Sang Royal
répondit Barak. Je commençais à m’inquiéter. » En effet, il avait l’air aussi angoissé que Craike.
« Te rappelles-tu ce qui s’est passé, cher ami ? demanda Craike.
— J’ai reçu un coup. Quand j’ai touché la serrure il y a eu un déclic et le coffret s’est ouvert. Il contenait des papiers. J’étais en tram de les lire… Barak ! Le coffret ? Où est-il ?
— Il est toujours là, répondit-il en désignant du menton la table sur laquelle l’objet était posé, couvercle relevé. Mais il est vide, ajouta-t-il, d’un ton chagrin.
— Des papiers, dis-je. Il était plein de papiers. »
Son visage se ferma. « Nous sommes dans une situation bien embarrassante, fit-il. Je suis revenu avec des pincettes environ une demi-heure après vous avoir quitté… Je vous ai trouvé gisant par terre dans le bureau de messire Craike, qui était penché au-dessus de vous, ajouta-t-il en plantant un œil suspicieux sur Craike, lequel le regardait en fronçant les sourcils.
— Le bureau de l’économe m’a réclamé la clef, répliqua le délégué grassouillet, qui toisait maintenant Barak. Vous pouvez vérifier auprès de ses services. Je t’ai cherché vainement, me dit-il. J’ai donc fini par revenir ici. Au moment où je débouchais dans le couloir, j’ai entendu quelqu’un descendre l’escalier de derrière. La porte du bureau était ouverte et tu gisais par terre. Puis ce jeune gars est arrivé. »
Je palpai ma tête avec précaution. C’était un vrai miracle que je sois toujours en vie. Comme Oldroyd, pensai-je, soudain terrorisé. Je fixai Craike. « Tu as dû interrompre la personne qui m’a agressé. Tu m’as peut-être sauvé la vie. As-tu perçu quelque chose du fuyard ?
— Rien, à part le bruit de ses pas. »
Je poussai un profond soupir. « Donc, les documents ont disparu », dis-je à Barak. S’il avait mené à bien son crochetage de serrure, cela ne serait pas arrivé. Je tentai de mettre de l’ordre dans mes pensées. « Si la personne qui m’a attaqué a entendu arriver messire Craike, elle a dû saisir les papiers et s’enfuir. Il aurait été plus difficile de cacher le coffret. » Je fixai le malheureux objet que je m’étais efforcé de protéger soigneusement. « Vidé de son contenu, il n’a aucune valeur. »
Barak passa devant Craike et se pencha pour remplir mon verre. « Oui, n’importe qui pourrait cacher les documents dans ses vêtements. » Il inclina légèrement la tête vers Craike, le regard toujours soupçonneux.
Je jetai à nouveau un coup d’œil au garde. « Pourquoi sommes-nous retenus ici ?
— Sir William est rentré juste après que je vous ai découvert, déclara Barak. Alors il a ordonné qu’on soit tous conduits ici. Il est parti faire son enquête… Il est fou furieux qu’on ait ouvert le coffret, ajouta-t-il en rougissant. J’espérais qu’il était vide. De quels papiers s’agissait-il ?
— Eh bien… Ça n’avait ni queue ni tête. »
Le garde intervint. « Je dois prévenir que vous avez repris conscience. » Il ouvrit la porte, parla à quelqu’un à l’extérieur, avant de revenir à son poste, la pique serrée dans la main. Quelques instants plus tard, des pas résonnèrent dans le corridor. Je me raidis en voyant la porte s’ouvrir à la volée pour laisser passer Maleverer.
Il portait toujours son costume de cavalier, maintenant maculé de boue, et ses lourdes bottes. Il me fixa d’un air glacial. « Vous avez donc repris conscience, déclara-t-il tout à trac. Pour l’amour de Dieu, pourriez-vous m’expliquer ce qui s’est passé ? De retour de voyage, je découvre que vous avez été attaqué au Manoir du roi deux jours avant l’arrivée de Sa Majesté. » Son accent du Yorkshire était plus prononcé, la colère faisait monter sa voix de plusieurs tons. Il se défit lestement de sa veste, révélant un justaucorps de velours noir par-dessus une chemise de soie. Une lourde chaîne, emblème de sa fonction officielle, luisait sur sa large poitrine. Les mains sur les hanches, il dardait sur moi un regard furieux.
Je m’efforçai de me dresser correctement sur mon séant. « Dans le coffret, sir William… nous l’avons trouvé chez Oldroyd… il y avait des documents… »
Les yeux écarquillés, il se pencha au-dessus de moi. « Quels documents ? Vite ! De quoi s’agissait-il ? Qui les a vus ?
— Seulement moi. Quand j’ai été attaqué on les a
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