Sang Royal
verrier en me lançant un regard amer. Peter Oldroyd n’a plus aucun souci à se faire là-dessus. Dieu ait son âme !
— Soit.
— Ici, les gens sont en colère, messire Wrenne. Ils ont perdu la moitié de leurs affaires. Puis Peter est mort au service du roi, et à présent on envoie des soldats pour mettre sa maison à sac et maltraiter ses serviteurs. » Il jeta un œil vers la mère Byland, qui, le visage mouillé de larmes, contemplait la scène d’un air hagard. « Et voilà que le jeune Green, un bon petit gars, a été emmené et bouclé à Sainte-Marie.
— C’est ce que j’ai entendu dire. Voilà pourquoi je suis venu ici m’enquérir de ce dont il retournait. Mais messire Shardlake n’a rien à voir là-dedans… Bon, maintenant, laissez-nous passer. Veuillez ramasser ce coffret, maître Barak. »
À mon grand soulagement, la foule se fendit devant nous. Wrenne se dirigea vers un gamin qui assistait à la scène, les yeux exorbités. Il tenait par la bride un âne surchargé de lourdes sacoches, lesquelles devaient contenir les placets.
« Allons-y, Adam ! » fit Wrenne. Le gosse donna un petit coup sur la croupe de l’âne pour le faire avancer. Comme nous nous éloignions, il posa sur mon confrère un regard interrogateur. « Tu as bien fait de rester calme, mon garçon, lui dit Wrenne, avant de se tourner vers nous. C’est mon petit marmiton, expliqua-t-il. Il me harcelait pour que je l’emmène voir les préparatifs au Manoir du roi. »
Je hochai la tête. Sentant sur mon dos une vingtaine d’yeux, je ne respirai librement qu’au moment où, l’église passée, le Guildhall apparut de l’autre côté de la place, au bout de Stonegate.
« Je vous remercie de tout mon cœur, monsieur, dis-je à Wrenne. Si vous n’étiez pas survenu, je n’ose penser à ce qui aurait pu nous arriver.
— En effet, renchérit Barak. Ils avaient commencé à nous lancer des pierres. J’ai compris ce qui risque de se passer quand une foule londonienne s’en prend à un étranger. »
Wrenne posa sur lui un regard grave. « Je crains que ce ne soit tout à fait ainsi qu’ils vous considèrent. Ce qui s’est passé hier a mis Stonegate en émoi. Toute la ville en parle. Voilà pourquoi ce matin j’ai fait un détour par là sur le chemin de Sainte-Marie. Afin d’apprécier la situation.
— Le responsable est Maleverer, fis-je. Et il est du Yorkshire.
— Il siège au Conseil du Nord, ce qui, du point de vue des Yorkais, signifie qu’il est une créature du roi… Il est trop brutal, ajouta-t-il en secouant la tête.
— Il faudra que je le voie plus tard, soupirai-je.
— À cause de ça ? demanda-t-il en désignant du menton le coffret que Barak serrait contre sa poitrine. Vous l’avez trouvé chez Oldroyd ?
— Oui. En effet.
— Qu’est-ce que c’est, si ce n’est pas indiscret ?
— Aucune idée. Nous l’apportons à sir William. »
Il plongea son regard dans le mien. « En réponse aux révélations qu’a faites le malheureux apprenti à Sainte-Marie ?
— Je n’en sais rien, monsieur. Et nous ignorons ce que renferme ce coffret car il est fermé à clef. »
Il jeta un nouveau coup d’œil sur l’objet, sans faire de commentaire. Nous poursuivîmes notre chemin vers Sainte-Marie. Wrenne marchait lentement, en dépit de son allure plutôt jeune pour son âge. Le jeune Leacon montait toujours la garde devant la porte. Lorsque je demandai au sergent si sir William était revenu, je notai le regard étrange que Wrenne posa sur lui.
« Pas encore, monsieur, répondit-il. On l’attend d’un moment à l’autre, un certain nombre de personnes souhaitent le voir mais sont obligées de faire le pied de grue. Messire Dereham, le nouveau secrétaire de la reine, est arrivé et il fait un raffut de tous les diables. »
Wrenne jeta un coup d’œil à une petite pendule placée sur la table de la guérite. Elle indiquait neuf heures moins vingt.
« Messire Fealty nous attend dans son bureau, nous rappela Wrenne.
— Barak et moi avons encore une demi-heure devant nous. Et nous devons d’abord mettre ce coffret en sécurité, jusqu’à l’arrivée de Maleverer. » Je réfléchis quelques instants, puis me tournai vers le sergent, qui fixait avec beaucoup d’intérêt le coffret que Barak tenait dans ses bras. « Savez-vous où je puis trouver messire Craike ?
— Il doit être dans son bureau au manoir.
— Merci. On va lui demander
Weitere Kostenlose Bücher