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Sang Royal

Sang Royal

Titel: Sang Royal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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où on peut déposer le coffret en sécurité, puis on ira se changer avant la répétition », dis-je à Barak et Wrenne.
    Celui-ci regarda le sergent par-dessus son épaule, lequel continuait à nous fixer attentivement.
    « Ce jeune gars ressemble à mon père, dit-il d’une voix empreinte de tristesse. Même taille, même carrure, même cheveux blonds bouclés que mon père avait conservés jusque dans son vieil âge. Ce jeune homme me le rappelle. » Lorsqu’il se retourna, il tomba en arrêt devant le spectacle qu’offrait la cour. Le jeune Adam resta lui aussi coi devant les pavillons et les trois énormes tentes. Des manœuvres continuaient à y transporter des meubles sous l’œil attentif de soldats en tunique rouge. Par l’ouverture d’une des tentes j’aperçus une gigantesque tapisserie aux couleurs éclatantes qu’on était en train d’accrocher.
    « Seigneur Dieu ! s’exclama Wrenne, je n’ai jamais rien vu de tel.
    — Nous ignorons toujours ce qui est prévu. Les hauts dignitaires le savent, mais n’ont pas le droit de le révéler. »
    Wrenne tourna ensuite son regard vers l’église du monastère. Il avisa les fenêtres dépourvues de vitraux et les traces de boue sur le seuil. Un porteballe y faisait entrer une file de baudets. « Je suppose que l’intérieur a été vidé, murmura-t-il.
    — Saccagé… On s’en sert comme écurie.
    — Quelle tristesse ! souffla-t-il. J’y suis souvent venu jadis. Bon, il est temps de gagner le manoir. Sir James Fealty doit s’y trouver, ainsi que votre messire Craike. Maître Barak, pourriez-vous porter les requêtes ? Elles pèsent assez lourd… »
    Barak décrocha les pesantes sacoches du dos de l’âne, qu’un garde nous permit d’attacher à un poteau. Nous laissâmes le gamin avec l’animal, bien qu’il eût à l’évidence souhaité nous accompagner. Puis nous montâmes l’escalier et pénétrâmes dans la grande salle centrale. Là aussi les charpentiers s’affairaient à mettre la dernière touche. La salle avait été tendue de tapisseries aux couleurs éclatantes, brodées des plus beaux fils d’or. Des figures extrêmement complexes et colorées avaient été peintes sur le plafond.
    Plusieurs délégués officiels discutaient ferme. Dans un coin, Lady Rochford parlait à voix basse à un jeune homme barbu paré d’un pourpoint à crevés en soie et aux couleurs criardes. C’était l’homme que nous avions vu sous le porche de l’auberge se moquer des autochtones, le jour de notre arrivée. Tous deux grimaçaient de colère. Jennet Marlin se tenait un peu à l’écart. Elle contempla d’un air étonné Barak, qui portait les lourdes sacoches en bandoulière sur ses deux épaules tout en serrant dans ses bras le coffret du maître verrier. Au moment où nos regards se rencontrèrent, elle esquissa un bref signe de tête. Le jeune homme et lady Rochford suivirent son regard. Celle-ci leva les yeux d’un air hautain.
    « Qu’est-ce qui leur prend ? marmonnai-je.
    — Votre manteau est tout blanc dans le dos », expliqua Barak. Je me démanchai le cou pour vérifier ses dires et découvris que le manteau était couvert de plâtre à l’endroit où je m’étais appuyé contre le mur d’Oldroyd. Le jeune homme aux vêtements criards poussa un rugissement de rire.
    « C’est votre manteau, messire Wrenne, dis-je d’un ton d’excuse.
    — Aucune importance. Ces traces partiront facilement. Venez, monsieur, il est l’heure d’y aller. »
    Nous reprîmes notre marche. Nous demandâmes à un garde où se trouvait le bureau de Craike et, suivant ses indications, nous gravîmes deux étages avant d’atteindre une série de pièces situées derrière la grande salle. Wrenne nous quitta pour gagner le bureau de sir James Fealty où nous promîmes de le rejoindre peu après. Je lui tendis son manteau en m’excusant derechef de le lui rendre dans cet état. Barak lui remit les sacoches.
    Une intense animation régnait au dernier étage. Des serviteurs vêtus de la livrée royale transportaient des malles et des caisses hors des diverses pièces. Au milieu d’un petit bureau au sol recouvert de nattes de jonc, Craike surveillait d’un œil inquiet des manœuvres chargés d’entasser dans un coffre des documents et des livres.
    « Prenez garde ! lançait-il, très agité. Ne mélangez pas ces documents !… Confrère Shardlake ! s’écria-t-il d’un ton surpris.
    — Bonjour, confrère Craike.

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