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Sang Royal

Sang Royal

Titel: Sang Royal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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d’Oldroyd était blême, ses yeux étaient clos. Le verre sur lequel il reposait était maculé de sang.
    J’avalai brusquement ma salive. « Il est là, m’écriai-je. Il est mort !
    — Donnez-moi de l’aide ! » entendis-je Craike lancer à quelqu’un, et, un instant plus tard, sa tête ronde apparut de l’autre côté du chariot. Il pâlit.
    « Dieu du ciel ! Il a dû tomber de l’échelle. » Il se tourna vers la foule qui commençait à s’attrouper et cria : « Écoutez ! Que quatre d’entre vous grimpent sur les épaules d’autres gars. Il faut qu’on descende le corps ! »
    Il y eut un nouveau bruit d’escalade, et quatre ouvriers costauds apparurent, l’air choqué de découvrir le spectacle au fond du chariot. Ils tendirent les bras à contrecœur, saisirent les mains et les pieds d’Oldroyd et firent glisser le corps le long de cette terrifiante pique de verre. Un flot de sang s’échappait de la blessure. Je faillis tomber à la renverse en voyant les yeux du verrier s’ouvrit tout grands. « Il est vivant ! » hurlai-je. Mon cri fit sursauter les ouvriers qui le lâchèrent d’un seul coup. Le corps s’affala, faisant tinter et crisser les fragments de vitrail.
    Oldroyd me fixa du regard. Il tenta de lever faiblement un bras et de remuer les lèvres pour parler. Je me penchai le plus possible en avant sans risquer de basculer. Il parvint à agripper ma robe de sa main ensanglantée couverte de cicatrices. Terrifié à l’idée de tomber la tête la première sur tous ces débris de verre, je me cramponnais désespérément au rebord du chariot.
    « Le ro… le roi, fit-il d’une voix tremblante.
    — Quoi, le roi ? De quoi s’agit-il ? » J’entendis ma propre voix chevroter ; mon cœur cognait comme un fou.
    — Aucun rejeton de Henri et… » Il hoqueta et cracha un filet de sang. « De Henri et Catherine Howard… ne pourra jamais être… un héritier légitime !
    — Quoi ? De quoi parlez-vous ?
    — Elle, elle le sait. » Il frissonna violemment. « Blaybourne, chuchota-t-il d’une voix fébrile, plongeant ses yeux bleus dans les miens, comme si c’était un moyen de s’accrocher à la vie. Blaybourne… » Le mot s’évanouit dans un râle. Il lâcha prise, sa tête retomba en arrière. Il était mort. En le soulevant on avait ouvert ses blessures, et le reste de son sang se répandait sur les tessons.
    Je me redressai. Mes bras tremblaient. Les ouvriers me regardaient, terrifiés.
    « Qu’a-t-il dit ? demanda Craike.
    — Rien ! rétorquai-je. Rien du tout. Sortez-le de là ! » J’appelai le sergent Leacon par-dessus mon épaule : « Aidez-moi à redescendre ! » Il s’exécuta. Appuyé contre le chariot, je tâchais de recouvrer mes esprits quand Barak accourut vers nous. « Où étais-tu passé, nom de Dieu ? lui lançai-je d’un ton agressif, sans raison.
    — Je vous cherchais, répliqua-t-il sur le même ton. Les rumeurs vont bon train. Qu’est-ce qui se passe, sangdieu ?
    — Le verrier est tombé de son échelle dans son chariot et son cheval a détalé comme un fou. »
    La haute silhouette de sir William Maleverer apparut, sa robe noire claquant contre ses longues jambes. La foule s’ouvrit prestement devant lui. Les sourcils froncés, il regarda le cadavre ensanglanté d’Oldroyd qu’on tirait par-dessus le rebord du chariot et qui s’affala sur le sol avec un bruit atroce.
    « Qu’est-il arrivé ? s’enquit Maleverer d’un ton brusque. Craike, et vous, confrère avocat, que s’est-il passé ?
    — Le verrier est tombé dans son chariot », répondit Craike.
    Maleverer regarda le cadavre d’un air dégoûté. « Quel crétin ! Comme si on n’avait pas assez de travail comme ça… Il va falloir que je dérange le coroner du roi ! » Il jeta un regard à l’entour sur la foule. « Qui l’a trouvé ?
    — Moi », fis-je en avançant vers lui.
    Il grogna, puis se tourna vers l’attroupement. « Retournez à la besogne, bande de pouilleux ! cria-t-il. Vous aussi, Craike. Et vous, soldat, dit-il à Leacon, transportez cette carcasse au manoir et assurez-vous que ce cheval enragé ait la tête tranchée ! »
    Maleverer fit preuve d’une telle autorité que la foule se dispersa sur-le-champ, tandis que des marmonnements fébriles flottaient dans le brouillard. Leacon et l’autre soldat soulevèrent le corps d’Oldroyd et s’éloignèrent, suivis d’un Maleverer au visage

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