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Sang Royal

Sang Royal

Titel: Sang Royal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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côté, se pencha par la fenêtre, puis lança à grands cris des appels au secours qui retentirent dans toute la salle. Je fis une nouvelle grimace. Il lança deux « À l’aide ! » de plus, puis me cria : « On nous a vus. Des gens accourent. »
    Une heure plus tard nous nous trouvions au Manoir du roi, devant le bureau de Maleverer. Au moment où nous entrions dans le bâtiment, nous avions remarqué un attroupement amassé autour du cheval d’Oldroyd. La bête était allongée sur le sol, immobile. J’avais sursauté à la vue de la traînée de sang qui maculait la cour. Les ordres de Maleverer avaient été exécutés. À l’intérieur du manoir flottait une odeur de copeaux de bois. Du cabinet de travail du juriste, on entendait le bruit d’une scie, témoin des grands travaux de décoration qui précédaient l’accueil du roi. Je racontai à sir William notre mésaventure. Il m’écouta, avec cette expression dure qui paraissait figée sur sa face. Il triturait un encrier de sa grosse main poilue, comme s’il avait envie de l’écraser dans sa paume. Un homme grand et mince, vêtu d’une robe d’avocat en soie et portant le calot d’un huissier d’armes, se tenait à son côté. On me le présenta comme Archbold, le coroner du roi chargé d’enquêter sur toute mort survenue en domaine royal.
    Une fois mon récit terminé, Maleverer, silencieux, passa un doigt le long du bord rectiligne de sa barbe.
    « Donc, cet homme a dit du mal du roi et de la reine. Eh bien ! c’est assez fréquent dans la région. On aurait dû effectuer davantage de pendaisons au printemps dernier… Si vous connaissiez certains des renseignements fournis par nos informateurs !
    — Pourtant, monsieur, j’ai eu l’impression que le verrier voulait me faire une révélation d’importance. Et il doit bien y avoir un motif à son meurtre.
    — S’il s’agit d’un meurtre. Peut-être la personne qui se trouvait dans l’église ne faisait-elle que la traverser. Elle aura été effrayée par ce benêt qui s’est précipité dans le bâtiment l’épée au clair, ajouta-t-il en jetant à Barak un regard de mépris.
    — Je ne le crois pas, sir William, répliquai-je, surpris par sa réaction. Les traces de pas allaient de la porte près du chariot à la salle du chapitre. Je soupçonne cette personne d’avoir détenu les deux clefs et d’avoir eu depuis le début l’intention de se cacher ensuite dans l’église. Et cela appelle une autre question : Qui possède les clefs de l’église ?
    — Les moines ont dû en faire des copies avant leur départ, dans le but de revenir pour voler, grogna-t-il. » Il scruta mon visage. « Dites donc, êtes-vous l’un de ces avocats qui aiment fureter partout, à la recherche d’énigmes et de mystères à résoudre ? Vous avez bien la tête de fouine de ces matassins. » Son accent du Yorkshire s’intensifia au moment où il prononça ce terme dialectal que je ne connaissais pas mais qui n’était sans doute pas un compliment. Je restai coi.
    « Vous n’avez guère été brillant, n’est-ce pas ? puisque vous l’avez laissé s’échapper. Avez-vous vu à quoi il ressemblait ?
    — Nous avons juste aperçu le bas d’une robe de couleur sombre. »
    Maleverer se tourna vers le coroner. « Avez-vous jamais entendu le nom mentionné par le verrier ? Blaybourne ?
    — Non, messire. » Le coroner me fixa de ses yeux bleus perçants. « Peut-être s’agit-il de l’homme qui l’a poussé dans son chariot, s’il a été poussé. Quelque membre de sa corporation avec lequel il se serait disputé. »
    Maleverer opina du chef. « C’est plus que probable. » Il se pencha au-dessus de son bureau. « Confrère Shardlake, le roi et son escorte seront ici dans trois jours. Tous les agents officiels travaillent nuit et jour afin que tout soit prêt pour l’arrivée de Sa Majesté et que tout se déroule sans encombre. En particulier la soumission des échevins et des nobliaux du coin. Nous n’avons donc absolument pas le temps de faire toute une histoire à propos d’un imbécile d’ouvrier qui est tombé ou a été poussé dans son chariot plein de bouts de verre. C’est compris ?
    — Oui, monsieur. » J’étais déçu mais également soulagé. J’avais fait mon devoir et il relevait de la responsabilité de Maleverer de décider s’il fallait agir ou non. Or sa déclaration suivante me donna un coup au cœur.
    « Puisque vous êtes

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