Sang Royal
revue les diverses étapes. Tôt le matin nous devions nous rendre à Fulford Cross avec la délégation d’York chargée de se prosterner devant le roi, de renouer allégeance et de lui offrir des présents de la part de la ville. Nous attendrions ensemble l’arrivée du cortège. Tout le monde s’agenouillerait à l’approche du roi, comme l’avait ordonné Henri. Il y aurait plusieurs cérémonies durant lesquelles Tankerd – le sénéchal – et moi demeurerions à genoux à la tête de la délégation d’York. Puis le roi et la reine s’approcheraient du groupe et Tankerd ferait son discours à genoux. Ensuite Wrenne et moi nous mettrions sur pied afin de présenter les placets.
« Vous remettrez les requêtes aux pages du roi afin qu’ils les lui présentent. Ayant ainsi officiellement accepté les placets, le roi les passera à un dignitaire. Ils vous seront rendus plus tard, afin que vous les traitiez.
— On fera la ronde comme autour du mât du Premier Mai », déclara Wrenne en souriant. Il ne paraissait pas du tout intimidé par sir James, qui le fixait d’un air choqué.
« Sa Majesté aura gracieusement consenti à y donner suite, répliqua-t-il d’un ton grinçant. C’est ce qui compte.
— Bien sûr, sir James, répondit Wrenne d’un ton douceureux.
— Encore une chose… Le roi peut décider de vous honorer de quelques mots, de faire quelques plaisanteries. Dans ce cas, vous pouvez le regarder en face et répondre, très brièvement, en le remerciant de vous avoir adressé la parole. Vous lui direz “Votre Majesté”, et non pas “Votre Grâce”, car il préfère désormais la première appellation. C’est bien compris ?
— Ce serait un grand honneur », murmura Wrenne.
Sir James émit un petit grognement. « Mais s’il ne vous dit rien, reprit-il en se penchant en avant d’un air menaçant, ne regardez pas le roi dans les yeux. Gardez la tête baissée. Ainsi, un grand nombre des gens du peuple qui sont mis en présence du roi ne voient jamais son visage. Toutefois, poussés par quelque vile curiosité, d’aucuns prennent le risque de lever les yeux. Si le roi s’en aperçoit, eh bien, il sait rabrouer vertement l’importun… Et s’il est de mauvaise humeur, parce que sa jambe meurtrie le fait souffrir ou pour toute autre raison, il sait imaginer les plus cruels châtiments pour ceux qui l’ont offensé », ajouta-t-il avec un sourire pincé.
Je revis par la pensée le squelette d’Aske pendu et enchaîné. « Nous ferons bien attention, vendredi, sir James, dis-je.
— Il ne s’agit pas d’un jeu… Le but est de montrer à ces barbares de papistes la puissance et la gloire de leur souverain. » Il fit un signe à Cowfold, qui replaça les requêtes dans les sacoches avant de me les remettre.
« C’est tout. Présentez-vous dans la grande salle du Manoir du roi vendredi à huit heures. Et vous, messire l’avocat, assurez-vous de vous faire raser avant. Des barbiers seront à votre disposition. » Il nous indiqua la sortie d’un brusque mouvement de sa plume.
Nous sortîmes du bureau et retrouvâmes Barak qui attendait dehors. Je fis la moue.
« Il ne se prend pas pour de la roupie de sansonnet ! s’écria Barak.
— Je suis ravi que cet entretien soit terminé, bien que je doive avouer qu’après ses explications il me tarde encore moins d’être vendredi ! soupirai-je. Allons voir si Maleverer est de retour… À vendredi matin, confrère Wrenne ! Puis-je vous confier la garde des placets ?
— Oui. Je vais les rapporter chez moi. »
Je lui serrai la main. « Encore merci pour ce que vous avez fait ce matin. Vous nous avez évité une belle correction, voire pis.
— Je suis ravi d’avoir pu vous aider. Eh bien, bonne chance avec sir William !
— Merci. À vendredi, par conséquent.
— À vendredi ! Le grand jour. » Il haussa les sourcils, avant de s’éloigner.
Maleverer n’était toujours pas de retour. Nous patientâmes un moment dans la grande salle du manoir où s’était réunies tout un petit groupe de personnes venues lui soumettre des affaires requérant son attention. Lady Rochford et Jennet Marlin n’avaient pas bougé de place, ainsi que le jeune homme barbu qui parlait à lady Rochford d’un air très sérieux.
« Est-ce qu’on va devoir demeurer là toute la journée ? demanda Barak.
— Ça m’ennuie de laisser le coffret tout ce temps là-haut.
— Eh bien, remontons le
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