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Sang Royal

Sang Royal

Titel: Sang Royal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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la silhouette de maître Oldroyd, déjà à la tâche, occupé à taillader le plomb autour d’un vitrail.
    Je pénétrai dans la cour principale. Le silence régnait là aussi. Les silhouettes fantomatiques des énormes pavillons se dressaient dans la brume. La porte donnant sur Bootham était fermée. Appuyé sur sa pique, l’air endormi, un garde bâillait. Les lumières clignotaient à la fenêtre de la maison abbatiale et quelques employés se tenaient déjà sur le seuil, toussant et battant la semelle.
    « Messire Shardlake ! » lança une voix de femme derrière moi. Je me retournai. La jeune Tamasin, vêtue d’un beau manteau à capuchon de demi-laine, se dirigeait vers moi. Je fis halte.
    « Mam’selle Reedbourne…
    — Bonjour, monsieur, dit-elle en me faisant la révérence. Je suis contente de vous rencontrer. Je voudrais vous présenter mes remerciements en bonne et due forme pour l’aide que vous m’avez apportée hier. Maître Barak est-il avec vous ? demanda-t-elle en scrutant le brouillard.
    — Il est encore au lit. Et vous, mam’selle Reedbourne, comment se fait-il que vous soyez si matinale ? » Je repensai à l’incident de la veille. Elle avait eu de la chance d’être attaquée juste au moment où nous passions par là à cheval…
    Elle me sourit. « J’ai rendez-vous avec Jennet Marlin, ma maîtresse, pour aller voir les cuisiniers. Lady Rochford n’est pas satisfaite de l’organisation de la cuisine particulière de la reine. Ma maîtresse a une lourde journée en perspective et souhaite commencer de bonne heure. » Je l’étudiai de près. Ainsi donc, elle travaillait pour Jennet Marlin, la femme à l’air renfrogné qui accompagnait lady Rochford la veille.
    « Je crains que Mlle Marlin ne soit encore couchée, elle aussi, dit la donzelle en serrant davantage son manteau. Mais je dois l’attendre ici. »
    Je hochai la tête. « Bon. Il me faut poursuivre mon chemin.
    — Peut-être reverrai-je maître Barak ? reprit-elle, pas du tout refroidie par mes manières distantes. Afin de le remercier.
    — Nous allons être très occupés. Je doute que nos chemins se croisent à nouveau.
    — Ce n’est pas pourtant impossible puisque nous logeons tous ici… »
    Elle fut soudain interrompue par un grand cri, en provenance de l’église, qui venait de percer le brouillard. Cri terrible d’animal, d’une force inhumaine, qui fit se hérisser les cheveux de ma nuque. Un dignitaire en robe rouge qui se dirigeait vers les travaux s’arrêta net, la mâchoire tombante.
    « Dieu du ciel ! qu’est-ce que… ? » souffla Tamasin.
    L’horrible cri se fit à nouveau entendre, plus près cette fois-ci, et une énorme silhouette aux contours imprécis apparut, chargeant à travers la brume. Elle heurta le dignitaire en robe rouge, qui s’effondra comme une quille, avant de continuer à charger, droit sur Tamasin et moi.

5.
    Il S’AGISSAIT EN FAIT D’UN ÉNORME CHEVAL, celui du maître verrier. Je le reconnus au moment même où, empoignant Tamasin, je faisais un bond en arrière. Juste à temps, car je perçus la vibration de l’air quand l’animal passa en trombe près de nous, ainsi que la puanteur de sa sueur. Je faillis tomber, mais Tamasin, dans un prompt réflexe plaça sa main sur mon dos et réussit à me retenir. Je déteste qu’on touche cette partie de mon corps, mais à ce moment-là je ne m’en rendis guère compte. Nous regardâmes l’énorme cheval. Il s’était précipité vers le mur du manoir et restait là, aux abois, pris de tremblements, roulant des yeux fous, l’écume à la bouche.
    Je me tournai vers la jeune fille. « Ça va ?
    — Oui, monsieur. Vous m’avez sauvée, répondit-elle en me regardant d’un air étrange.
    — Nous aurions été seulement renversés. Regardez, cet homme se relève », rétorquai-je en montrant le dignitaire que le cheval avait culbuté. Il se remettait sur pied avec difficulté, sa robe rouge maculée de boue. Attirés par le bruit, des gens sortaient en courant de la maison abbatiale, notamment deux gardes, l’épée au clair. Ils s’approchèrent du cheval, qui, dans un nouveau hennissement suraigu, se cabra puis lança des ruades. La menace de ses énormes sabots poilus prêts à défoncer le crâne des gardes les contraignit à reculer vivement. Perplexe, je fixai le cheval qui la veille était passé près de moi si calmement. Qu’est-ce qui avait bien pu le rendre à moitié

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