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Sang Royal

Sang Royal

Titel: Sang Royal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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savent évaluer pour chaque prisonnier le degré de douleur qui le fera parler, tout en prenant soin de le garder conscient et en vie. Mais il est vrai qu’un homme faible supporte moins bien la douleur et parle plus vite… Vous voyez, ajouta-t-il en me souriant, mieux vous le traiterez, mieux il pourra supporter la douleur.
    — Peu me chaut ! rétorquai-je d’un ton sec. Il faut le nourrir correctement.
    — Et je mangerai de bon appétit, car j’ai faim. Même si je sais ce qui m’attend. » Broderick posa sur moi un regard à la fois douloureux et furieux. « Comme nous nous accrochons à la vie, n’est-ce pas, monsieur l’avocat ? Nous luttons pour survivre, même lorsque plus rien n’a de sens pour nous. » Il regarda vers la fenêtre. « Tant qu’il est resté suspendu là, chaque jour je suis venu voir le pauvre Robert, afin qu’il puisse apercevoir un visage ami. Chaque jour j’espérais le trouver mort, mais chaque jour je le voyais bouger et pousser de faibles gémissements. Oui, nous nous accrochons à la vie.
    — Seuls les innocents méritent une mort rapide, affirma Radwinter. D’accord, messire Shardlake, je vais demander qu’on fournisse des rations supplémentaires à sir Edward. Autre chose ? » Je regardai Broderick, qui fixait à nouveau le plafond. Il y eut quelques instants de silence, brisé seulement par le tambourinement de la pluie sur la fenêtre.
    — Pas pour le moment, répondis-je. Je reviendrai. Demain, sans doute. »
    Radwinter me reconduisit hors de la cellule et verrouilla la lourde porte. Si la position de ses épaules laissait deviner sa colère, je fus néanmoins surpris par la férocité de son regard quand il se retourna vers moi, le visage empourpré, un rictus aux lèvres. Le feu qui couvait sous la glace était décelable, à présent.
    « Vous sapez mon autorité devant ce sale vaurien de félon ! lança-t-il, la voix vibrant de rage. Si vous vouliez que ses rations soient augmentées, n’auriez-vous pas pu attendre qu’on soit sortis de sa cellule pour m’en faire part ? »
    Je le fixai calmement. « Je veux qu’il comprenne que je suis responsable de la manière dont il est traité.
    — Je vous le répète, vous ne savez pas à quel genre d’homme vous avez affaire. Vous risquez de regretter cette indulgence.
    — J’obéis aux ordres que j’ai reçus. » Je pris une profonde inspiration. « Je pense, monsieur, que votre jugement est altéré. Non par le zèle, comme me l’avait annoncé l’archevêque, mais par le plaisir que vous prenez à infliger des sévices. » Son regard me glaçait les sangs, mais la colère m’aiguillonnait. « Mais vous ne prendrez pas votre plaisir en agissant à l’encontre des ordres de l’archevêque. Il saura quelle sorte d’homme vous êtes. »
    À mon grand étonnement, il m’éclata de rire au nez, d’un rire moqueur qui retentit dans le couloir humide.
    « Croyez-vous que l’archevêque ne sait pas qui je suis ? Il me connaît parfaitement, monsieur, et il sait que l’Angleterre a besoin d’hommes comme moi pour la protéger des hérétiques ! » Il se rapprocha de moi. « Et nous servons tous un Dieu de colère et de justice. Ne l’oubliez pas ! »

8.
    BARAK ET MOI REPRÎMES LE CHEMIN DE LA CATHÉDRALE d’un pas pressé, car nous étions en retard pour notre rendez-vous avec messire Wrenne.
    « Peut-être devrais-je tout de suite apporter un message à Sainte-Marie pour Maleverer, au sujet de l’endroit que regardait le gamin, suggéra Barak.
    — Non, répondis-je, après un instant d’hésitation. J’ai besoin de toi pour préparer les placets et les résumés. Ils doivent être prêts pour demain matin. On se rendra dès que possible à Sainte-Marie, mais il est à craindre que ce malheureux gosse ait été mis à rude épreuve, et qu’ils aient tiré de lui tout ce qu’il sait. »
    À la porte de l’enceinte de la cathédrale je montrai mes documents et on nous laissa passer.
    Juste à ce moment-là, un faisceau de lumière traversa les nuages qui s’amoncelaient dans le ciel, illuminant les immenses vitraux aux couleurs éclatantes de l’énorme édifice.
    « Comment se fait-il que la cathédrale d’York ait eu le privilège de conserver ses vitraux, demanda Barak, alors qu’on a démonté tous ceux des monastères pour cause d’idolâtrie ?
    — Certains réformateurs aimeraient remplacer tous les vitraux par de simples vitres, mais le roi

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