « Ça dépend des jours, comme c’était le cas pour mon père. Pour le moment, je me sens aussi bien qu’avant, à part… » Il tapota l’endroit où se trouvait la grosseur en faisant la grimace. Je hochai la tête. « Y a-t-il d’autres nouvelles à propos de la reine ? demanda-t-il.
    — Elle a été arrêtée. »
    Il secoua sa grosse tête d’un air chagrin. J’avais envie que Barak et Tamasin reviennent avant de commencer à parler. Au moins Barak. Toutefois, je ne parvins pas à me retenir. « J’ai pris sur moi de me rendre à Gray’s Inn, Giles. Je voulais trouver Martin Dakin. »
    La cuiller à mi-chemin entre son assiette et sa bouche, il répliqua : « Vous n’auriez pas dû, sans mon autorisation.
    — C’était pour vous aider.
    — Vous l’avez trouvé ?
    — J’ai découvert qu’il était mort, voilà près de deux ans. »
    Il reposa sa cuiller. « Mort ? » chuchota-t-il. Il s’appuya au dossier de son siège. Ses épaules tombèrent et ses traits s’affaissèrent. « Martin est mort ? »
    Alors je répondis d’une voix égale : « Je pense que vous le savez. Que vous le saviez avant mon arrivée à York. Je me rappelle que vous m’avez un jour déclaré qu’un bon avocat devait être un bon comédien. Je crois que vous jouez la comédie depuis le premier jour où nous nous sommes rencontrés. »
    Il fronça les sourcils, puis prit un air vexé. « Comment pouvez-vous supposer une telle chose, Matthew ? Comment…
    — Je vais vous le dire. Je me suis rendu au bâtiment où se trouvait jadis le cabinet de Dakin. On m’a alors informé qu’il était mort de maladie durant l’avant-dernier hiver. Sans femme ni enfant. On m’a suggéré d’aller voir l’intendant, qui s’est occupé de la succession. C’est ce que j’ai fait, et j’ai alors découvert qu’il vous avait légué tous ses biens. L’argent vous a été envoyé à York, et vous avez signé le reçu en mars 1540, il y dix-huit mois. Je l’ai vu.
    — Quelque imposteur…
    — Non. J’ai reconnu la signature. C’était bien la vôtre. Je l’ai vue assez souvent quand nous nous sommes occupés des placets. Allons, Giles, ajoutai-je avec impatience, voilà près de vingt ans que je suis avocat. Pensez-vous que je ne reconnaîtrais pas une signature contrefaite ? »
    Il planta sur moi un regard farouche que je ne lui avais jamais vu. « Matthew, dit-il, un tremblement dans la voix, vous êtes un bon ami, mais vous me blessez. Ce sont les effets de l’épreuve que vous avez subie à la Tour. Il s’agit d’un imposteur. Quelqu’un a trouvé la lettre de Gray’s Inn et s’est fait passer pour moi. Je me rappelle avoir été obligé de renvoyer un clerc pour cause de malhonnêteté. À deux cents milles de distance, il est facile de se

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