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Satan à St Mary le bow

Satan à St Mary le bow

Titel: Satan à St Mary le bow Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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vantaux.
    Pourtant, après qu’il eut frappé à grands coups en exigeant qu’on lui ouvrît « au nom du roi », il entendit des pas et le bruit d’un loquet qu’on tirait. La porte s’ouvrit sur une dame svelte, de taille moyenne et aux cheveux auburn enserrés dans une guimpe. Elle portait une longue robe noire qui s’harmonisait avec son maintien austère de femme en deuil. Sa seule concession à la mode était une chaînette d’or fin soulignant sa taille et la dentelle blanche et neuve entourant ses poignets et son long cou mince. Le visage était sévère, et on lisait l’irascibilité sur ses lèvres et l’arrogance dans ses yeux gris. Corbett lui tendit son ordre de mission ; elle le lut lentement et tranquillement en remuant les lèvres, puis le lui rendit avant de le prier de la suivre dans la pièce principale dont elle ouvrit les volets pour laisser entrer la lumière et l’air. Il n’y avait que des piles de vêtements, et aucun meuble, à part des coffres en cuir. La jeune femme dévisagea Corbett avant de dire d’une voix douce :
    — Je suis Jean Duket. Qu’attendez-vous de moi ? Ses paroles avaient pris un ton légèrement suggestif que Corbett ne releva pas, se contentant d’expliquer les raisons qu’il avait eues de s’intéresser à la mort de Lawrence Duket. Malgré ses vêtements de deuil, elle ne paraissait pas autrement bouleversée par la disparition de son frère. Ce n’est que lorsque Corbett prononça le nom de Crepyn que le regard de Jean Duket se fit plus aigu et que le rouge lui monta aux joues.
    — Je n’aimais pas Crepyn, Messire, s’exclama-t-elle sèchement. C’était un...
    Elle chercha ses mots.
    — Un maître chanteur ? lui souffla Corbett.
    — Oui, Messire Corbett, un maître chanteur, un vaurien, un fornicateur, un débauché qui profitait des femmes.
    — L’histoire est donc vraie ? suggéra Corbett. Jean ne répondit pas, mais se détourna, confirmant d’un signe de tête vigoureux.
    — Est-ce la raison pour laquelle Lawrence l’a tué ? insista Corbett.
    Jean se retourna et éclata d’un rire presque hystérique.
    — Sachez, Messire, que mon frère et moi, bien que sortis des mêmes entrailles et partageant la même maison, ne nous aimions pas beaucoup.
    Elle sourit nerveusement.
    — Ce n’est pas pour me venger que mon frère a tué. Il y avait autre chose.
    Elle jeta un regard rapide à Corbett.
    — Moi, je ne sais rien, mais la catin, elle, doit être au courant.
    — Quelle catin, Madame ?
    — Alice-atte-Bowe ; c’est la propriétaire d’une taverne dans St Mark’s Lane fréquentée par des gens de son acabit ou de sa suite : Reginald de Lanfor, Robert Pinnot, Paul Stubberhead, Thomas Coroner... Elle s’interrompit, sans cesser de jouer avec la chaînette d’or autour de sa taille, puis elle reprit :
    — Elle était la maîtresse de Crepyn. Une ignoble débauchée !
    Ses mots étaient autant de crachats.
    — Crepyn m’a forcée à coucher avec lui, à me mettre nue et à prendre des poses, puis il lui a tout raconté ainsi qu’à d’autres.
    Jean se laissa tomber sur l’un des coffres, la tête dans les mains.
    Corbett l’observa, immobile.
    — Est-ce que Lawrence était aussi l’amant d’Alice ? demanda-t-il.
    Jean releva la tête et rit bruyamment.
    — Mon frère, Messire, n’aimait pas les femmes. Et quant à la vraie raison de sa querelle avec Crepyn, ajouta-t-elle en regardant Corbett droit dans les yeux, je ne la connais pas et je m’en moque ! Dans quelques jours je serai loin d’ici ; j’irai à Oxford où j’ai de la famille.
    Elle se leva et lissa les plis de sa robe :
    — C’est tout, Messire ; je vous souhaite le bonsoir. Elle ouvrit la porte et s’effaça pour le laisser sortir. Dehors, Corbett ressentit soudain la fatigue, la faim et le désir d’être dans son lit. Il acheta une tourte à un étal voisin et la mangea en chemin, bien décidé à ne pas se laisser tenter par les tavernes et leurs boissons fortes, au moins ce soir-là. Il avait commencé sa tâche comme devait le faire tout bon clerc, en amassant faits et renseignements, et il s’efforçait à présent d’y trouver une certaine logique. Pourtant certains détails le troublaient et l’intriguaient, et il savait que son esprit de clerc ne le laisserait pas en repos tant qu’il n’aurait pas tout mis en ordre.
    Il quitta Cheapside pour tourner dans Paternoster Row et arriver finalement à son

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