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Satan à St Mary le bow

Satan à St Mary le bow

Titel: Satan à St Mary le bow Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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avait oublié sa mission, car de vieilles blessures s’étaient rouvertes et la sanie en avait jailli. Il prit conscience de la saleté immonde de la rue et du caniveau rempli d’ordures, des taches de vin sur le mur, du chien errant reniflant le cadavre enflé d’un rat, et du mendiant en haillons, couvert de pustules, qui se recroquevillait dans son coin contre le froid et le monde d’ici-bas. Il savait qu’il n’aurait pas dû jouer de la flûte ; son monde clos de jadis avait été bien ordonnancé et agencé comme les archives dans le bureau de Couville. Dans ce monde-là, il ne voyait rien de bon, mais rien de laid non plus. Il sentit revenir les cauchemars et se rappela la vie désordonnée qu’il avait menée après la mort de son épouse, et les mois passés dans la douce pénombre d’un monastère du Sussex. Mais soudain, au moment où il allait quitter Paternoster Row, on lui toucha le coude. Il se retourna et reconnut un des serveurs de La Mitre. Le garçon lui mit la flûte dans les mains.
    — Ma maîtresse dit que vous devez la garder et revenir lui en jouer.
    Corbett inclina la tête et, serrant la flûte contre lui, s’en fut dans la nuit.

CHAPITRE VI
    Corbett s’était enquis auprès du coroner des noms des trois hommes de guet qui avaient monté la garde à St Mary-le-Bow. Le lendemain de sa rencontre avec Alice, il décida d’aller les interroger. Tous trois étaient des artisans tenant boutique dans les ruelles et les venelles près de Cheapside. Tous trois racontèrent la même histoire, et Corbett fut convaincu qu’ils disaient la vérité, tout au moins leur vérité : un messager d’un assistant du shérif leur avait transmis l’ordre de garder l’entrée de l’église à la fin de l’après-midi du jour où Lawrence Duket y chercha refuge ; ils s’étaient réunis juste avant les vêpres, avaient pénétré dans l’église et aperçu Duket profondément endormi dans la Sainte Cathèdre. Ils l’avaient vu ensuite qui bougeait et se réveillait, et étaient alors sortis pour monter la garde à l’extérieur.
    Après que les cloches des églises voisines eurent sonné les vêpres (celles de St Mary étaient restées silencieuses à cause de la présence de Duket), le recteur était venu fermer l’église à clef ; ils s’étaient alors assurés que la porte était bien verrouillée et avaient entendu Duket pousser le loquet intérieur. La porte ainsi close, ils avaient organisé leur veille selon un roulement : l’un d’entre eux dormirait pendant que les deux autres monteraient la garde. À l’abri des arbres, ils avaient allumé un brasero pour se réchauffer, et bien que tous trois reconnussent que se trouver dans un cimetière par une nuit épouvantable avait été aussi sinistre que mortellement froid, ils n’avaient rien vu d’anormal. Ils avaient patrouillé dans l’enclos de l’église, n’avaient vu personne approcher et n’arrivaient pas à concevoir comment un homme — eût-il échappé à leur vigilance — aurait pu pénétrer dans le bâtiment dont toutes les entrées possibles avaient été solidement verrouillées. Il en avait été ainsi jusqu’à l’aube. Le recteur était revenu alors et avait déverrouillé la porte, mais sans pouvoir l’ouvrir. Il avait demandé aux hommes du guet de l’aider à la forcer. Ils avaient tambouriné pour éveiller Duket, le pensant endormi, mais quand tout cela s’était avéré inutile, ils avaient forcé la porte avec un bout de bois jusqu’à ce qu’elle cède ainsi que les verrous intérieurs.
    Ils avaient trouvé l’église dans l’état où ils l’avaient laissée la veille : aucune marque par terre, aucun signe de désordre, à part dans le choeur où la Sainte Cathèdre avait été placée près du mur dans le coin droit. Là, au bout d’une corde fixée à une barre de fer près de la baie, se balançait le corps sans vie de Lawrence Duket dont la face était devenue noirâtre. Le recteur et les hommes du guet s’étaient immédiatement précipités, mais un seul coup d’oeil au visage du mort leur avait fait comprendre qu’ils arrivaient trop tard. Ils s’étaient mis en quête d’autres signes de désordre ou d’entrée forcée, mais n’avaient rien trouvé. Bellet leur avait dit de rester près du corps et de monter la garde, pendant qu’il envoyait chercher le coroner. Corbett connaissait la suite et fit répéter à chacun sa déclaration, insistant sur les détails

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