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Sang Royal

Sang Royal

Titel: Sang Royal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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sortants.
    « Allons le lui demander. »
    Nous nous dirigeâmes vers l’homme en faction, un jeune sergent vêtu de la livrée des hallebardiers de la garde royale occupé à vérifier les papiers d’un charretier. Ce grand jeune homme aux cheveux de lin et au beau visage franc semblait âgé d’une vingtaine d’années. Jetant un coup d’œil à l’intérieur de sa guérite, j’aperçus, sur une étagère placée sous la fenêtre, une bible ouverte, l’une de celles enrichies de notes destinées aux lecteurs peu instruits.
    « Tout est en ordre », déclara-t-il en rendant ses papiers au charretier lequel fit alors entrer son cheval dans l’enceinte.
    « Vous savez où se trouve le bureau de la Grande Salle ? s’enquit Barak. Nous venons d’arriver et nous avons faim.
    — Désolé, messieurs, mais je n’en ai pas la moindre idée. Il paraît qu’il a changé de lieu.
    — C’est ce que tout le monde dit.
    — Ses friands ne sont pas mauvais… » Le jeune militaire désignait un marchand de pâtés qui vantait sa marchandise au milieu des charpentiers. Son affaire semblait florissante.
    « Vous en avez envie ? me demanda Barak.
    — Ça vaudra mieux que de déambuler toute la soirée parmi cette foule. »
    Il se dirigea vers le marchand qui lui fit un petit salut respectueux, car il se trouvait en territoire royal désormais.
    « Merci, dis-je au sergent.
    — Il n’y a pas de quoi, monsieur. Tout est sens dessus dessous, ce soir.
    — D’où êtes-vous, sergent ? demandai-je, curieux de son accent du Sud.
    — Du Kent, monsieur.
    — Ah oui ! Il me semblait bien avoir reconnu l’intonation. J’ai traité un dossier dans cette région il y a quelques années.
    — La plupart des soldats recrutés pour le voyage viennent du Kent. Six cents archers en arrivent avec le roi vendredi. Il sait que nous sommes les meilleurs du pays et les plus loyaux. »
    Je fis un signe de tête en direction de sa bible. « Vous approfondissez vos connaissances ?
    — Notre chapelain affirme que tout le monde doit apprendre à bien lire, répondit-il en rougissant.
    — C’est la pure vérité. Eh bien, bonne soirée, sergent ! » Je rejoignis Barak. Nous mangeâmes nos pâtés tout en regardant les artisans. Quel extraordinaire spectacle ! Les ouvriers s’interpellaient, des centaines de lampes brillaient, tandis qu’au sommet du mur d’enceinte, armés de leurs piques et de leurs fusils, des gardes arpentaient le chemin de ronde. Je contemplai la masse silencieuse de l’église se découpant contre le ciel qui s’assombrissait.
    « Je me remettrais volontiers au lit, dit Barak.
    — Moi aussi. On n’a pas dormi la nuit dernière. »
    Nous retournâmes à notre résidence. Le bâtiment fourmillait désormais d’avocats et d’agents officiels, mais sur le chemin de nos cabines nous étions trop épuisés pour leur offrir plus qu’un salut de la tête. Je m’endormis à peine la tête posée sur l’oreiller.
     
    Je me réveillai très tôt, enfin repu de sommeil. L’aube pointait à peine et de toutes parts on entendait les ronflements et les grognements des dormeurs. Il était rare que je me réveille avant Barak. Je m’habillai en silence, passai la main sur mes joues rugueuses. Il fallait absolument que je me rase.
    Je sortis sans faire de bruit. Une pâle lumière blafarde éclairait l’atmosphère tranquille et brumeuse. Pour la première fois depuis notre arrivée, le silence régnait à Sainte-Marie : ni appels, ni crissements de scie, ni martèlements de pas pressés. Les animaux étaient calmes dans leur enclos, leur haleine formant de la buée. Je traversai la cour en direction de l’église, mes pas étouffés par l’herbe que la pluie de la nuit avait détrempée. Le toit disparaissait dans la brume. Deux ou trois ans auparavant, songeai-je, les moines auraient été à l’office en cet instant, leurs chants montant et descendant dans l’air.
    Je décidai de traverser l’église pour voir ce qui se passait dans la cour principale. Une faible clarté tombait des fenêtres, et toutes les chapelles latérales, où jadis brûlaient des cierges devant les statues des saints, étaient vides et sombres. Je me dirigeai vers les chevaux et glissai quelques mots à l’oreille de Genesis et de Sukey avant de poursuivre ma route. À mi-chemin, je fus surpris d’entendre un grattement et un tintement de verre incessants. Me retournant, j’aperçus au-dessus de moi

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